Chaque année en France, une centaine de petites filles naissent sans utérus. Des milliers d’autres devront subir une hystérectomie au cours de leur vie. Jusqu’à récemment, les femmes sans utérus souhaitant devenir mère devaient faire le deuil de porter leur enfant.
Pourtant, en 2019, une première femme française a pu bénéficier d’une greffe d’utérus expérimentale qui lui a permis de donner naissance deux ans plus tard. Elle attend actuellement son deuxième enfant et deux autres candidates ont depuis été sélectionnées pour ces essais cliniques hexagonaux.
La greffe d’utérus : de l’idée folle à la pratique
En France, environ 4 500 femmes souffrent du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser, MRKH. Si elles ovulent normalement, les personnes nées avec ce syndrome congénital ne possèdent pas d’utérus et peuvent présenter des anomalies anatomiques vaginales.
Le syndrome MRKH n’est pas le seul responsable de l’absence d’utérus puisque certaines patientes sont également contraintes de subir une hystérectomie pour raisons médicales. Sans utérus, elles ne peuvent pas porter de grossesse et celles qui souhaitent devenir mères doivent se tourner vers l’adoption ou la GPA dans d’autres pays.
Pionnier des greffes utérines, le chirurgien gynécologue et oncologue suédois Mats Brännström s’est vu souffler l’idée par une patiente, il y a 25 ans. S’ensuivent des années de recherche, qui lui permettent finalement 2012 de greffer huit patientes. L’essai est un succès pour six d’entre elles et une fois leur utérus bien implanté, il « suffit » alors de procéder à une fécondation in vitro.
Ces avancées obstétricales ont attiré l’attention de nombreux pays et à l’heure actuelle, 90 femmes à travers le monde auraient bénéficié d’une greffe, pour une cinquantaine de naissances.
Des essais cliniques très prometteurs
Si ces résultats sont prometteurs et pourraient révolutionner la médecine obstétricale, ces greffes n’en sont qu’au stade d’essais cliniques. Des dizaines de femmes ont exprimé leur volonté de participer à ces essais, mais les critères de sélection sont stricts et seules trois d’entre elles ont déjà été retenues en France.
Elles devaient avoir entre 25 et 38 ans, être en excellente santé et disposer « facilement » d’un organe compatible. Afin de maximiser les chances de réussite, l’utérus peut être prélevé sur une donneuse vivante comme une mère ou une sœur, à la condition qu’elle soit en bonne santé et ait plus de 40 ans.
Entre 2016 et 2021, trois pontes américains ont transplanté 31 femmes avant de publier leurs observations en juillet dernier : parmi les patientes, 23 femmes ont toléré le greffon et 19 d’entre elles ont donné naissance, soit un taux de réussite de 83 %. À noter : outre leur absence d’utérus, ces femmes avaient notamment été sélectionnées pour leur bonne fécondité.
En France, les essais cliniques qui se déroulent actuellement à l’hôpital Foch permettront à une troisième patiente de bénéficier d’une greffe dans quelques mois. Si ces essais sont concluants et éthiquement acceptables, la greffe d’utérus pourrait devenir une procédure médicale presque comme les autres.
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Crédit photo image de une : RossHelen
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