Elle compte parmi les mannequins les plus en vue du moment. Après sa grossesse au milieu d’une pandémie et la naissance en septembre 2020 de son premier enfant, Khai, avec l’ex One Direction le chanteur Zayn Malik, Gigi Hadid revient peu à peu sur la scène mode, et donc politique.
La sensation d’être un « pont » entre différentes cultures
En couverture du nouveau numéro du média britannique i-D, la top Gigi Hadid y évoque justement comment devenir parent lui permet de mieux réfléchir à ses propres cultures, transmises par sa mère néerlandaise et son père palestinien, ainsi qu’à celles qu’elle souhaite transmettre à l’enfant qu’elle a eu avec Zayn, lui-même d’origine pakistanaise et britannique :
«Nous y pensons et en parlons beaucoup en tant que partenaires et c’est quelque chose qui est vraiment important pour nous, mais c’est aussi quelque chose que nous avons d’abord vécu nous-mêmes. Parce que nos deux parents ont chacun leur propre héritage. Nous appartenons déjà à une première génération métissée, qui s’accompagne aussi de l’expérience de se dire « Flûte, je suis un pont ! ». Ce n’est pas quelque chose que mes parents ont vécu ou qu’ils peuvent vraiment m’aider à traverser. C’est une chose à laquelle j’ai toujours pensé, toute ma vie.»
Beaucoup d’enfants d’immigrés connaissent bien ce sentiment d’avoir le cul entre deux chaises, et ne parviennent pas forcément à y trouver leur place. En sociologie, on appelle d’ailleurs « enfants de troisième culture » les personnes qui baignent à la fois dans la culture d’origine de leur parent, celle différente de leur pays de résidence, et celle qu’ils finissent par développer, fruit de ce mélange.
« Suis-je autorisée à parler de cette facette de moi ? »
Toujours auprès d’i-D
, Jelena Noura Hadid, alias Gigi, révèle qu’elle a souvent du mal à revendiquer l’héritage culturel arabe que son père palestinien lui a transmis :
«Dans certaines situations, j’ai l’impression – ou l’on me fait sentir – que je suis trop blanche pour défendre une partie de mon héritage [culturel] arabe. Vous traversez la vie en essayant de comprendre où vous vous situez sur le plan racial. Est-ce que ce que je suis, ou ce que j’ai, est suffisant pour faire ce que je pense être juste ? Mais alors, est-ce aussi profiter de mon privilège blanc ? Suis-je autorisée à parler de cette facette de moi, ou est-ce que cela concerne quelque chose dont je n’ai pas assez fait l’expérience pour savoir ? […]
Je pense que Khai va grandir en sentant qu’elle peut ou veut être un pont pour ses différentes cultures. Mais je pense que ce sera bien de pouvoir avoir ces conversations et de voir où elle situe d’elle-même, sans que nous ne cherchions à lui imposer quoi que ce soit. Ce qui me passionne le plus, c’est ce qui vient vraiment d’elle, et pouvoir l’enrichir ou répondre à ses questions.»
Porte-manteau plutôt que porte-parole : la complexité de s’engager en tant que mannequin
Contrairement à sa sœur Bella Hadid, également mannequin et beaucoup plus vocale sur les enjeux d’islamophobie, de xénophobie, et de racisme, Gigi prend rarement la parole publiquement sur ces sujets. Mais elle a récemment pris la défense des personnes palestiniennes le 12 mai 2021 sur Instagram, par exemple.
En janvier 2017, Gigi Hadid militait aussi déjà dans les rues et sur les réseaux sociaux contre le « Muslim ban », un décret proposé par l’administration Trump interdisant l’accès au sol américain des ressortissants de sept pays dont la majorité de la population serait de confession musulmane (à l’instar de Gigi Hadid et Zayn Malik), en plein délire islamophobe.
Les engagements de longue date de Gigi sont en fait rendus d’autant plus complexes par son métier de mannequin, historiquement censé servir de toile vierge et muette aux marques qui font appel à elle. Mais c’est ce qui fait aussi de Gigi et de sa soeur Bella Hadid des role models pour beaucoup de personnes.
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Les Commentaires
mon père est caucasien de Vendée, ma mère est créole de La Réunion (avec, pour ce que j'en sais, des ancêtres chinois, indous, noirs... et anglais).
Rien ne transparait de ce métissage créole sur ma peau et mes traits, alors que ma sœur est typée "magrébine" (et a eu parfois droit à des remarques déplacées)
Ma mère ne nous a rien transmis de la culture créole, ne nous a jamais parlé en créole...
parfois je me demande si je peux "légitimement" revendiquer cette origine dont je suis pourtant très fière...