En mer comme sur terre, les femmes continuent à se voir privées d’opportunités quand elles deviennent mères. C’est ce qu’a confirmé la navigatrice française Clarisse Crémer en prenant la parole sur ses réseaux sociaux, ce 2 février 2023, pour raconter pourquoi son sponsor sur la course à la voile la plus célèbre du monde avait mis fin à leur partenariat. En cause ? Un « risque trop fort » de ne pas pouvoir être sélectionnée au Vendée Globe… après avoir eu un enfant.
Un « retard risqué » après son premier enfant
« Les règles du Vendée Globe pour l’édition 2024 imposent à tous les skippers une concurrence basée sur le nombres de miles parcourus en course » explique Clarisse Crémer dans un post LinkedIn sans langue de bois. Ayant accouché de son premier enfant en novembre dernier, la sportive a de fait dû mettre en pause, pour un temps, les compétitions, prenant ainsi un « retard dans sa qualification ». Pour Banque Populaire, cela représenterait un risque de ne pas être présents sur le prochain Vendée Globe, « risque qu’ils ne souhaitent finalement pas courir » selon ses mots.
Dans son post, elle poursuit :
« Malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024. […]
Je suis sous le choc, d’autres projets lancés bien plus récemment continuent pourtant sans sourciller. Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j’étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite. Mais pour Banque Populaire ce serait « laisser le destin choisir à leur place », alors qu’ils « se doivent » d’être au départ du Vendée Globe. Ils sont prêts à assumer le risque d’un trimaran géant, et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité. »
« Les règles du Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant »
En plus de remettre en cause la décision de son sponsor, Clarisse Crémer a rappelé que les règles actuelles du Vendée Globe seraient punitives pour les femmes ayant eu un enfant :
« L’organisation du Vendée Globe se contente par ailleurs d’être « désolée pour moi » mais « ne peut rien faire ». C’est pourtant elle qui écrit les règles. Rappelons qu’il y a 4 ans, j’aurais été sélectionnée automatiquement car finisseuse de l’édition précédente. Rappelons que 13 bateaux neufs (1/3 de la flotte) bénéficient d’une dérogation pour être sélectionnés d’office au prochain Vendée Globe au nom du soutien à l’innovation.
Les règles d’une compétition sont censées garantir l’équité et l’esprit sportif. Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant, quand bien même elle serait une sportive reconnue, déjà finisseuse de l’édition précédente. Au 21e siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables ? On a beau jeu de déplorer, ensuite, le faible nombre de femmes sur les lignes de départ. »
Après avoir remercié ses soutiens, la skipper de 33 ans a réaffirmé sa détermination à revenir naviguer, sous les couleurs d’un partenaire dont elle « partagera les convictions humaines ». Elle a rappelé par ailleurs son soutien à toutes les femmes, sportives ou non, qui traversent des difficultés semblables. « Que signifie l’égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte ? »
Crédit photo : Jean-Pierre Bazard Jpbazard — Travail personnel, CC BY 4.0,
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