Elle avait fait irruption en plein direct lors du JT de la chaîne russe Pervi Kanal pour faire passer un message : « Non à la guerre, Ne croyez pas à la propagande, ici. Tout le monde ment ». Nous étions le 14 mars 2022, la guerre en Ukraine venait alors de démarrer.
En dénonçant l’invasion de la Russie et surtout la propagande d’État pour faire croire au peuple russe que l’intervention militaire en Ukraine est justifiée, Marina Ovsiannikova a pris un risque énorme.
Interrogée par l’AFP tout début août, elle avait fait part de sa détermination à continuer de se battre et à dénoncer la guerre : « J’ai décidé de jouer à la roulette russe. S’ils en prennent la décision, ils m’arrêteront en un seul jour. Ça ne leur prendra qu’une seconde. »
Elle a été arrêtée ce mercredi 10 août en Russie et son appartement a été perquisitionné.
En détention provisoire en attendant son procès
Depuis son geste plein de bravoure, qui lui a valu d’être condamnée à une amende, elle était partie travailler en Allemagne pour Die Welt mais a dû revenir le mois dernier en Russie pour une affaire d’ordre familial liée à la garde de ses enfants et à un conflit avec son ex-conjoint.
« Je ne pensais pas que mon ex-mari me poignarderait dans le dos et je ne m’attendais certainement pas à un procès qui toucherait mes enfants », a-t-elle confié à France Info juste avant d’être arrêtée ce mercredi. « Et puis j’ai réalisé que si je ne revenais pas, je ne verrai tout simplement plus mes enfants pendant plusieurs années. J’ai donc décidé de retourner en Russie. »
Marina Ovsiannikova était bien consciente des risques encourus en remettant les pieds à Moscou mais tenait à poursuivre ses actions contre la guerre :
« Lorsqu’une personne, étant à l’intérieur de la Russie, parle contre la guerre, c’est beaucoup plus fort que lorsque vous êtes à l’étranger. »
Empêcher toute critique à l’encontre du Kremlin
Selon son avocat Dmitri Zakhvatov, elle a été mise en examen et interrogée, elle risque en outre d’être placée en détention provisoire en attendant un procès pour « diffusion de fausses informations ».
Au tout début de la guerre, la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a voté la modification les articles 207.3 et 280.3 du Code Pénal, qui prévoit désormais de lourdes sanctions pour quiconque, médias, ONG ou particuliers, diffuserait de « fausses informations » concernant l’action armée en Ukraine menée par la Russie. Une mesure qui empêche toute critique envers le Kremlin, ainsi que tout appel à la paix, et participe à la propagande d’État.
Marina Ovsiannikova risque dix ans de prison.
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Crédit photo : Euronews (capture)
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