Aux éditions Stock
La grammaire, c’est chiant. Constat rude et néanmoins universel, formulé de la classe de CP jusqu’à la fac de lettres. Jeanne, dix ans, est assez d’accord. Sa prof de français décortique La Fontaine munie d’un enthousiasme communicatif, mais alors, la grammaire, le mot seul lui fiche un mal de crâne féroce. Quant à son frère aîné, n’en parlons pas : les mots, c’est pas son truc.
Et puis, rejoignant leur père de l’autre côté de l’Atlantique, ils font naufrage. Le frère et la sœur émergent miraculeusement sur une île, sains et saufs. Une seule chose leur manque : les mots. Débarquent alors Monsieur Henri et son neveu, le Sublime. Le premier est passionné de rimes et le second, invariablement ventousé à sa guitare. Ils se chargent des nouveaux venus et leur feront redécouvrir les mots.
Qu’est-ce que ça peut bien faire de sa journée, un mot, quand on ne l’utilise pas ? Dans La grammaire est une chanson douce, il se balade, il se choisit des adjectifs, il polit ses voyelles, il s’accorde. Parfois il se fait dévorer par un autre. Sur le marché aux mots, la femme éconduite peut acheter un mot de douleur à lancer au visage du goujat, les poètes éplorés quémander une rime rare.
Mais les ennemis du plaisir de la langue française guettent : le dictateur Nécrole et, surtout, sa grammairienne Mme Jargonos qui éructe des phrases incompréhensibles bourrées de mots de plus de quatre syllabes…
Erik Orsenna invente une vie en 3D à ces "éléments de la langue constituées d’un ou plusieurs phonèmes et susceptible d’une transcription graphique comprise entre deux blancs". Ce qui, du coup, est vachement plus sympathique et vivant qu’une définition du Petit Larousse. A défaut de réconcilier avec la grammaire, cette jolie fable fait au moins sourire.
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Les Commentaires
Orsenna, c'est un bonheur à chaque fois...