Des milliers de personnes se sont réunies samedi 18 mars pour soutenir la maternité centre bretonne de Carhaix, menacée par manque de personnel. Alors que l’académie nationale de médecine recommande le transfert des petites structures au sein de gros établissements hospitaliers de niveau 2 et 3, les voix s’élèvent contre la fermeture de ces maternités de proximité.
Ils étaient plus de cinq mille ce samedi 18 mars à s’être déplacés pour soutenir la maternité de la ville de Carhaix. Cette petite maternité de niveau 1, située dans le centre Bretagne, est menacée de fermeture, car ses effectifs ne sont plus suffisamment nombreux pour assurer l’accueil des patientes.
Faute de moyens, la maternité de Carhaix pourrait bientôt fermer ses portes
À l’instar de nombreux services hospitaliers hexagonaux, l’établissement comblait jusque-là son manque de soignants en embauchant des intérimaires et notamment des anesthésistes. Leur rémunération était directement fixée par l’hôpital employeur, sans limitation. L’entrée en vigueur de la loi Rist le 3 avril prochain plafonnera désormais le montant des gardes à 1170 euros. Cette loi, votée pour éviter les abus, dissuadera surtout les médecins d’exercer dans le secteur public, alors que le privé propose des rémunérations bien plus attractives.
Initialement prévue pour le 3 avril, la fermeture de la maternité de Carhaix sera finalement repoussée d’au moins deux mois. Vendredi 17 mars, les syndicats et la direction générale du CHRU Brest-Carhaix se sont réunis pour trouver des solutions et assurer les accouchements jusqu’à fin mai.
Ensuite, personne ne sait ce qu’il adviendra du service. Dans un article Ouest France, Caroline Trommeur, secrétaire du syndicat CGT de Carhaix, regrette une solution à court terme :
On veut que notre fonctionnement soit inscrit dans le marbre. Qu’on n’ait pas, tous les six mois, des revirements de situation.
Caroline Trommeur pour Ouest France
De son côté, la direction de l’hôpital prévoit de proposer des contrats à long terme aux intérimaires pour les inciter à exercer de façon pérenne au sein de l’établissement.
Une centaine de petites maternités menacées de fermeture en France
La France compte aujourd’hui 471 maternités et on estime que 111 d’entre elles sont actuellement menacées. Ces petites maternités de niveau 1 accueillent moins de mille naissances par an et sont situées dans des régions qui peinent à recruter des soignants, d’autant plus avec les conditions de travail actuelles.
Sans personnel suffisant, les établissements ne peuvent plus assurer la santé des patientes. Un constat partagé par l’académie nationale de médecine qui recommandait début mars de regrouper les compétences et les moyens au sein d’établissements de niveau 2 ou 3, et de fermer les salles de naissance de ces petites maternités.
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Même si aucune mesure directe n’a été prise pour répondre à ces recommandations, la pénurie de personnel et le manque de moyens menacent les plus petits établissements et favorisent les regroupements et les transferts.
En 20 ans, 40 % des maternités ont fermé sur le territoire. Le nombre de femmes obligées de parcourir plus de 45 minutes pour accoucher a également doublé, passant de 290 000 à 716 000. Sans compter le manque de confort et le stress engendré par un accouchement loin de chez soi, les grandes structures ne sont pas exemptes de dysfonctionnements. Là-bas, comme ailleurs, les services de maternité payent les conséquences de la crise hospitalière, entre manque de moyens et pénurie de personnel.
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