http://www.youtube.com/watch?v=AcCRCygOdp8
Robert Ledgard, chirurgien esthétique de renommée, voit sa femme se suicider après un grave accident de voiture (dont les flammes l’avaient défigurée) et perd, peu de temps après et dans les mêmes conditions, sa fille, victime d’un viol. Il se consacre à la création d’une nouvelle peau capable de résister à toutes les agressions et qui, sans doute, aurait pu sauver sa femme. Médecin dénué de scrupules, il saura très vite se trouver un cobaye humain pour pouvoir la tester…
Exercice difficile s’il en est de résumer un film de Pedro Almodóvar. Généralement tissés de divers fils, parcourus de personnages divers et variés capables de créer une multitude de dynamiques et de points de (re)départ, ses films sont le plus souvent très fournis et dirigés par des thèmes récurrents (les sexes, les relations de la mère et de l’enfant, le spectacle, etc.).
Le cinéaste en profite aussi souvent pour réembaucher ses acteurs fétiches et, cette fois-ci, crée ses retrouvailles avec Antonio Banderas 20 ans après Attache-moi (Atamé), un film complètement foufou que je vous invite à regarder fissa.
La Piel que habito ne déroge pas beaucoup à la règle mais il n’est pas certain qu’il plaise aux aficionados d’Almodóvar. Ici l’humour pointe difficilement le bout de son nez. C’est certainement l’un des films les plus noirs, sinon le plus noir du cinéaste (avec La Mauvaise Education). On pourra peut-être regretter une palette de couleurs beaucoup moins étendue que dans ses précédents films et des personnages tout en intérieur mais ce sont des détails qui servent réellement le film.
Pour moi, La Piel que habito est le film le plus abouti et le plus maitrisé de Pedro Almodóvar. C’est une leçon de mise en scène poussée jusqu’au bout. Le moindre plan sert à une tension continuelle au sein du film. On a des frissons, on rit jaune (ou on ne rit pas d’ailleurs !) et on a le cœur qui bat vite. Trop en révéler sur l’histoire gâcherait de beaucoup votre plaisir mais je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : foncez !
Pour une fois, et c’est plutôt étonnant, le sexe tient ici une place moindre. Il est surtout question de corps et d’art. Des corps objets (Vicente, Vera), des corps froids (Antonio Banderas est tout simplement glaçant), des corps prisons… L’obsession (sexuelle ?) toute contenue du Docteur Ledgard pour sa captive est aussi insoutenable que la situation de cette dernière.
Il n’existe pour elle qu’un seul moyen de s’en sortir : se réfugier dans sa tête. La sauvegarde (ou devrais-je dire le salut) de son esprit se matérialise sur les murs de sa chambre, dans ses poupées, dans ses poses de yoga, etc. Et nous de rester impuissant devant ces deux êtres en peine, profondément malades mais aux volontés différentes.
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Les Commentaires
C'est exactement ce dont j'ai débattu avec ma mère sur le retour. (J'ai été le voir hier matin ^^)