C’est une histoire qui pourrait en inspirer plus d’une. Aux États-Unis, des sœurs jumelles, Madison et Christine Conradis ont réussi à faire condamner un cyberharceleur en série, en traquant son identité sur Internet grâce à des indices laissés sur les réseaux sociaux.
Durant une décennie, Madison et Christine Conradis ont été victimes de revenge porn de la part de Christopher Buonocore, qui publiait des photos intimes d’elles sur le réseau d’échange d’images 4chan, et les menaçait via des comptes anonymes.
Dix ans durant lesquels les deux sœurs ont sollicité la police, en vain, qui refusait de prendre en compte leur plainte. Finalement, grâce à leur persévérance, il a été condamné en décembre dernier à 15 ans de prison, comme l’a longuement relaté le Washington Post.
Les deux jumelles connaissaient leur harceleur
Christopher Buonocore connaissait bien les deux sœurs, puisqu’ils étaient camarades à l’université. Il a même été invité au mariage de l’une d’elles. Alors que, sous plusieurs fausses identités sur Internet, l’homme était à l’origine d’une campagne de harcèlement qui a duré de nombreuses années, publiant et republiant des milliers de fois des images intimes de ces jumelles, mais également d’autres femmes.
Mais s’il a été condamné, c’est uniquement grâce à la persévérance des deux sœurs.
En septembre 2018, après déjà plusieurs années de cyberharcèlement, les sœurs ont intenté une action civile contre « John Doe » (l’équivalent d’une plainte contre X aux États-Unis, les sœurs ne connaissant pas encore l’identité du harceleur à ce moment-là) pour atteinte à la vie privée et détresse émotionnelle intentionnelle. Elles avaient alors pour objectif d’assigner 4chan et obtenir les adresses IP du fameux John Doe. Mais leur plainte a été refusée par la police.
Une identité retrouvée grâce à une traque sur les réseaux sociaux
C’est alors que les sœurs ont traqué leur harceleur avec l’aide de détails qui peuvent paraitre insignifiants : elles ont observé la ponctuation et l’orthographe sur les publications de plusieurs utilisateurs de 4chan, afin d’y déceler des similitudes entre plusieurs comptes, et surtout, voir si leur harceleur faisait également subir le même sort à d’autres femmes.
Madison et Christine Conradis ont alors réalisé qu’une personne, qui avait le même nom d’utilisateur que leur harceleur, semblait être à l’origine du revenge porn de quatre autres femmes. Puis, en faisant des recherches sur ces dernières sur Facebook, elles ont alors constaté qu’elles ont toutes un ami en commun : Christopher Buonocore.
Les sœurs ont ensuite recherché qui étaient les quatre autres victimes. L’une était l’ex-petite amie de Buonocore, une autre était une membre de sa famille, la troisième était son amie d’enfance et la quatrième était son ex-fiancée. Pour certaines, il publait sur le réseau 4chan des photos d’elles datant de l’époque où elles étaient mineures.
Une police peu coopérative
Mais même face à cette accumulation de preuves, la plainte des jumelles est une nouvelle fois refusée par les forces de l’ordre. Avec l’aide d’un ami avocat, Christine Conradis écrit un document de 59 pages expliquant l’ensemble de l’affaire, et réunissant les preuves récoltées, réussissant à contourner les restrictions légales pour lesquelles les services de police refusaient leur plainte.
Les autres victimes de Christopher Buonocore s’étant jointes à cette requête, l’affaire a finalement été transmise au FBI. C’est à l’issue d’une longue procédure judiciaire que Christopher Buonocore a été condamné par un tribunal fédéral à 15 ans de prison, et à payer une amende à toutes ses victimes.
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Les Commentaires
@Kristeva c'est vraiment effrayant ce niveau de mauvaise foi de la part des institutions. Et du coup, si je tape un harceleur pour mon plaisir personnel, ça passe? Non, parce que cela me ferait très plaisir, hein, sans malveillance aucune
Concernant la justice, oui c'est le risque. Si je me souviens pas trop mal de mes quelques cours, c'est le principe du contrat social : on renonce à notre vengeance privé au profit de la justice pour un meilleur fonctionnement de la société.
Et je me dis que si la justice s'en fous à ce point là, c'est compréhensible de se dire je récupère mes billes, et mon droit à la vengeance.
J'ai entendu des histoires de féministes qui 'expliquaient' que c'est mal de violer/battre sa femme c'est mal avec des arguments percutants dans les années 70/80. Mais je ne sais pas à quel point c'est vrai.