« Mai et Sun. Bienvenue sur terre, notre amour. Nous vous aimons tant. Notre rêve est devenu réalité avec vous. Papa Marco et Papa Simon », a publié sur Instagram Simon Porte sur le compte Instagram de sa marque Jacquemus, le 22 avril 2024, pour officialiser la naissance de leurs jumelles, avec son mari Marco Maestri.
Aussitôt, Marion Maréchal Le Pen a publié un tweet lapidaire, « Où est la maman ? », qui a suffi à relancer des débats houleux autour de la Gestation Pour Autrui (GPA), avec beaucoup de relents homophobes.
Alors que l’ignorance règne encore autour de cette méthode de procréation qui n’est pas légale en France, Timothée*, avocat au Barreau de Paris de 32 ans, en plein processus de GPA éthique en Colombie avec son mari, a accepté de témoigner auprès de Madmoizelle.
Madmoizelle. C’est quoi une GPA éthique et quelles sont les différences avec une GPA non éthique ?
Timothée. En résumé, une GPA éthique, c’est un processus de gestation pour autrui où toutes les personnes qui participent donnent leur consentement éclairé, sans qu’il soit vicié par des éléments extérieurs.
La femme donneuse d’ovocytes le fait de façon volontaire. Même chose pour la femme porteuse. Elles ne font pas ça parce qu’elles seraient dans la misère, ou sous pression financière.
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Dans les États qui l’autorisent, elles sont soit rémunérées, soit défrayées, mais dans tous les cas, ça reste un immense don qui va au-delà des questions financières. C’est un acte qui n’a pas de prix.
En Colombie, la femme donneuse d’ovocytes ne sait pas à qui elle les donne, et le fait de manière gratuite : c’est un don anonyme, même si l’on dispose de quelques informations essentielles pour savoir à quoi elle ressemble, notamment. Quant aux femmes porteuses, elles ont forcément déjà eu des enfants, sont en couple stable, et ont un emploi stable. Ces 3 éléments forment un faisceau d’indices suffisants qui permet de penser que la question financière n’est pas la motivation principale de ces femmes pour participer comme gestatrice à une GPA.
Quand on cherche à faire une GPA, en tant que futur parent, on se renseigne forcément sur les pays à éviter. Car on veut donner naissance à un enfant dans les meilleures conditions possibles évidemment. Là où la GPA ne serait pas éthique, c’est bien souvent dans des pays qui ne respectent pas les droits humains. C’était par exemple le cas en Ukraine où des couples hétéros y avaient recours (ce n’était même pas possible pour des couples homos) alors que les femmes porteuses étaient de très jeunes femmes dans la misère qui n’avaient jamais eu d’enfants : leur consentement n’était pas éclairé.
C’est quoi le contraire d’une GPA éthique ? La GPA instrumentale
C’est ce qu’on appelle une GPA instrumentale, pour mieux désigner l’exploitation, l’instrumentalisation des femmes qui en sont victimes. C’est ce qu’explique à France Inter l’experte Irène Théry. Elle est directrice d’études à l’EHESS, sociologue du droit, de la famille, du genre et de la parentalité. L’autrice notamment de Filiation, origine, parentalité, et de Mariage et filiation pour tous. Une métamorphose inachevée, définit la GPA instrumentale comme un trafic de ventres :
« On utilise une femme véritablement comme une sorte d’incubateur vivant. Donc la gestation pour autrui, que nous les chercheurs nous appelons instrumentale, elle existe et il ne faut pas la nier. Elle existe dans des pays très pauvres où effectivement, c’est la misère pure et simple qui amène des femmes à accepter de servir d’incubateur vivant, mot utilisé pour souligner la réification. Ces femmes, elles n’ont pas choisi pour qui elles portent, elles ne sauront pas pour qui elles portent. Elles sont quelques fois enfermées dans des maisons où les agences les contraignent à rester pour les surveiller pendant la grossesse. »
Pourquoi avez-vous fait le choix d’une GPA éthique plutôt que l’adoption ou la coparentalité avec une tierce personne ?
