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La Grande Braderie de la Mode fête ses 30 ans, toujours avec style contre le VIHsida // Source : Caroline Grimpel pour l'association AIDES
Actualité mode

La Grande Braderie de la Mode fête ses 30 ans, toujours avec style et contre le VIH/sida

À l’aube des dates franciliennes (du 8 au 11 juin à Pantin) et marseillaises (du 22 au 25 juin dans la cité Phocéenne) de la Grande Braderie de la Mode, la directrice de la communication et de la collecte de AIDES, Élodie Lambourde, nous éclaire sur la façon dont ce shopping solidaire sert la lutte contre le VIH/sida.

Depuis 1993, l’association de lutte contre le VIH/sida, AIDES, organise la Grande Braderie de la mode qui permet de récolter des fonds pour mener des actions concrètes. À l’occasion de la prochaine édition en juin 2023, qui mettra en vente aux Magasins généraux de BETC à Pantin (du 8 au 11 juin) et aux Docks Village de Marseille (du 22 au 25 juin), des vêtements de grandes et petites marques, à prix réduits, on a voulu en savoir plus sur le pourquoi du comment d’une telle initiative solidaire.

« Aujourd’hui, nous disposons de tous les outils nécessaires pour mettre fin à l’épidémie, mais il nous manque les moyens », nous explique Élodie Lambourde, directrice de la communication et de la collecte de AIDES, qui revient pour Madmoizelle sur la façon dont ce projet est né, ce qu’il permet de financer, les designers que l’on peut y trouver, et sur les autres manières de lutter.

Interview d’Élodie Lambourde sur les 30 ans de La Grande Braderie de la Mode

Madmoizelle. Comment est née l’idée de créer une Grande Braderie de la Mode afin de collecter de l’argent pour la lutte contre le VIH/sida ?

Élodie Lambourde. L’idée de créer une Grande Braderie de la Mode est née en collaboration avec le magazine Marie-Claire. Le projet initial était de financer un lieu d’accueil pour les personnes vivant avec le VIH. La première Braderie a donc vu le jour en 1993. Le milieu de la mode ayant été fortement touché par le VIH/sida dans les années 1990, il a paru évident de faire un projet en commun et c’est comme cela que la Braderie est née. L’appui de l’agence de communication BETC depuis bientôt 20 ans a permis de booster la communication autour de la Braderie et de faire évoluer l’espace de vente. C’est d’un grand soutien pour notre cause.

Pourquoi l’industrie de la mode a-t-elle un rôle particulier à jouer dans la lutte contre le VIH/sida, encore aujourd’hui ?

D’un point de vue historique, l’industrie de la mode a été très touchée par le VIH/sida au début de l’épidémie. De nombreux·ses jeunes créateurs·rices et mannequins sont décédés·es des suites du sida, dans la honte et le silence, par peur du scandale. Il s’agit notamment, comme le rappelle le journaliste étasunien Phillip Picardi dans une enquête pour Vogue en 2021, de jeunes créateurs noirs et gays comme Willi Smith, le parrain du streetwear, Patrick Kelly, le tout premier créateur de mode américain à être accepté dans la Chambre syndicale du prêt-à-porter ou encore Perry Ellis, le mentor de Marc Jacobs.

Du point de vue de la communication, nous considérons que la mode, qu’elle soit luxueuse ou qu’il s’agisse de prêt-à-porter, parle à tous·tes. C’est un bon moyen d’attirer le grand public vers nos sujets de façon plus positive que les campagnes de prévention qui peuvent sembler anxiogènes et qui ont pu émerger dans les années 2000. Nous retrouvons ce parti pris de communication « positive » dans notre événement annuel #fetelamour, qui prendra cette année la forme d’un spectacle de stand-up, le 20 juin au Théâtre des Variétés.

En 30 ans, est-il de moins en moins difficile de convaincre les marques de participer à la Grande Braderie de la mode ? Quels intérêts y trouvent-elles selon vous ?

La situation a changé depuis les années 1990. Les marques sont de plus en plus sollicitées par des projets associatifs, ce qui nous met face à un vrai enjeu de fidélisation. Mais nous constatons également que les marques, tout comme les consommateurs·rices, émettent le souhait de participer à une économie plus circulaire et solidaire. La Grande Braderie répond à ce besoin avec la vente de grandes marques à prix réduit d’articles dont les bénéfices financent la lutte contre le sida.

Qui sont les créateurs et créatrices de mode les plus en vue du moment qu’on retrouve pour cette édition de juin 2023 de la Grande Braderie de la mode, selon vous ?

Nous retrouvons pour cette édition des incontournables qui nous soutiennent depuis longtemps : Isabel Marant, Claudie Pierlot, Maje, Agnes B, Jerome Dreyfuss, Christian Louboutin et Chloé. Les 30 ans de la Grande Braderie seront également l’occasion de redécouvrir de super marques qui nous ont rejoints il y a quelques années comme Tajine Banane, Hod Paris, Frnch ou Zyga.

Trouve-t-on des sélections mode semblables à Pantin (du 8 au 11 juin) et Marseille (du 22 au 25 juin) ? D’ailleurs, comment se fait la répartition entre l’Île-de-France et le Sud ?

La majorité des dons sont centralisés à Paris et nous reversons 20% des pièces collectées à la braderie de Marseille. De son côté, Marseille est aussi soutenue par des marques locales. Pour ce qui est du parrainage, celui de Pantin change à chaque édition alors qu’à Marseille, Jocelyn Meire (fondateur de FASK – école confection textile) parraine la vente depuis quelques années.

Comment choisissez-vous le parrain ou la marraine de chaque édition de La Grande Braderie de la Mode ?

