Aujourd’hui, la mode est à la récupération. Les street styles nous le prouvent avec une abondance de « sac chippé à ma mamounette », « gants prêtés par Tata Josiane », ou « bottines de mon arrière grand-mère ». Pour être hype, on pioche donc dans des gardes-robes multi-générationnelles. Mais cette tendance peut s’appliquer avec succès à la culture, et plus précisément aux bouquins ! Et si, pour changer, on fouillait dans les tiroirs des plus petits pour se cultiver ?
La littérature pour enfants est riche et regorge de pépites. D’ailleurs, il suffit de faire un tour en librairie pour s’apercevoir que le rayon jeunesse a quelque chose de beaucoup plus attractif que celui des sciences humaines, ou de la littérature estonienne (pourtant dieu sait que j’aime la littérature estonienne). Quelques pistes pour vous y retrouver, et épater vos amis lors des dîners mondains : « ah ouais, vous avez aimé le dernier Michel Houellebecq ? Mmm moi je suis plus sensible aux qualités littéraires des Trois Brigands.» Parce que les livres pour enfants, ce n’est pas seulement Oui-oui, Dora l’exploratrice et le Club des cinqs.
La première fois que je suis née, écrit par Vincent Cuvellier et illustré par Charles Dutertre.
Attention, chef-d’œuvre. Ne me parlez plus de Dostoïevski, fermez vos exemplaires d’Orgueil et Préjugés, et ruez-vous sur le champ sur ce sublimissime album.
La première fois que je suis née
, ou comment résumer la vie dans ce qu’elle a de plus poétique, simple, touchant et drôle, sans tomber dans le mièvre. Chaque page nous propose une première fois, en commençant par la naissance.
Des découvertes essentielles de la vie (apprendre à marcher, à faire du vélo, tomber amoureuse) à celle plus triviales, du quotidien (recracher son petit pot, glisser sur un rocher, boire du café), on regarde une petite fille grandir et apprendre du monde.
« La première fois que j’ai marché, je suis tombée. La première fois que je suis tombée, je me suis relevée. La première fois que je me suis relevée, j’ai marché. »
« La première fois que j’ai regardé dans un miroir, il m’a souri. »
« La première fois que j’ai mangé des petits pois, j’en ai avalé 127, j’en ai fait tomber 18. 11 par terre, 7 sur la table. J’en ai jeté 3 sur Quentin Pommier. La maîtresse m’a dit que j’en avais un. Un petit pois dans la tête. »
Ces quantités de premières fois sont illustrées magistralement par le très très doué Charles Dutertre, et son trait toujours juste et simple. J’ai beau lire de sacrés pavés, je crois que cet album est mon livre préféré, celui que j’emmènerais sur une île déserte, que je pourrais offrir à la Terre entière, quel que soit l’âge du destinataire, que je conseillerais les yeux fermés à n’importe qui de normalement constitué.
Parce qu’on ne peut pas ne pas être sensible à l’histoire, aux illustrations. Parce que je vous mets au défi de ne pas verser une petite larmichette à la fin, lorsque la magie opère.
« La première fois que tu es née, c’est la deuxième fois que je suis née. »
Ça nous pousserait presque à nous reproduire ces conneries ! Allez maintenant, ouste, on bouge son popotin dans une (bonne) librairie pour découvrir et partager cette merveille !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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Le passeur