L’adoption en France par un couple homosexuel, c’est quasi-mission impossible. C’est rarissime car il n’y a pas assez d’enfants à adopter en France. Et parce que les commissions d’adoption sont aussi grangrénées par La Manif Pour Tous. Donc même quand les couples homo parviennent à obtenir un agrément [le document qui atteste que des parents réunissent les conditions d’accueil sur les plans familial, éducatif, social et psychologique qui correspondent aux besoins et à l’intérêt d’un enfant adopté, ndlr], ils seront toujours les derniers choisis. Ce n’est pas faute de volonté que les couples d’homo n’adoptent pas en France, mais plutôt à cause de l’homophobie de la plupart des commissions d’adoption.
Quant à la coparentalité, c’est-à-dire être parent entre personnes qui ne sont pas forcément marié ou en concubinage (avec un autre couple, ou entre ami·e·s, par exemple), c’est un choix très personnel qu’on a préféré écarter, notamment pour des questions légales. Effectivement, cela peut représenter une belle possibilité pour certaines famille, qui peuvent passer par des méthodes artisanales. Seulement, même si ça fonctionne dans la pratique, c’est dans la partie légale que ça peut pêcher, aujourd’hui en France. On ne peut pas reconnaître plus de deux personnes comme parent d’un point de vue juridique. Donc élever un enfant à 3 ou 4 co-parents, c’est prendre le risque que tout le monde n’ait pas les mêmes droits, ce qui peut poser problème en cas de séparation, par exemple. Seules les personnes génitrices auront des droits parentaux sur l’enfant, et non les parents sociaux.
C’est pourquoi la GPA nous est apparue comme la meilleure solution, pour notre cas personnel, avec mon mari.
Une fois votre décision prise d’avoir recours à une GPA, quelles ont été les premières étapes ? Comment avez-vous choisi le pays et la clinique avec laquelle faire votre GPA ?
Avec mon époux, cela fait douze ans qu’on est ensemble. Dès qu’on s’est rencontré en 2011, on a rapidement évoqué notre rêve d’avoir des enfants. On s’est marié en 2020, et de là, on s’est d’abord renseigné à fond pour adopter. On a vite compris que c’était quasi-mission impossible, donc on a envisagé la coparentalité, mais ça ne nous convenait pas personnellement, alors on a finalement opté pour une GPA.
En se renseignant un maximum, notamment via des groupes Facebook et des associations, il a fallu se rendre à l’évidence que notre choix numéro 1 des États-Unis pour une GPA serait trop cher pour nous. Mais la Colombie qu’on n’envisageait pas nous est alors apparue comme une possibilité tout aussi sérieuse. Là-bas, le système de sécurité sociale est très semblable à celui de la France, ce qui explique en grande partie pourquoi c’est bien moins cher qu’aux États-Unis. Et le système de santé y est très moderne et avancé.
En septembre 2022, on a donc pris nos premiers rendez-vous en visio avec des cliniques en Colombie pour mieux se renseigner, concrètement. C’est ainsi qu’on a choisi une clinique, avant de faire notre premier voyage en décembre 2022.
Avant de vous rendre en Colombie, qu’est-ce que la clinique vous a demandé pour s’assurer du sérieux de votre projet d’enfant et de votre stabilité psychologique ?
Avant ce premier voyage en décembre 2022, la clinique choisie doit d’abord vérifier le biologique et le psychologique chez nous. En septembre, elle nous a donc demandé de réaliser une prise de sang et un spermogramme pour vérifier si tout va bien, si on est fertile, combien on a de spermatozoïdes sains et s’ils ne sont pas trop paresseux [ce qu’on surnomme le « syndrome du spermatozoïde paresseux » désigne l’asthénospermie, c’est-à-dire un problème de mobilité des spermatozoïdes, ndlr]. Il faut savoir que plein de médecins en France ne veulent pas prescrire de spermogramme par homophobie et/ou parce qu’iels seraient contre la GPA.
J’ai quelques problèmes de santé, potentiellement héréditaires. Et je n’ai pas de problème avec le fait de n’avoir aucun lien génétique avec notre enfant. Donc c’était évident pour nous qu’on choisirait le sperme de mon mari, bien avant ces histoires de spermogramme qu’on a donc fait que pour lui. Et tous les voyants biologiques étaient au vert, finalement.
