Hier soir, je sortais du ciné déjà chamboulé par le visionnage de 1917 (quel film !), quand cette notif m’a mis un coup supplémentaire sur le casque : Kobe Bryant, énorme champion de basket dans les années 2000, est mort ce dimanche à l’âge de 41 ans dans un crash d’hélicoptère, et avec lui dans cet accident, 8 autres passagers, dont la famille de John Altobelli, coach émérite de baseball.
Quelques heures plus tard, la nouvelle est confirmée : la fille de Kobe Bryant, Gianna, 13 ans, fait aussi partie des victimes. La nouvelle qui m’a achevé.
Kobe Bryant et sa fille Gianna sont morts
Difficile pour moi de ne me pas projeter : j’ai 42 piges, ma fille aînée a 13 ans et en grand fan de basket, j’ai suivi toute la carrière de Kobe depuis son arrivée dans la ligue NBA à 18 ans jusqu’à sa récente retraite en 2016, sans oublier les moments plus controversés de son existence comme cette accusation de viol en 2003.
Au-delà de son impressionnant palmarès (5 fois champion NBA avec son club de toujours, les Lakers de Los Angeles, 2 fois médaillé d’or olympique et… un Oscar pour son film d’animation), Kobe s’était surtout illustré depuis l’arrêt de sa carrière de sportif dans une autre discipline : la daronnerie.
Père de 4 filles, âgées de 17 ans à 7 mois avec Vanessa, sa femme depuis 2000, Kobe Bryant amenait de temps en temps sa cadette, Gianna, sur les bords des terrains de basket.
Un lien père-fille autour du basket
On le voyait discuter avec elle, lui expliquer les décisions des joueurs et lui donner des conseils – le “QI basket”, cette capacité à lire le jeu, la façon dont chacun est placé sur le terrain, étant la réelle différence entre un bon et un excellent basketteur.
De son côté, à 13 ans, elle faisait d’ores et déjà partie des toutes meilleures joueuses du pays, et Bryant se faisait une joie de l’accompagner dans une carrière en WNBA (la ligue féminine professionnelle de basket aux États-Unis) qui lui tendait les bras.
(On ne dirait pas comme ça, mais ce tir en déséquilibre est EXTRÊMEMENT difficile à réaliser)
Kobe Bryant et ses filles : et son héritage alors ?
Avec ses 4 filles, Kobe avait une autre particularité dans le monde du sport : là où les grands joueurs actuels (notamment LeBron James et Dwayne Wade) ont des fils de 15-16 ans qui sont partis pour marcher sur les traces de leurs darons, Kobe n’a… que des filles.
Mais comment allait-il faire, sans garçon, pour perpétuer son héritage ?
Cette idée rance, ancrée dans les esprits depuis l’époque où les monarques se refilaient le pouvoir de daron en fiston, continue à perdurer en 2020. Bon nombre de mes invités dans Histoires de Darons me le soulignent, d’ailleurs. Avant de se rendre compte qu’en pratique, cet a priori est… merdeux.
De son côté, Bryant s’est particulièrement illustré ces dernières années en expliquant à qui voulait bien l’entendre qu’il n’avait pas besoin d’un fils pour marcher sur ses traces, sa fille était bien partie pour s’en charger.
La preuve avec cette vidéo, où Bryant explique à Jimmy Kimmel en 2018 que quand des fans des Lakers viennent le voir pour lui dire “Tu devrais avoir un fils, pour prolonger la tradition”, sa fille, qui est souvent à côté de lui, leur répond “Oh, t’inquiète, je m’en occupe”.
Dans le prolongement de cet état d’esprit, Bryant avait même investi dans la formation de jeunes joueuses et joueurs, en créant la “Mamba Sports Academy” (Kobe était surnommé Black Mamba, en référence au serpent mortel).
C’était un modèle d’autant plus précieux qu’ils sont rares, ces pères champions, à s’afficher aussi fièrement avec leurs filles, à allier sport, esprit de compétition et lien père-fille, dans une ligue de basket archi-testostéronée.
Un esprit de compét de père en fille
Une inspiration pour tous ces pères qui voient leurs filles comme des poupées ou des princesses, alors qu’elles sont juste… des êtres humains comme eux. Et des mauvaises perdantes comme eux, la preuve avec cette anecdote racontée par Kobe dans The New Yorker en 2014 :
“Elle avait 3 ans, on jouait à Candyland. C’était à mon tour de jouer. Elle voit bien que je peux gagner, donc si je fais exprès de mal jouer pour la laisser gagner, elle saura que je n’ai pas joué mon meilleur tour. Qu’est-ce que je décide de lui apprendre ? Donc je joue mon tour, je gagne la partie et la môme part en sucette, elle fout en l’air le plateau de jeu. Et là je me dis “Baaaaaah, merde, la gamine me ressemble. Fais chier”
Voir Kobe Bryant mourir aussi jeune, sans pouvoir accomplir la « seconde partie » (post-NBA) de sa vie, c’est déjà douloureux à plein de niveaux.
Mais voir sa fille Gigi, la relève assurée et épaulée, s’éteindre avec lui à seulement 13 ans, c’est un crève-coeur.
Parce qu’elle me fait penser à ma fille, bien sûr, mais aussi parce qu’elle représentait tellement pour plein de jeunes femmes, comme son daron a représenté tellement pour plein de jeunes hommes.
Alors j’ai eu envie d’écrire ces quelques mots ; c’est rare qu’un « décès de star » me touche ainsi, et je pense que vous comprendrez ce qui rend celui-ci aussi sensible pour moi.
Je ne sais pas s’il existe un paradis des basketteurs, mais si c’est le cas, il y a au moins un truc qui me console dans cette histoire tragique : ils auront chacun un partenaire tout trouvé pour se défier en un-contre-un.
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