C’est dans un entretien à 20 Minutes que le ministre de la Santé François Braun a fait cette annonce : la pilule du lendemain sera accessible « de manière gratuite et sans ordonnance, à tout âge ».
Une mesure qui sera intégrée au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour l’année 2023.
À l’heure actuelle, seules les mineures peuvent avoir accès à cette méthode de contraception d’urgence de façon gratuite et sans ordonnance en pharmacie, centre de santé sexuelle, mais aussi auprès de l’infirmerie scolaire en collèges et lycées, ainsi qu’en service de médecine préventive à l’université. Pour les 18-25 ans, la pilule du lendemain est remboursée avec ordonnance.
« Il nous fallait lutter contre leurs difficultés d’accès à la contraception d’urgence, car on sait que son efficacité est maximale dans les 24 heures qui suivent le rapport à risque de grossesse », a insisté le ministre de la Santé auprès de 20 Minutes.
Une mesure que le ministre propose et défend au regard des menaces qui pèsent sur les droits sexuels et reproductifs à travers le monde. Il a par ailleurs rappelé qu’il soutient l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.
Une annonce à prendre avec des pincettes
Auprès de France Info, Caroline Rebhi, co-présidente du Planning familial, a salué « une bonne nouvelle pour l’avancée des droits », mais fait preuve de prudence vis-à-vis de cette annonce et des interrogations qu’elle soulève : quid de l’anonymat quand on vient demander une contraception d’urgence ?
« Il faudra voir s’il y a besoin ou pas de passer quand même une carte vitale pour les femmes plus âgées », ajoute-t-elle, avant d’insister sur d’autres freins déjà courants : le jugement dans certaines pharmacies, les réflexions ou questions indiscrètes, ainsi que les idées reçues autour de la prise de la pilule du lendemain.
Faciliter l’accès au dépistage des IST
Le ministre entend aussi agir pour un meilleur dépistage des infections sexuellement transmissibles :
« Le dépistage des IST sera gratuit et sans ordonnance jusqu’à 26 ans, pour les jeunes, qui font partie de la population la plus touchée par ces infections. Actuellement, ce dépistage est libre uniquement pour le VIH. »
François Braun insiste sur l’augmentation des cas d’IST notamment chez les jeunes. Entre 2017 et 2019, Santé Publique France a relevé une augmentation de 29% des diagnostics d’infection à chlamydia, selon Le Monde début 2022 :
« Cette progression est plus marquée chez les femmes de 15 ans à 24 ans (+ 41 %) et chez les hommes de 15 ans à 29 ans (+ 45 %). Le nombre de diagnostics de gonococcie a augmenté de 21 % sur la même période. »
Des maladies souvent asymptomatiques, dont beaucoup de personnes ignorent les conséquences sur la santé. Avec la pandémie et les différents confinements, le nombre de dépistages a en outre baissé de façon significative. Il s’agit donc d’améliorer l’information et la prévention autour des IST et de leur transmission.
Cette année, une enquête Ifop menée à l’occasion du Sidaction montrait un certain nombre d’idées reçues persistantes chez les 15-24 ans sur les moyens de se protéger et de protéger ses partenaires : près d’un jeune sur cinq croit à tort que la pilule du lendemain empêche la transmission du VIH.
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Les Commentaires
De même il peut y avoir des gros écarts dans la façon dont on est reçu.e.s : j'ai eu des pharmacien.ne.s adorables et bienveillant.e.s et d'autres qui me regardaient avec dédain, voire qui me faisaient la morale... Ô joie.
Aussi la première fois qu'un mec a proposé de payer la pilule du lendemain (ou d'en payer une partie), je l'ai regardé comme ça uppyeyes: Et puis j'ai réalisé ensuite que ça devrait tellement être la base !
Bref, cette mesure n'empêchera pas les pharmacien.ne.s de mal nous regarder mais j'accueille malgré tout la nouvelle à bras ouverts