La Page Blanche devrait avoir une belle carrière. Faut dire que cet album a deux-trois fées qui se sont penchées sur son berceau. Boulet au scénario, qui a adapté une idée autour d’une amnésie qui traînait dans un placard depuis quelques années (ne jetez jamais rien), Pénélope aka Le Renardou (le plus joli et couillu pied-de-nez de l’histoire du blog BD) au dessin, pour donner vie à Eloïse et cette folle quête pour retrouver son ancienne vie et sa personnalité passée et enfin Guy Delcourt, patron des éditions Delcourt, pour célébrer cette union (et par la même occasion, réaliser le fantasme d’un tas de lecteurs des deux artistes).
En ouvrant l’album, on se trouve face à cette fille, assise toute seule sur un banc dans Paris, le regard perdu. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Elle a tout oublié. L’empathie pour le personnage principal est à peu près immédiate. Impossible de ne pas se demander à un moment donné « crénom, qu’est-ce que je ferais à sa place ? » Et vous, que feriez-vous ?
Faut dire que l’amnésie d’Éloïse est particulièrement sélective – et Boulet précise d’ailleurs dans le dossier de presse qu’elle n’existe pas « dans la vraie vie ». Éloïse se souvient de tout, sauf de ce qui la concerne de près ou de loin.
Petit à petit, Éloïse va donc creuser, chercher des indices, le moindre petit truc qui pourrait la faire avancer, lui permettre de recoller les morceaux (on a atteint le point « recoller les morceaux »). Son boulot, ses collègues, sa famille, son enfance. Mais il reste toujours des trous. Et puis la cause de tout ça ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Éloïse ne peut pas empêcher de laisser échapper son imagination, ce qui donne lieu à des interludes particulièrement bien fichus et qui ponctuent la narration de La Page Blanche.
La fin, elle, est particulièrement bien fichue. Joli twist, mister
Boulet, on s’attend à tout sauf à ça. Certaines à la rédac l’ont trouvée « décevante », mais mon interprétation personnelle, c’est que dans la vie, c’est le chemin qui compte, pas l’arrivée. Et puis ça fait plutôt réfléchir sur sa condition à soi. Ce qui n’est jamais une mauvaise chose, de réfléchir, en fait.
Quant au dessin, c’est du Pénélope dans tout son art. Elle arrive à merveille à exprimer la palette d’émotions par laquelle passe la toute paumée Éloïse. Les couleurs sont magnifiques et elle dessine Paris avec tellement d’amour.
Donc oui, vous pouvez y aller, vous pouvez acheter La Page Blanche les yeux fermés, l’histoire est haletante, mais attention, c’est un vrai « page turner » (on a troooop envie d’avancer), vous risquez de le finir trop vite et quand c’est fini, on en veut encore. C’est à peu près le seul défaut que je lui trouve.
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Les Commentaires
Par contre 22 euros ça fait chère (meme si le livre est beau) , j'ai pris la version poche du coup!