Après ces tests biologiques, on a donc pu passer aux tests psychologiques en octobre 2022. La clinique nous a envoyé de très longs questionnaires qui prennennt des heures à remplir avec beaucoup d’attention. Après avoir étudié nos réponses, ils nous ont fait passer un entretien de près de deux heures avec leur psychologue en visio. On a dû y parler de notre couple, de notre vision de l’éducation d’un enfant, de nos familles respectives, etc. La clinique peut très bien refuser de nous suivre à ce stade, ou même avant, dès le stade du questionnaire.
Il ne suffit pas d’avoir de l’argent, ils vérifient vraiment notre stabilité psychologique, nos motivations, comment on compte élever l’enfant, etc. Au terme de ce processus d’évaluation psychologique, la clinique a fini par nous dire qu’elle acceptait de nous accompagner, ce qui a été notre première explosion de joie !
Une fois que la clinique accepte de vous accompagner, vous planifiez donc votre premier voyage en Colombie pour y faire quoi ?
Ce premier voyage sert à bien se faire tout ré-expliquer, signer les contrats avec la clinique et réaliser des dépôts de sperme. On nous ré-explique en détails tout le processus lors d’une première visite, où l’on doit aussi faire un premier dépôt de sperme. Elle revérifie si tout est ok, la densité des spermatozoïdes, leur dynamisme, etc. Et 2-3 jours plus tard, on revient faire un deuxième dépôt, au cas où, même quand tout allait bien dans le premier. C’est pour avoir du stock en cas de besoin. On avait donc besoin d’être là sur 5 jours ouvrés, mais on est resté un peu plus longtemps pour visiter la Colombie, évidemment (rires).
Comme nous sommes un couple d’hommes cisgenres, nous avons besoin d’ovocytes. La clinique nous a présenté lors de notre première visite leur base de données avec environ une cinquantaine de femmes donneuses potentielles. Ce nombre varie en fonction de leurs disponibilités (car elles ont chacune un travail à côté, peuvent être enceinte, etc). Comme ce don est anonyme, il n’y a ni nom, ni photos, juste un descriptif physique détaillé (âge, taille, couleurs des yeux, origine ethnique, maladies connues dans la famille, etc.), ainsi qu’un texte qu’elles ont écrit pour raconter leur vie, leurs motivations. Sur cette base, on en choisit 10, que la clinique contacte ensuite pour re-vérifier leurs disponibilités.
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Une fois la femme donneuse trouvée, c’est le moment de la stimulation ovarienne et de la fécondation pour arriver à un embryon ?
Oui. Le 15 décembre 2022, on a appris que, parmi les 10 femmes donneuses potentielles qu’on avait choisies, celle qui était disponible le plus tôt pourrait commencer sa stimulation ovarienne en février 2023. À la fin de sa stimulation, sur les 9 ovules fraîchement prélevés et fécondés, aucun n’est devenu un blastocyste au bout de 6 jours. Plein d’explications sont possibles. En tout cas, on a changé de femme donneuse, pour ne pas stimuler la même personne deux fois de suite notamment. Pour cette seconde femme, la stimulation ovarienne a commencé en juillet 2023, en août, elle a été prélevée de 10 ovules, et au bout de 6 jours, un seul est devenu un blastocyste [un embryon de 5-6 jours, ndlr].
La clinique fait alors un Dépistage Génétique Préimplantatoire (DGP) pour vérifier que l’embryon est viable. Ce qui était bien le cas ! Donc on a pu être placé sur la liste d’attente pour trouver une femme porteuse partante. Car c’est la femme porteuse qui décide de quel couple elle veut bien porter l’enfant.
Comment trouve-t-on une femme porteuse pour un projet de GPA ? Comment la clinique s’assure-t-elle qu’elle ne fait pas ça pour l’argent ?
En Colombie, les cliniques peuvent faire des petites annonces pour dire qu’elles cherchent des femmes porteuses. Trois critères permettent de s’assurer qu’elles ne font pas ça pour de mauvaises raisons : il faut qu’elles aient déjà eu des enfants, qu’elles soient dans une relation stable (elles ne peuvent pas être célibataires) et qu’elles aient un emploi stable.
