Carlos Vermut signe avec La Niña de Fuego un polar noir multi-récompensé lors du Festival de San Sebastián (Concha de Oro du meilleur film, Concha de Plata du meilleur réalisateur), un thriller pervers de passion et d’obsession destructrice qui a fasciné le grand Pedro Almodóvar.
Bárbara est une belle femme vénéneuse et psychologiquement instable, que son mari tente de contenir. Damiàn n’ose pas sortir de prison de peur de la revoir. Luis veut la faire chanter mais ne réalise pas encore qu’il joue avec le feu. Le trio se retrouve plongé dans un tourbillon de tromperies où la lutte entre la raison et la passion tourne à la guerre des nerfs…
La Niña de Fuego, une énigme à résoudre depuis son fauteuil de cinéma
Après le formidable Diamond flash (l’histoire de cinq femmes n’ayant apparemment rien à voir les unes avec les autres, mais qui ont comme lien vital un étrange personnage nommé Diamond flash), Carlos Vermut se lance dans un récit où il demande la participation du public pour bien comprendre ce film si complexe et imprégné de multiples symboles, influences, hommages et références. La Niña de Fuego est avant tout un puzzle : chaque fois qu’on pose une pièce, on ne sait pas sur quelle image on va tomber.
On construit le sens de la fable au fil des minutes ; le réalisateur décompose le récit (avec des « fade-in, fade-out »), l’information est très bien dosée et il est difficile de comprendre ce qui va se passer. Des chapitres a priori isolés vont se lier petit à petit.
Les protagonistes vont être amenés à prendre des décisions extrêmes à partir d’impulsions uniquement émotionnelles, en seront presque aliéné•e•s. Voici la dimension Vermut, un endroit où le quotidien devient cruel et où le désir animal, violent, irrationnel, peut faire irruption à n’importe quel moment.
L’amour à fleur de peau, à l’état brut
La forme structurelle du film est simple et dégagée, aussi bien via le look ultra minimaliste et stylé de Barbara que par les parfaits cadrages de la caméra. Cependant, sous toute cette pureté visuelle apparaît un tableau complexe, sordide et sophistiqué
qui menace de sortir et exploser.
Dans La Niña de Fuego, tout tourne autour de l’amour (celui d’un père aimant prêt à tout pour venir en aide à sa petite fille), l’obsession (puisque certaines rencontres laissent des traces à jamais), le désir (chacun à sa manière en fait ce qu’il veut ou ce qu’il peut). C’est sans doute le leitmotiv du film !
La Niña de Fuego est bourré de références. Dès le début, on repère des allusions aux maestros du thriller sud-coréen — des cinéastes comme Park Chan-Wook, Bong Joon-ho, Kim Ki-Duk. Comme eux, Carlos Vermut va utiliser la vengeance comme moteur, comme ressort principal de l’action, avec des personnages pris dans des chantages. La figure de la super-héroïne est également très présente à travers les « magical girls », qui en sont un peu la version adolescente.
Les fans du célèbre écrivain japonais Edogawa Rampo, fondateur du genre policier d’investigation populaire, seront content•e•s, car on lui rend ici hommage ! On trouvait dans ses romans des pulsions aussi inavouables que celles se cachant derrière la porte du lézard noir dans La Niña de Fuego…
Vous l’aurez compris, ce film atypique est à ne pas rater et ça tombe bien : il vient de sortir !
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Un film haut en couleurs