Live now
Live now
Masquer
femme avec un bébé dans les bras
Poussez Madmoizelle

« La péridurale était un soulagement immense » : Emilie raconte son accouchement

Ah, l’accouchement. Ce moment si spécial, flippant et transformateur. Parfois rêve, parfois cauchemar, souvent un peu des deux… Chaque semaine, dans Poussez Madmoizelle, une personne raconte son accouchement.
  • Prénom : Emilie
  • Âge au moment de l’accouchement : 32 ans
  • Bébé attendu le : 11 janvier
  • Bébé arrivé le : 6 janvier
  • Stats : 2,360 kilos pour 46 centimètres

Comment je suis tombée enceinte

Mon conjoint et moi, on s’était toujours dit qu’on aurait un enfant sans en parler plus que ça. Puis, en 2020, après un plan de voyage annulé par le Covid, on a parlé bébé. J’ai arrêté la pilule à la fin du mois de janvier, et le 11 avril, je tombais enceinte. Ça a été beaucoup plus rapide que ce que nous pensions : nous avions à peine le temps de prendre conscience de ce qu’on essayait de faire que d’un coup, ça devenait très concret !

J’ai commencé à ressentir des tiraillements dans le bas ventre, puis j’ai trouvé que mes seins avaient grossi. Mon partenaire, très cartésien, me disait de ne pas m’emballer, qu’on ne savait jamais. J’ai acheté un test de grossesse, et nous avons attendu le lendemain matin, entre excitation et stress.

Pour une fois, je me suis levée d’un bond (ou presque) quand le réveil a sonné. Direction les toilettes, je fais pipi sur le test et j’attends. Et là, je me rends compte que j’ai fait une erreur : entre l’heure matinale et le stress, j’avais oublié de retirer le capuchon avant de faire pipi sur le test. Au moins, on s’en souviendra !

Forcément, je n’avais plus envie d’uriner. J’ai attendu environ 20 mn, et j’ai refait le test, correctement cette fois-ci. Il s’est révélé positif. On a été un peu abasourdis : ça y est, c’était concret.

Neuf mois de gestation apaisée

J’ai vécu une grossesse idéale — j’ai eu très peu de nausées, et j’avais la chance d’être en télétravail pendant la majeure partie de mon premier trimestre. Je suis aussi immunisée contre la toxoplasmose, donc j’économisais une prise de sang par mois. Même lors des derniers jours, je n’ai jamais eu l’impression de me traîner. Et j’ai toujours très bien réussi à dormir ! Ces neuf mois ont été très zen.

Je redoutais l’accouchement, mais j’évitais d’y penser. De toute façon, il faudrait bien faire sortir ce bébé ! En plaisantant, je disais souvent que je voulais bien signer tout de suite pour une césarienne. Je crois que j’avais surtout peur de la douleur, des déchirures, ou que mon corps soit complètement déformé à la suite de l’accouchement. Quant à l’idée de potentiellement faire caca devant des gens, n’en parlons pas !

Un accouchement qui arrive sans prévenir

J’ai été suivie par une sage-femme bienveillante et toujours à l’écoute. Je n’avais pas de projet de naissance particulier, et nous n’allions à la maternité que pour faire des échographies. Le gynécologue qui nous suivait a toujours été très bien, mais on ressentait un vrai besoin d’accompagnement humain, et nous sentions qu’avec lui, le médical primait la plupart du temps.

J’ai aussi pris des cours d’accouchement pour m’aider, et le dernier a eu lieu une semaine avant mon terme. Je n’avais aucun signe avant coureur, et j’étais persuadée que j’avais encore une semaine devant moi. Mais deux heures après ce rendez-vous, j’ai eu quelques saignements.

Je n’étais pas inquiète du tout, mais nous sommes quand même allés à la maternité vers 22h30, un peu les mains dans les poches et persuadés de faire un aller-retour. J’ai été placée sous monitoring, et la sage-femme de garde ne savait pas trop d’où venaient les saignements — probablement mon col qui s’ouvrait.

J’ai cessé de saigner, mais nous avons dû attendre qu’un médecin passe nous voir. Vers une heure du matin, une gynécologue est passée et quand nous lui avons demandé pourquoi je saignais, elle a répondu, un peu brusquement :

« Bah, vous êtes en train d’accoucher ! »

Mon conjoint est moi sommes restés très perplexes. Nous n’y avions même pas songé, puisque je n’avais aucune contraction !

