– Tu viens à l’anniversaire de Chabrichou samedi soir ?
– Non, je vais passer le week-end dans ma maison de campagne super classe.
– Ouah, trop bien !
– Ouais, j’sais…
(Je suis nulle pour les dialogues, j’aurais jamais pu être scénariste.)
Moi qui connais les coulisses des maisons de campagne, je voudrais faire jaillir la verité. Non, toutes les résidences secondaires ne sont pas à Megève, avec un staff préposé à l’allumage de la chaudière avant que tu n’arrives. En réalité, pour passer le week-end dans sa maison de campagne, il faut être prête.
Voilà la liste des choses vraies à savoir sur le quotidien de ces amis un peu particuliers qui ne sont pas là tous les samedis.
Dans une maison de campagne, il faut :
– S’accomoder de ce qu’il y a dans le garde-manger, c’est-à-dire des pâtes et de la terrine. T’as beau retourner ça comme tu veux, pâtes à la terrine, terrine de pâtes, le résultat est jamais loin des ingrédients de départ…
– Regarder une des trois chaînes disponibles sur la télé hertzienne. Ca change des 312 programmes de Canal Sat. Et même si on sait bien que jamais on ne zapperait sur Gulli TV ou M6 Shopping, j’sais pas, ça manque…
– Ne surtout pas avoir oublié son pyjama, sinon on est obligée de dormir avec ses habits de la journée. Comment ça « et pourquoi pas dormir en sous-vêtement ? » Que la personne qui a dit ça sorte. Le principe d’une maison de campagne, je l’ai dit plus haut, c’est qu’il y fasse froid.
– Se fabriquer une bouillotte avec une bouteille de Cognac vide. Les vraies bouillottes ont fui le climat, on dirait (d’son les jeunes veulent plus bosser), alors il faut se débrouiller comme on peut. Si quelqu’un découvre que tu planques un bouteille de digestif dans ton lit, débrouille-toi.
– Aimer l’alcool fort (d’où la bouteille de Cognac vide). Pour tuer le temps, on entame la mirabelle. Y’a pas une petite chip’ qui traîne pour faciliter la descente ? Si ? Ah, elle est molle, ok…
– A chaque fois, c’est pareil : on sait très bien, pertinemment, par coeur, qu’il n’y a pas internet là-bas. Mais on fourre quand même son Mac dans le barda « au cas où on aurait des idées à noter ». Avant, au XXème siècle, on savait se débrouiller avec ce que la nature nous donnait : du papier, un stylo et du Fanta pour la soif…
– Pas de bol, on a pris que des trucs d’intello à lire, pour être raccord avec le « je vais dans ma maison de campagne » state of mind. Et puis là, là maintenant, on ne rêve que d’un bon gros magazine people à la con. Après une recherche poussiéreuse, on tombe enfin sur des magazines : un Géo sur Nantes (juin 1999), un Paris Match avec Reinier de Monaco et enfin Burda (« Fabriquez-vous une tunique pour cent francs« ). Ok.
– Une fois l’émission de Patrick Sébastien finie, le Géo lu deux fois, y’a plus rien à faire, donc on va aller se coucher. Voilà voilà, il est 22h45… Impossible de dormir. C’est con de pas être fumeur, ça aurait pu être un bon moment, de s’allumer une clope au clair de lune.
– Se rendre à l’évidence : un temps pourri c’est encore pire à l’orée de la forêt. Chez toi au moins, les dimanches de crachin tu peux aller au ciné ou boire un chocolat. Ici, tintin les rouflaquettes, tu peux oublier les lieux collectifs à partir de 17h le samedi … Donc sache-le bien : la campagne oui, mais en étant aware of the fact que c’est un milieu nouveau.
Malgré tout, moi je l’aime quand même, cette maison de campagne. C’est mon Into the wild à moi. Pendant longtemps j’ai freiné pour y aller, comme un chat qu’on veut mettre dans l’eau. Mais aujourd’hui, je suis contente de faire des sessions « Danse avec les vaches », perdue comme Kevin Costner parmi les autochtones et leur us si particuliers.
Essaye un jour, c’est rigolo les Vosges…
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Les Commentaires
Y a toujours plein de trucs à faire, on se ressource, et même quand il fait moche, y a moyen de s'éclater.
Vive la maison de campagne !