Si ces trois conditions de pré-sélection sont réunies, elles passent toute une phase de sélection très scrupuleuse : des examens médicaux, biologiques, psychologiques, des visites de leur famille pour vérifier que tout va bien dans leur environnement, etc. De là, elles peuvent devenir femmes porteuses (2 fois maximum dans leur vie) pour les familles qu’elles choisissent elles-mêmes sur dossier et entretien.
Ensuite, c’est la psychologue de la clinique qui pré-sélectionne pour une femme porteuse des couples avec lesquels elles pensent qu’il pourrait y avoir un bon match. Si le dossier plaît, s’organise alors un rendez-vous entre la femme porteuse, le couple, et la psychologue de la clinique. Le nôtre a eu lieu en octobre 2023 et a duré près de deux heures à se présenter, apprendre à se connaître, etc. Ça s’est très bien passé, d’autant que mon mari parle parfaitement espagnol, donc on a bien rigolé ! On a pu signer un contrat dans la foulée qui nous engage ensemble.
Une fois la femme porteuse trouvée, comment se fait le transfert de l’embryon, puis le suivi de la grossesse ?
La clinique prépare dans les jours qui viennent l’utérus de la femme porteuse pour qu’elle soit bien prête à accueillir l’embryon. Une fois l’endomètre [la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus et qui est éliminée en période de règles, ndlr] assez épais pour que le transfert se fasse dans les meilleures conditions, on nous donne une date de transfert : nous, c’était février 2024. Après le transfert, on attend une dizaine de jours pour faire un premier test de grossesse, puis deux jours supplémentaires pour faire un deuxième test : les deux étaient positifs ! Ç’a été une autre immense explosion de joie pour nous !
Un mois après le transfert a eu lieu la première échographie : on voit s’il est bien positionné, on écoute le battement cardiaque, ce qui est très émouvant, et on estime une date de naissance prévue. Nous, c’est pour octobre 2024.
Pour le suivi de la grossesse, la clinique nous envoie tous les mois des rapports sur la santé de la femme porteuse et du bébé, en plus d’échographies. Mais on est aussi en lien direct avec elle via Whatsapp, elle nous filme tout ou presque, c’est très attendrissant, ça se passe très bien ! On se parle au moins toutes les semaines, elle nous raconte comment elle va et comment la grossesse se passe ; nous avons une vraie et belle connexion avec elle. Une psychologue suit également la femme porteuse toutes les semaines pour s’assurer que tout se passe bien.
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Pour l’accouchement, comment ça va se passer ? Que sera-t-il inscrit sur l’acte de naissance de l’enfant au niveau de ses parents ?
On conseille aux parents d’arriver une à deux semaines avant la date prévue pour la naissance, au cas où bébé serait en avance.
En Colombie, quand l’enfant nait, l’acte de naissance stipule que la femme porteuse est la mère, et que le géniteur est le père (en l’occurence, mon mari). Comme la porteuse n’a aucun lien génétique avec l’enfant, on fait un test génétique qui va l’attester, ce qui permet de la retirer de l’acte de naissance. À partir de là, je (en tant que parent social) peux commencer la procédure d’adoption en France qui dure entre un et deux ans (mais ça dure plutôt deux ans). C’est donc un long laps de temps d’insécurité juridique, même si on y est bien préparé psychologiquement.
Les tribunaux sont globalement tous débordés. Certains demandent plus de documents jusitificatifs (pour prouver qu’on joue déjà bien un rôle de père social) que d’autres, en fonction de leur degré d’acceptation ou d’homophobie.
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Alors que vous attendez un bébé par GPA avec ton mari, quelles sont les idées reçues qui t’énervent le plus sur la GPA ?
« L’exploitation des femmes. » Si les gouvernements s’intéressaient vraiment aux droits des femmes, on en ferait davantage contre les inégalités salariales et surtout les violences faites aux femmes. À partir du moment où le consentement est éclairé, les femmes ne sont pas exploitées. C’est hyper paternaliste de croire que les femmes ne peuvent pas décider par elles-mêmes de ce qu’elles veulent faire de leur corps, de façon éclairée.