L’hésitation du déclenchement

J’ai été gardée toute la nuit, sans que je ne saigne à nouveau ou que des contractions arrivent. J’ai quitté la maternité le matin, autour de dix heures mais à peine arrivée sur le parking, j’ai eu l’impression de saigner à nouveau.

Cette impression s’est confirmée dès l’arrivée chez nous. J’ai pris une douche, mangé un petit déjeuner, et nous sommes repartis pour la maternité.

On est arrivé vers 11 heures, et de nouveau on m’a mis sous monitoring. Cette fois-ci on m’a dit qu’on allait me garder et probablement déclencher l’accouchement dans la journée car ils ne pouvaient pas me laisser saigner comme ça indéfiniment. Bizarrement, ça ne m’a pas stressée plus ça. 

Vers 13 heures, on nous a placés dans la chambre qui serait la nôtre pendant tout notre séjour. On a refait des monitorings pendant l’après-midi, et on nous a rapidement dit que le déclenchement ne se ferait que le lendemain car il y avait trop de monde pour la journée.

En fin d’après-midi, je me suis mise sur un ballon qui était dans la chambre pour passer un coup de fil, puis pour manger. Ensuite, nous avons décidé de nous coucher très tôt (mon conjoint pouvait rester dormir avec moi), car nous avions fait une nuit quasi blanche la veille, et aucune sieste dans la journée.

« Les contractions ont tout de suite été douloureuses »

Vers 21h30, j’ai commencé à avoir quelques contractions, qui ont été tout de suite douloureuses. Je voulais attendre et essayer de dormir, mais environ vingt minutes après, j’ai perdu les eaux.

Mon conjoint a appelé une sage-femme, le temps que je prenne une douche. Elle m’a dit que je pouvais rester aussi longtemps sous l’eau chaude que je le voulais si j’y étais bien. Cinq à dix minutes après avoir perdu les eaux, j’ai perdu le bouchon muqueux, toujours sous la douche. Les contractions ont commencé à se rapprocher et à vraiment faire mal (je compare ça à des crampes au mollet, j’en ai de temps en temps et je trouve que c’est vraiment une douleur similaire), et on m’a emmenée en salle d’accouchement.

On m’a proposé un fauteuil roulant, mais j’avais encore assez d’énergie pour y aller en marchant. Non sans pester un peu, et me dire que les femmes qui ont plusieurs enfants sont un peu masochistes, car elles connaissent cette douleur et y retournent quand même !

J’ai vomi sur la sage-femme

Je suis restée environ deux heures en salle de travail, monitorée, donc allongée avec des sortes d’électrodes sur le ventre, avec la machine qui donnait le rythme cardiaque de notre enfant. Les contractions étaient régulières et vraiment douloureuses, je devais respirer très doucement pour tenter de les maîtriser.

Dès que je me laissais déborder et que je perdais mon souffle, c’était encore pire. J’ai commencé à avoir envie de vomir, j’ai demandé à mon conjoint d’aller prévenir une sage-femme. Celle-ci m’a indiqué que ça pouvait arriver, et m’a donné un haricot en carton de la taille d’un petit cahier pour vomir si besoin. Autant dire qu’allongée, avec un truc minuscule pour vomir, ça ne l’a pas fait. J’ai vomi à l’horizontale (bonjour les haricots verts du dîner), partiellement dans le haricot mais en partie sur la sage-femme… Les risques du métier !

Vers minuit ou minuit et demi, elle m’a dit que j’étais à 4 centimètres de dilatation. Je n’ai pas pu retenir un « putain ! ». La sage-femme m’a dit que c’était déjà super, et que beaucoup de femmes aimeraient y arriver aussi vite. Je savais que je devais arriver à 10 centimètres, et ça me paraissait tellement loin ! Je pensais avoir encore de longues heures devant moi.

Quand la sage-femme m’a demandé si je souhaitais une péridurale, j’ai dit oui, avec un soulagement immense. Je ne pensais pas y être éligible si tôt.

Je suis passée en salle de naissance, et on a demandé à mon conjoint de sortir le temps de poser la péridurale. C’était un moment que je redoutais un peu avant d’y être, mais finalement, je l’ai accueilli avec plaisir ! La piqûre n’a pas fait mal, c’est surtout une sensation très particulière quand on sent le produit se répandre le long des cuisses. Ça fait un peu comme une onde électrique, ce n’est pas super agréable, mais comparé aux contractions, ce n’est rien !

