Live now
Live now
Masquer
pref de police
Féminisme

La préfecture de police a enterré un rapport sur… l’accueil des victimes de violences dans les commissariats

Causette révèle que la préfecture de police refuse de rendre publique les conclusions d’un rapport sur l’accueil des victimes de violences sexuelles dans certains commissariats, malgré la demande de l’élue Raphaëlle Rémy-Leleu.

Des victimes qui ne sont pas prises au sérieux, des questions intrusives et humiliantes, des dépôts de plaintes refusées… les témoignages de personnes ayant été mal reçues par des policiers ou des policières sont devenus courants, notamment à travers le mouvement #DoublePeine sur les réseaux sociaux en 2021.

Une problèmatique qui n’est pas nouvelle. Pour mesurer les conditions d’accueil des victimes dans les commissariats, le centre Hubertine Auclert avait été chargé par la préfecture de police d’établir un rapport en 2018. Un état des lieux financé à hauteur de 18 000 euros par le fonds interministériel de prévention de la délinquance.

Pourquoi la préfecture de police cache-t-elle le rapport ?

Causette a révélé cette semaine que les conclusions de ce document « sur l’accueil des femmes victimes de violences conjugales et/ou sexuelles dans les commissariats de Paris et sa petite couronne » ne seront pas rendus publiques.

Pourtant le rapport est terminé depuis 2019. Alors qu’est-ce qui freine ? Pour quelle raison les résultats ne sont-ils pas connus ? La conseillère de Paris EELV Raphaëlle Rémy-Leleu, s’interrogeait sur ce surprenant mystère et a donc mis les pieds dans le plat.

En novembre 2021, lors du conseil de Paris, l’élue et militante féministe s’est adressée directement au préfet de police Didier Lallement :

La réponse du préfet de police ne s’est pas faite attendre. Si la délinquance baisse à Paris, les violences faites aux femmes font effectivement exception, a-t-il confirmé, et les chiffres concernant les violences sexuelles sont « spectaculaires ».

« La formation des policiers était sans doute insuffisante en la matière », a-t-il aussi reconnu. En 2021, 400 policiers et policières ayant des fonctions d’accueil ont déjà été formées, grâce notamment au centre Hubertine Auclert :

« Sur les plaintes elles-mêmes, l’observation est, je crois, largement partagée : pour une victime, de quelque nature que soit l’agression, en particulier les agressions sexuelles, se rendre à un guichet n’est pas quelque chose de très facile.

C’est pas d’ailleurs beaucoup plus facile pour la personne qui est au guichet, puisque c’est un service public dans lequel il y a de nombreuses personnes, pas toujours les conditions matérielles de l’isolement permettant le dépôt de plainte dans des conditions ad hoc. »

Le recueil des plaintes dans certains services d’urgence et dans les maisons des femmes a été renforcé, affirme le préfet de police, ajoutant ensuite que « ce qui est fait là peut être améliorer au coup par coup ». Puis s’adressant à Raphaëlle Rémy-Leleu, Didier Lallemant n’a pas hésité à faire preuve d’une certaine arrogance :

« Si vous avez connaissance de plusieurs choses, vous avez l’air d’en savoir plus que moi sur ce qu’il se passerait dans un certain nombre de lieux d’accueil, mais de grâce, allez en parler aux différents commissaires !

Je suis prêt à ce que mon cabinet fasse l’intermédiation pour que les choses se corrigent au cas par cas si les conditions d’accueil n’étaient pas satisfaisantes. »

« Un exercice de mansplaining de haute volée », selon Causette qui a voulu savoir pourquoi le rapport n’est toujours pas connu et s’en est enquis directement à la préfecture : « Il n’a jamais été question de rendre ce rapport public », a fait savoir l’institution, affirmant que le document est « destiné à un usage interne ».

« Cela n’a jamais été conditionné ainsi et c’est la première fois que cet argument est évoqué » a déploré Raphaëlle Rémy-Leleu.

raphaelle-remy-leleu-conseil-de-paris
L’élue écologiste Raphaëlle Rémy-Leleu lors du conseil de Paris le 17 novembre 2021 – Ville de Paris (capture Youtube)

D’autres élues entendent bien continuer à faire entendre leurs questions autour du rapport du centre Hubertine Auclert, comme l’élue écologiste à la Région Île-de-France, Annie Lahmer :

Selon l’enquête menée par Nous Toutes en mars 2021, 66% des répondantes font état d’une mauvaise prise en charge par les forces de l’ordre lorsqu’elles ont voulu porter plainte pour des faits de violences sexuelles.

Les témoignages rapportent une banalisation des faits, un refus de prendre la plainte, des moqueries et remarques sexistes ou encore une manifestation de solidarité avec la personne mise en cause.

À lire aussi : Les plaintes pour violence conjugale seront traitées en priorité selon Darmanin. Est-ce suffisant ?

Crédit photo : ndiggity from USA, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

1
Avatar de LuneBrune
12 janvier 2022 à 16h01
LuneBrune
Merci pour cet article édifiant !
0
Réagir sur le forum

Plus de contenus Féminisme

[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Woman at home suffering from menstrual pain. Menstrual cramps, woman warming the lower abdomen with a hot water bottle, endometriosis, and diseases causing pain.
Santé

Non les filles, ce n’est pas normal d’avoir mal quand on a ses règles !

© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

3
femme-no-vert
Amours

Les lassées de l’hétérosexualité témoignent : « Les relations avec les hommes se ressemblent toutes »

47
Source : Instagram @Emrata
Féminisme

Emily Ratajkowski victime de slut-shaming en pleine rue : un passant lui somme de « mettre une chemise »

serviette-hygienique-sang
Santé

Quand ton cycle menstruel fait aussi ses valises

timothy-meinberg-unsplash- plage
Féminisme

Même à la plage, le sexisme ne prend pas de vacances

2
Source : Brooke Lark / Unsplash
Travail

Faire face aux harceleurs de ma boite : mon histoire

14
Source : Sasha Freemind / Unsplash
Féminisme

« Je n’habite plus mon corps depuis que tu m’as forcée » : lettre à mon violeur

1
Source : Canva
Actualités mondiales

Aux États-Unis, la Cour suprême annule l’interdiction de la pilule abortive

La société s'écrit au féminin