« On prive les enfants d’une mère. » Il n’y a pas de définition unique de ce que doit être une famille. C’est forcément pluriel. On ne peut pas normaliser la famille. Plein de familles ne sont pas forcément liés génétiquement, que ce soit pour des raisons d’adoption ou de remariage et beaux-parents, par exemple. Il arrive aussi qu’un des parents décèdent. Et surtout il existe tellement de familles monoparentales heureuses. Au sein des familles homoparentales, les parents sont extrêmement impliqués dans l’éducation de leur enfant, non seulement parce qu’on a eu largement le temps d’y réfléchir, de s’y préparer, mais aussi parce qu’on sait combien les homophobes attendent au tournant. Enfin, l’équilibre d’un enfant ne se joue pas qu’entre ses deux parents, mais bien à travers tout son entourage, où d’autres figures féminines peuvent exister.
« Plutôt que d’acheter un enfant par GPA, les homos n’ont qu’à adopter. » C’est méconnaître combien il est difficile d’adopter un enfant aujourd’hui en France, en général, et a fortiori quand on est un couple homo face à l’homophobie des commissions. Mais dès qu’on creuse un peu, la plupart des personnes sceptiques face à la GPA pour les couples homos sont bien souvent contre leur donner la possibilité d’adopter également.
« Les Français·e·s qui font une GPA à l’étranger contournent la loi. » Il n’est absolument pas illégal d’avoir recours à une GPA dans un pays où c’est légal et encadré. Ramener en France son enfant né d’une GPA n’a rien d’illégal, au contraire : la circulaire Taubira adoptée en 2013 vise à faciliter les démarches pour leur reconnaître la nationalité française. Transmise aux tribunaux, elle incite les magistrats à ne plus refuser la délivrance de certificats nationalité française au seul motif qu’ils concernent des enfants nés de femmes porteuses à l’étranger. Cela n’encourage pas la GPA, ni ne la légalise en France. Cette circulaire sert à protéger les enfants nés légalement de GPA à l’étranger de parents français·e·s. Recourir à une GPA là où c’est légal ne revient pas à contourner la loi française puisque cette dernière s’applique sur le territoir français.
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) reconnait l’intérêt supérieur des enfants qui doit être protégé dans toutes les compositions familiales possibles. La CEDH a d’ailleurs déjà condamné la France pour non reconnaissance d’enfants nés de GPA, et c’était au sein d’un couple hétéro : c’est la jurisprudence Mennesson qui date de 2019.
Notons enfin que, de façon générale, il y a également de nombreux couples hétéros qui ont recours à la GPA. Pourtant, cela monopolise moins l’attention médiatique et politique…
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Comment analyses-tu le tweet de Marion Maréchal Le Pen contre Simon Porte Jacquemus qui vient de devenir père de jumeaux avec son mari Marco Maestri ?
C’est d’une immense violence qui nous rappelle celle durant les débats sur le mariage pour tous en 2013. C’est d’une homophobie tellement décomplexée qui témoigne d’une vision caricaturale de ce que devrait être une famille. Bien sûr que la GPA pose des questions éthiques qui méritent d’être discutées. Mais on ne peut pas débattre sur le sujet avec des personnes qui se complaisent dans leur ignorance. Ce genre de message haineux justifie, légitime et décomplexe la violence homophobe en France. Marion Maréchal Le Pen et beaucoup de détracteurs de la GPA prétendent se soucier de l’intérêt supérieur des enfants comme alibi à leur homophobie.
Se soucier vraiment de l’intérêt supérieur des enfants en France, ça devrait revenir à prendre soin de toutes les familles, dans toutes les compositions légales possibles. Et éviter les nombreux drames comme « les enfants de la Creuse » [2 000 enfants réunionnais retirés à leurs parents de force et transférés vers l’Hexagone, principalement dans la Creuse, entre 1962 et 1984, par l’État français, ndlr] ou les nombreux dysfonctionnements de l’Aide Sociale à l’Enfance qui conduisent à la maltraitance et à la mort de tant d’enfants placés. L’État est complètement défaillant à plein d’égards sur le sujet de l’enfance. Cette panique morale autour de la GPA, c’est de l’hypocrisie pure pour cacher de l’homophobie rance. C’est du déni pour refuser de reconnaître nos existences, nos familles, nos amours. La réalité, c’est que les enfants vont bien.
*Le prénom a été modifié.
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