Nous choisissons une personnalité sensible à notre cause et désireuse de mettre en lumière la lutte contre le sida à travers notre événement de shopping solidaire. Cette année, il s’agit d’une personnalité très fidèle : Daphné Bürki qui avait déjà été marraine de notre événement en 2010. En plus, d’être une personnalité reconnue pour ses goûts très affirmés en matière de mode, Daphné est très engagée et apporte son soutien à notre cause dès que son agenda très chargé le permet.

Combien rapporte chaque Grande Braderie de la Mode environ et qu’est-ce que cela permet de financer concrètement ?

Chaque édition de la Grande Braderie permet de collecter en moyenne 200 000 €, soit l’équivalent du coût d’un million de préservatifs ou de 35 000 kits de dépistage rapide du VIH.

Par rapport à vos autres moyens de collectes, la mode doit représenter un sacré défi logistique, alors pourquoi choisir un tel challenge ? Le jeu en vaut-il encore la chandelle ?

La Grande Braderie de la Mode fête ses 30 ans cette année. En ce laps de temps, nous avons réussi à mettre en place un fonctionnement efficient grâce à l’implication de nos militant·es et des bénévoles, essentiels pour la gestion logistique au quotidien. La Grande Braderie est complémentaire avec nos autres dispositifs de collecte, elle permet de toucher un public très large grâce à la diversité des produits disponibles dans lesquels chacun peut trouver satisfaction. Au total, 9 millions d’euros en 30 ans pour la lutte contre le sida en Île-de-France et en PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), les régions les plus touchées en France par l’épidémie de VIH/sida, ont été collectés.

Après les confinements, avec la pandémie de Covid qui persiste, mais aussi l’inflation qui grève le budget des Français et Françaises, craignez-vous une baisse de la mobilisation pour la Grande Braderie de la Mode ?

Le soutien des marques perdure malgré un contexte tendu, la fidélité est au rendez-vous, même si les plateformes de seconde main sont des vraies concurrences pour nous qui génèrent une baisse des volumes de donation.

À lire aussi : Emmaüs tacle Vinted pour appeler aux dons de vêtements, mais la réalité s’avère moins binaire

La mobilisation de la clientèle autour de la braderie est quant à elle croissante, car la braderie offre la possibilité d’accéder à des pièces de qualité à petits prix, donc avec le contexte économique, c’est une vraie opportunité pour les client·es. Beaucoup nous disent attendre la braderie pour pouvoir se faire plaisir !

Que répondriez-vous aux personnes qui trouveraient que proposer des vêtements de première main a un impact trop négatif sur la planète, et que la lutte contre le VIH/sida ne devrait pas se faire au détriment des luttes écologiques ?

Les ventes solidaires jouent un rôle aussi dans l’économie circulaire en proposant majoritairement les fins de stock des marques participantes. De plus en plus de marques qui nous rejoignent ont un engagement écologique dans les matières utilisées et les méthodes de production. Cela nous tient à cœur.

La seconde main pour le moment n’est pas à l’ordre du jour, car cela représenterait une logistique supplémentaire trop importante. D’autant plus que d’autres associations, comme Emmaüs, le font déjà.

Quels seraient vos conseils pour réussir sa virée shopping pour La Grande Braderie de la Mode ?

Nous vous demandons d’apporter votre propre tote-bag pour éviter d’avoir à consommer des sacs plastiques. Nous vous conseillons également de venir en tenue confortable et, surtout, avec des good vibes : la Braderie c’est aussi un super moment convivial, d’échange et de joie !

Outre la Grande Braderie de la Mode, constatez-vous une diminution des dons, mais aussi de la vigilance et de l’intérêt du grand public dans la lutte contre le VIH/Sida, alors que la pandémie de Covid nous a montré que des politiques publiques fortes en matière de santé et prévention pouvaient stopper un virus ?

Concernant la Grande Braderie de la Mode, nous constatons une baisse du nombre de donateurs·ices depuis quelques années, qui est contrebalancée par une clientèle de plus en plus en recherche de bonnes affaires et de petits prix, qui nous permet de maintenir des résultats très satisfaisants. Nous avons ainsi battu notre record de collecte l’année dernière avec 300 000 euros collectés sur l’édition de décembre 2022.

Pour ce qui est de la vigilance et de l’intérêt du grand public, nous sommes aujourd’hui face à un manque d’information de la population générale sur les modes de transmission et sur Indétectable = Intransmissible. Nous nous attelons à faire changer cette situation tous les jours sur le terrain et à travers nos campagnes. Sur ce point, nous aimerions effectivement bénéficier de davantage de soutien de la part des pouvoirs publics. Aujourd’hui, nous disposons de tous les outils nécessaires pour mettre fin à l’épidémie, mais il nous manque les moyens.

La comparaison avec le Covid connaît tout de même une limite : le VIH est un virus très malin, qui évolue beaucoup et contre lequel il n’a pour le moment pas été possible de trouver de vaccin.

Quelle est la question que l’on ne vous pose pas assez au sujet de la Grande Braderie de la Mode ?

Le grand public a tendance à oublier quels enjeux se cachent derrière la Grande Braderie et les actions de AIDES concernant, de façon globale, la lutte contre le sida. Nous souhaitons parvenir à 2030 sans sida en France, avec un objectif de zéro transmission du VIH. Je le rappelle : cela est possible d’un point de vue technique avec des outils comme le dépistage, la Prep, le Tasp (Traitement comme prévention) ou le TPE (Traitement Post-Exposition). Nous avons désormais besoin d’une vraie volonté politique accompagnée de moyens adaptés.

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La Grande Braderie de la Mode de l’association AIDES aura lieu aux Magasins généraux de BETC à Pantin du 8 au 11 juin, ainsi qu’aux Docks Village de Marseille du 22 au 25 juin.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

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