Sans titre (4)
Pexels 22 86921 / Pixabay

« On me parle de césarienne, ça ne me fait ni chaud ni froid »

Ensuite, on m’a remise sous monitoring. La sage-femme a fait une petite moue devant les données, et est allée voir la gynécologue pour un deuxième avis. On m’a dit assez rapidement que ce serait peut-être une césarienne car le bébé se fatiguait. Ça ne m’a fait ni chaud ni froid. Je n’ai jamais été contre la césarienne, et de toute façon j’étais lancée dans le processus, il fallait y aller, d’une manière ou d’une autre.

On m’a posé une sonde urinaire, et ça, ce n’est vraiment pas agréable. La péridurale avait bien diminué l’intensité des contractions (et je ne me privais pas d’appuyer sur le  bouton qui délivrait de l’anesthésiant), mais avec la sonde j’avais l’impression que les contractions se concentraient sur mon urètre, et c’était douloureux.

Quand j’ai été proche de la dilatation complète, la gynéco a voulu voir où le bébé était placé. Comme ma fille était haute dans le col, elle m’a manipulée sans délicatesse. Je lui ai dit que j’avais mal, mais j’ai eu l’impression d’être complètement ignorée.

C’est le seul moment où j’ai trouvé les manipulations très intrusives, et où j’ai eu l’impression d’être un objet plus qu’une personne. Ça n’a duré que dix secondes au plus, et je comprends que parfois, pour aller chercher le bébé, il faut aller loin et que ça peut faire mal. Mais si elle m’avait dit « Je suis désolée, je sais que ce n’est pas agréable mais je dois le faire et ça va aller vite » je ne l’aurais pas pris de la même manière. Quand on dit qu’on a mal et que personne ne répond, c’est très dur.

Une fois la dilatation de mon col de l’utérus complète, on m’a dit qu’on allait tenter de pousser et que, si ça ne marchait pas, ce serait une césarienne. J’ai regardé l’heure, il était 2h30 du matin. Je me suis dit « Dans tous les cas, à 3 heures c’est fini ».

J’ai poussé deux fois, comme j’ai pu, mais le bébé ne descendait pas assez vite.

La décision rapide d’une césarienne

La décision a été prise en ce qui m’a semblé un quart de seconde : césarienne, code rouge. Je ne savais pas ce que cela voulait dire, mon conjoint non plus, mais le terme code rouge, ce n’est pas très engageant.

En moins de 30 secondes, plusieurs personnes sont arrivées pour me passer sur un brancard et me changer de salle, de la salle de naissance au bloc opératoire. J’ai vécu ça plutôt bien, j’ai même fait un signe du pouce à mon conjoint pour lui dire que ça allait. De son côté, il s’est retrouvé tout seul, dans une salle vide, en moins de 30 secondes aussi.

J’ai donc traversé le couloir pour arriver au bloc. Il me semble qu’on a coupé ma blouse. Je me suis retrouvée sur la table d’opération, nue, les bras en croix (avec les perfusions) et on a tendu un grand drap bleu devant moi. Une personne de l’équipe est restée à côté de moi toute l’opération.

L’anésthésie (générale) est passée par la péridurale. On m’a demandé si je sentais quand on me touchait le ventre, je ne sentais plus rien, mis à part cette satanée sonde urinaire ! On m’a dit que je risquais de voir des licornes à cause de l’anésthésie, mais j’ai juste eu le temps de voir un bout de jambe par dessus le drap bleu, un cri et ensuite c’était très flou. Il était 2h44, ma fille était née.

« C’était un code rouge, mais tous les voyants sont au vert »

On m’a amené ma fille pour que je lui fasse un bisou, et ils l’ont emmenée. Ils l’ont rapportée ensuite en donnant son prénom, et j’ai compris qu’ils l’avaient amenée à mon conjoint. J’ai pu lui refaire un bisou et ils sont repartis.

Je suis arrivée en salle de réveil vers 3h30, j’émergeais doucement. Mon conjoint m’attendait, avec notre fille dans les bras en peau à peau. Un tout petit gabarit de 2.360 kilos pour 46 cm. Il m’a dit qu’en lui apportant, on lui a dit : « C’était un code rouge, mais tous les voyants sont au vert. »

Code rouge, cela signifie que l’équipe a dix à quinze minutes pour sortir le bébé, car il y a un risque pour la mère, le bébé ou les deux. Ici c’était ma fille qui était en souffrance, mais une fois née, tout allait bien.

