Netflix est force de proposition.
Avec plusieurs milliers de contenus originaux créés et mis en ligne par an, le géant américain s’est imposé comme leader du marché du SVoD.
Netflix et les films de genre
Si Netflix me permet notamment d’élargir le champ de mes connaissances en matière de tueurs en série et de bouffe via mille documentaires et émissions, il y a une catégorie qui n’arrive que rarement à me surprendre : celle des films d’horreur .
Et pour cause, en fan absolue du genre, j’ai déjà vu toutes les fictions existantes !
En 2018 toutefois, j’avais été bluffée par The Haunting of Hill House, brillante série horrifique acclamée par Stephen King lui-même.
Tellement bluffée que je l’ai regardée deux fois, et l’ai conseillée à chaque personne qui croisait ma route.
Depuis, malheureusement, aucun programme n’était parvenu à titiller mon cœur manifestement cynique et las.
Mais ça, c’était avant. Avant le 23 mars 2020, jour où j’ai cliqué sur la vignette Netflix de La Plateforme…
La Plateforme, de quoi ça parle ?
Réalisée par Galder Gaztelu-Urrutia, cette dystopie espagnole présentée au dernier festival de Toronto est un quasi-huis-clos.
La presque totalité des scènes se déroulent dans « une fosse » composée de plusieurs dizaines d’étages, sorte de tour/prison avec un trou en son centre, par lequel passe chaque jour une dalle pleine de nourriture, qui part de l’étage le plus haut et descend jusqu’au plus bas.
Il n’existe qu’une dalle, et celle-ci n’est approvisionnée qu’en haut de la tour.
Ce qui signifie que les habitants des étages du haut auront à manger à leur guise, et que les derniers n’auront… rien. Rien du tout.
Les étages intermédiaires, quant à eux, devront se nourrir des restes des étages supérieurs. C’est donc la règle du « premier servi » qui s’applique ici.
Tu suis ?
Un jour, un jeune homme nommé Goreng se réveille au 48ème étage de cette tour.
Son voisin lui apprend que chaque mois, ils se feront transférer d’étage. Il sera donc possible que la prochaine fois, ils se retrouvent tout en bas, et ne puissent pas se nourrir…
La Plateforme et son système
Je ne vais pas te mentir, La Plateforme est un film hard-core. Dedans, ça saigne, ça se charcute, ça se chie dessus, et ça mange avec sauvagerie.
Car dans ce système mis en place par « L’administration » les habitudes des humains sont mises à rude épreuve.
Impossible en effet, dans la fosse, de ne pas voir son comportement être altéré par le manque de nourriture, puis son trop-plein, puis son absence totale.
Les « prisonniers », qui pourraient décider de se serrer les coudes et de se rationner pour permettre aux étages inférieurs de survivre, ont davantage tendance à l’égoïsme et se comportent comme des animaux quand arrive l’heure de la pitance.
Cette expérience, censée démontrée que la seule clé à la survie est l’entraide, est mise à mal par les plus bas instincts des hommes.
Armé de Don Quichotte
pour seul compagnon de lecture (et de survie), Goreng, unique représentant de l’altruisme, affronte les épreuves avec une sagesse — toutefois souvent remise en question par la brutalité de la fosse — qui fait défaut à beaucoup.
Mais il va vite se rendre compte que « L’enfer, c’est les autres ».
La Plateforme, miroir abominable de nos sociétés
Un film n’est jamais juste un film.
Il a toujours un propos, un message plus ou moins explicite et un objectif.
Alors difficile de ne pas voir en La Plateforme une satire acérée et violente de nos sociétés capitalistes et individualistes, où les privilégiés s’empiffrent à côté de ceux qui n’ont rien.
Bien sûr, comme dans La Plateforme, le monde est peuplé d’exceptions, et il existe de nombreuses personnes prêtes à se sacrifier pour le bien commun, pour que chacun ait au final au moins un petit bout de pain.
Mais d’après Galder Gaztelu-Urrutia, l’égoïsme est un caractère tenace chez l’être humain, qui supporte difficilement la suppression de ses petits et grands conforts.
À une heure où les habitudes des villes sont bouleversées par le coronavirus, où les gens se ruent sur les denrées non-périssables sans penser à leurs voisins, où beaucoup continuent à sortir en mettant en péril la vie d’autres individus, La Plateforme se fait plus que jamais miroir de notre époque actuelle.
Décidément, Netflix a le sens du timing !
Est-ce le bon moment pour regarder La Plateforme ?
Avant de cliquer sur La Plateforme, je ne me doutais pas qu’il ferait à ce point la écho à ce que nous vivons en France depuis une bonne semaine.
J’ai donc maté le début avec une certaine innocence… très vite guillotinée par les premiers rebondissements de l’intrigue.
En cette période très anxiogène de pandémie mondiale et de confinement, je pense qu’il y a deux manières de consommer et surtout de réagir aux contenus comme La Plateforme.
Soit ceux-ci augmentent ton inquiétude et ne font que te rendre parano, auquel cas je te les déconseille.
Soit ces dystopies sont abordées de manière cathartique, auquel cas tu peux les mater pour te rassurer sur la situation bien moins dramatique que traverse la France par rapport aux personnages du film.
En gros, soit tu flippes davantage, soit tu relativises.
Personnellement, j’ai opté pour la seconde option ; j’ai donc passé un moment tout en réflexion (et en hauts-le-cœur) devant La Plateforme, d’ores et déjà disponible sur Netflix !
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