Selon un rapport publié par Santé Publique France, les morts périnatales auraient augmenté de 25 % en 10 ans. Chaque année en France, environ 7 000 enfants décèdent in utero ou pendant l’accouchement et 1 700 durant leur premier mois de vie. Ces chiffres inquiétants révèlent un problème global : la précarisation de nombreuses femmes en France et les impacts de cette précarisation sur leur santé et celle de leurs enfants.
La précarisation et son impact sur la santé des femmes enceintes
La santé des femmes se détériore depuis une dizaine d’années. Elles sont de plus en plus nombreuses à mener des grossesses en situation d’extrême précarité, avec tous les risques que cela implique.
Si la France promet, en théorie, l’accès aux soins à toutes, il est en pratique très compliqué d’obtenir un suivi lorsque l’on vit dans la rue et/ou en situation irrégulière. Ces femmes ne disposent souvent pas d’un accompagnement régulier qui leur permettrait de détecter et de soigner de potentielles pathologies durant leur grossesse.
Le tabac ou l’alcool jouent également un rôle majeur dans les problèmes de santé périnatale. Si la consommation de produits dangereux ne concerne pas exclusivement les femmes en situation précaire, ces dernières ne bénéficient ni de l’accès à l’information ni de l’aide nécessaire pour limiter leurs pratiques à risques.
Des disparités en fonction des territoires
Tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne et possèdent leurs propres spécificités. Certains sont relativement épargnés par cette hausse des décès, quand d’autres sont touchés de plein fouet, notamment à cause des conditions de vie des femmes qui y habitent.
Des DROMS, comme la Guyane ou la Réunion, voient carrément leur taux de mortalité périnatale multipliée par quatre. 11 % des accouchements y sont financés par l’AME (Aide Médicale d’État, qui finance les soins des personnes en situation irrégulière) et une femme sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
La métropole n’est pas en reste, en Île-de-France, le nombre de femmes sans abris a été multiplié par quatre au cours de ces 10 dernières années, entraînant une hausse des grossesses menées dans la rue.
Les grossesses tardives, un facteur de risque réel, mais relatif
Les femmes tombent enceintes de plus en plus tard. En 2019, l’âge moyen pour devenir mère était de 30 ans, contre 26 ans en 1970. L’âge augmente les risques de pathologies et de mortalité chez la mère comme chez son enfant. Diabète gestationnel, prééclampsie, prématurité et autres joyeusetés, la liste est longue et les statistiques lapidaires.
Pas de panique, il ne s’agit que de statistiques. Cela ne signifie en aucun cas qu’une femme doit impérativement concevoir avant ses 35 ans. L’immense majorité des grossesses menées au-delà se dérouleront normalement. Il convient simplement d’être conscient que les risques augmentent avec l’âge et proposer aux femmes un accompagnement adapté qui réponde aux spécificités de ces grossesses.
Cette hausse de la mortalité périnatale nous alerte sur un problème global : la précarisation et le manque d’accès à l’information d’un grand nombre de femmes. Elle nous renseigne également sur la hausse des grossesses dites « tardives » et la nécessité d’apporter le suivi adapté pour limiter les risques.
Crédit photo image de une : Carolethacker
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