Que de surprises ! Je ne m’attendais absolument pas à une césarienne, encore moins d’urgence, sans mon conjoint et sous anesthésie générale. Ça, c’était la partie pas super. Mais j’ai aussi eu une bonne surprise : l’accouchement a duré environ 5 heures du début des contractions à la fin.

Après l’accouchement, un équilibre à trouver

Quand j’ai vu ma fille, j’ai eu une sensation étrange. Je crois que mon mec et moi, on a réagi de la même manière. On a trouvé notre fille belle (pour ça, la césarienne ça aide !), mais on n’a pas eu cette bouffée d’amour inconditionnel immédiat comme on peut l’imaginer. Ça se fait dans le temps, progressivement.

La césarienne a réduit ma mobilité pendant tout mon séjour à la maternité, et de retour à la maison j’étais encore un peu limitée dans mes mouvements. Mon conjoint a géré toutes les nuits à la maternité pour me laisser me reposer et comme il a surcompensé, il s’est vite fatigué. Quand on est rentrés à la maison, la pression est redescendue d’un coup et son moral s’est retrouvé au plus bas : oui, ça arrive aussi aux papas. L’arrivée d’un bébé ce n’est pas anodin, ça remet tout en cause et il faut retrouver un équilibre à trois !

À lire aussi : « Je n’ai jamais eu mal » : Camille raconte son double accouchement

Crédit photo : Blankita_ua / Pixabay


Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !

Les Commentaires

8
Avatar de Chat_Mallow
14 mai 2022 à 19h05
Chat_Mallow
Merci pour ton retour et les précautions que tu as prises !
Non non je suis tombée sur une très bonne équipe, mais impossible de savoir pourquoi ils me l'ont proposée parce qu'effectivement c'est assez rare, je n'ai pas eu le reflexe de demander, et ce n'est pas écrit dans mon CR d'opération. Du coup ça me "tracasse" un peu, mais globalement ça s'est bien passé (et surtout ça s'est bien terminé).
Merci à toi
0
Voir les 8 commentaires

Plus de contenus Poussez Madmoizelle

Source : Pexels / Letticia Massari
Poussez Madmoizelle

« Je me suis demandé pourquoi elles hurlaient dans les films, ça n’est pas si douloureux que ça » : Nathalie nous raconte son accouchement

8
Source : Unsplash / Mother of Wilde
Poussez Madmoizelle

« On m’a fait comprendre que si j’arrêtais l’allaitement, je serais une mauvaise mère » : Delphine nous raconte son accouchement

19
Source : Pexels / Rafael Henrique
Poussez Madmoizelle

« Mon corps accouchait tout seul, c’est comme si j’étais spectatrice » : Lléna nous raconte son accouchement

2
Source : Unsplash / freesstocks
Poussez Madmoizelle

« Quand ils ont saisi mon bébé avec les pinces, j’ai eu l’impression d’être écartelée » : Ambre raconte son accouchement

1
Source : Unsplash / Kelly Sikkema
Poussez Madmoizelle

« Mon fils de 4 ans a vu sa sœur naître » : Anaïs nous raconte son accouchement à la maison sans assistance

157
Source :  Unsplash / Aditya Romansa
Poussez Madmoizelle

« Au moment du passage de la tête, j’ai vraiment ressenti le cercle de feu » : Elisa nous raconte son accouchement

3
Source : Pexels / Jonathan Borba
Poussez Madmoizelle

« Je me suis sentie très proche d’un scénario catastrophe » : Rachel nous raconte ses accouchements

5
Source : Unsplash / j g
Poussez Madmoizelle

« Je suis prête à réaccoucher mille fois dans ces conditions-là » : Aude nous raconte son accouchement

Source : Pexels / Craig Adderley
Poussez Madmoizelle

« Je suis à 4 pattes sur le lit, la tête sort mais reste coincée, le corps ne suit pas » : Violette nous raconte son accouchement

3
Poussez Madmoizelle  // Source : Unsplash
Poussez Madmoizelle

« J’avais l’impression que mon bassin allait exploser » : Manon raconte son accouchement

Pour les meufs qui gèrent