En France, en 2022, cela reste plus compliqué et plus difficile d’accéder au logement quand on est une personne racisée. La preuve avec les résultats de la dernière expérience de testing réalisée par SOS Racisme, révélés cette semaine, qui le confirment aisément.
C’est en se présentant comme des propriétaires désirant mettre leur bien en location que l’association a pu recueillir ces données sur 136 agences immobilières :
- 32 agences sur 136 laissent les propriétaires eux-mêmes exclure les dossiers des locataires perçus comme d’origine maghrébine ou subsaharienne.
- 34 agences sur 136 pratiquent elles-mêmes cette sélection.
- 70 agences sur 136 refusent de faire une sélection basée sur un critère de discrimination.
Romain Montbeyre-Soussand, militant à SOS Racisme, expliquait ce lundi au micro de France Info ce que ces résultats révèlent :
« On a en tout une agence sur quatre qui accepte de discriminer de manière assez claire, et une sur quatre qui accepte de se rendre complice, c’est-à-dire qu’ils nous rappellent qu’eux n’ont pas le droit, c’est interdit par la loi, mais ils nous incitent en tant que propriétaire à le faire en nous disant que c’est nous qui avons le choix en définitive. »
La discrimination au logement, c’est interdit par la loi, cela signifie qu’un agent immobilier ou un propriétaire s’expose à des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
La campagne de testing montre que cette part des agences complices est tout à fait consciente de l’illégalité de la discrimination qu’elle exerce, et l’assument auprès des propriétaires en leur permettant de sélectionner eux-mêmes les dossiers.
Des formations, mais des progrès lents
Depuis son dernier testing, SOS Racisme constate… que rien n’a beaucoup changé. En mai 2019, 51% des agences en Ile-de-France testées par l’association pratiquaient une exclusion de certains dossiers.
Pire, certaines agences déjà épinglées il y a trois ans pour discrimination continuent de perpétuer ces exclusions dans le plus grand des calmes.
C’est justement à la suite de ce testing que des formations obligatoires ont été imposées par le décret du 14 octobre 2020, des formations à effectuer tous les trois ans pour les administrateurs de biens. Au vu de l’étendue du problème, sont-elles suffisantes et dispensées à l’ensemble des professionnels de l’immobilier ?
Pour le président de la Fédération nationale de l’immobilier Jean-Marc Torrollion interrogé par France Info, c’est malgré tout une petite amélioration par rapport à la campagne de testing d’il y a trois ans.
On est certes passé de 51% des agences immobilières qui discriminent, à 48,50%. Cela reste quand même très léger, comme amélioration.
SOS Racisme réclame le « renforcement des sanctions pénales en cas de discriminations », ainsi que la « mise en place d’un ordre disciplinaire ».
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Crédit photo : Rodnae Productions via Pexels
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