Elles s’agitent, elles gesticulent, elles s’impatientent : ce que laissent voir les voix de la Maison de la radio est un spectacle bien souvent insoupçonné. Pour son dernier documentaire, Nicolas Philibert (Nénette, Être et Avoir) est allé faire un tour derrière les ondes de Radio France. Il en revient avec les images étonnantes d’un univers mystérieux qu’il est venu présenter vendredi 29 mars, en avant-première, au cinéma Diagonal de Montpellier.
Maïa Vidal apparaît dans le documentaire avec sa chanson The Alphabet of my Phobias
Paris, 116, avenue du président Kennedy. Dans un bâtiment immense aux allures de navette spatiale, les allées et venues se multiplient. Dans les bureaux, les studios ; à France Inter, France Info, France Culture, France Musique ; des journalistes, des comédiens, des techniciens, des secrétaires, des cuisiniers, des musiciens ; partout, à toute heure, ça grouille et ça s’empresse. Les téléphones sonnent, les nouvelles tombent, chacun, fidèle à son poste, apporte sa pierre à l’édifice radiophonique. Certains courent après l’actualité, d’autres prennent le temps de prendre leur temps, de poser leur voix et leurs intentions, à l’affût du moindre détail, du moindre bruit parasite. Le tout sous la caméra attentive de Nicolas Philibert. Mais attention, s’est-il évertué à répéter aux quelques sceptiques de l’audience, déçus de ne pas avoir vu les dessous de leur émission préférée : « c’est un documentaire, je ne montre pas la réalité telle qu’elle est mais telle que je la vois, c’est du cinéma !
».
Du joli cinéma, en plus. Nicolas Philibert joue avec les hors-champs : à plusieurs reprises, ceux qui parlent n’apparaissent pas à l’écran. On y voit ceux qui écoutent, leurs gestes, leurs regards, quelques doutes, et des questions informulées. Ses images de la radio prennent en fait à contre-pied les premières attentes du spectateur : au final, il y a bien peu de gens qui parlent derrière un micro et c’est une bonne chose. Le documentaire s’attache plus particulièrement au travail de fond, aux anecdotes ponctuelles en laissant la part belle aux silences. Pour autant, si les images sont particulièrement travaillées, le son, est évidemment, au centre de l’attention. Nicolas Philibert, qui avoue avoir « pris le temps de réfléchir » avant de se lancer dans le projet, de peur de gâcher le mystère autour de la radio, explique : « J’ai monté le film comme une séquence son géante. Pour les transitions, au montage, je m’attache plus aux sonorités qu’aux images ». Ça marche plutôt bien. La trame est fluide et bien rythmée par des situations récurrentes. Certaines séquences auraient mérité qu’on ne s’y attarde pas autant mais dans l’ensemble, le documentaire de Nicolas Philibert est un voyage agréable dans les coulisses de la Maison de la Radio. Avis aux curieuses !
– La Maison de la Radio, actuellement au cinéma.
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Les Commentaires
Moi qui "n'écoute" france inter et cul(ture) que le matin en petit déjeunant (autant vous dire que ma disponibilité de cerveau n'est pas au beau fixe à ce moment là), je fus ravie de voir comment ça se passe à l'arrière de se qu'on entends.
Même si tout n'y est pas présenté en détail, je trouve qu'on ressent bien l'atmosphère d'une radio et y voit tous les métiers qui peuvent se mélanger là bas.
C'est pas le docu de l'année, mais ça se laisse bien regarder.