Vos collègues masculins ont eu une augmentation en 2021, et pas vous ? Vous n’êtes certainement pas la seule. Selon la dernière étude sur les rémunérations publiée par le cabinet de conseil Deloitte, l’écart salarial entre les femmes et les hommes a arrêté de diminuer depuis le début de la pandémie. Pire, en 2021, il s’est creusé.
La pandémie a donc eu un impact relativement inattendu : alors que les inégalités salariales entre femmes et hommes avaient eu tendance à (lentement) se réduire depuis plusieurs années, le Covid-19 a interrompu ce rattrapage (très) (très) progressif.
Pour le même boulot, les femmes touchent en moyenne 3,7% de moins
En 2020 déjà, l’écart moyen de rémunérations entre les femmes et les hommes ne s’était pas resserré, et en 2021, il s’est même accru de 0,3 point pour atteindre 3,7% en moyenne (à temps de travail et niveau de responsabilité égale).
Cet écart mesuré par Deloitte est vraiment un résidu d’inégalité « pure », puisqu’il ne s’explique pas par le fait que les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, dans des secteurs moins rémunérateurs et sont moins nombreuses au fur et à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie.
D’ailleurs, en mesurant l’écart salarial à poste égal, l’étude de Deloitte montre que plus on grimpe les échelons en matière de responsabilités, plus on constate des inégalités. L’écart de rémunération chez les cadres supérieurs est ainsi de 7,3% contre 2,4% pour les ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise.
D’après l’étude, la pandémie a ainsi effacé tous les progrès faits en matière d’égalité salariale depuis 2017, mais les auteurs et autrices n’avancent pas d’arguments pour l’expliquer.
Pourquoi les salaires des femmes ont-ils plus soufferts de la pandémie ?
Il est toutefois certain que les fermetures d’écoles et de crèches à de multiples reprises en 2020 et 2021 ont principalement impacté les femmes.
Dans notre société patriarcale qui rend toujours les mères responsables des soins aux enfants, qui a dû, à votre avis, gérer l’école à la maison en plus de son boulot ? Qui a dû s’absenter pour garder les enfants cas contact ? Et à qui a-t-on pu reprocher ensuite d’avoir été moins productives ou fiables qu’avant pour leur refuser des augmentations ?
Par ailleurs, on comprend bien que dans les couples hétérosexuels où les hommes gagnent plus d’argent (ce qui est statistiquement plus souvent le cas que l’inverse), ce soit leur travail qui ait été privilégié par les deux partenaires (de manière rationnelle ou inconsciente).
Cette même logique, où l’homme est encore vu comme la principale source de revenus du couple, pousse aussi certains employeurs à favoriser — consciemment ou non — leurs salariés masculins, a fortiori quand les enveloppes pour les primes ou les augmentations sont minces.
Bref, depuis 2020, le Covid et le patriarcat combinés freinent les progrès réalisés en matière d’égalité salariale, et ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle.
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Crédit photo : Image tirée de la série Working Moms
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