Il y a quelques semaines, la critique du téléfilm Qu’est-ce qu’elle a ma famille ? déclenchait les passions sur Madmoizelle, preuve que le sujet de la gestation pour autrui continue de créer des remous, notamment chez les féministes.
Ce téléfilm a été l’opportunité pour l’Association des familles homoparentales (ADFH) de faire le point sur l’acceptation de la GPA en France, comme elle le fait régulièrement depuis plusieurs années. Un sondage de l’Ifop réalisé pour l’association et le média Têtu donne un aperçu de l’avis des Français et des Françaises en ce début d’année électorale.
La GPA, une pratique interdite en France
La gestation pour autrui est une pratique d’aide médicale à la procréation qui permet à un couple ou une personne seule (les parents d’intentions) d’avoir un enfant via une gestatrice (ou mère porteuse), qui va mener à terme une grossesse. L’enfant à naître est conçu par fécondation in vitro, soit avec les gamètes du couple, soit avec ceux d’un donneur et/ou d’une donneuse.
À ce jour, la pratique de la GPA est interdite en France et les personnes qui souhaitent y accéder et ont les moyens financiers de le faire doivent se rendre dans d’autres pays, notamment aux États-Unis ou au Canada, mais aussi pendant longtemps en Ukraine, ou jusqu’à encore récemment en Inde, qui l’a depuis interdite aux couples venant de l’étranger.
Si elle est si clivante, c’est parce que la GPA touche notamment au principe de l’indisponibilité du corps humain inscrit dans le droit français. C’est selon ce principe que l’on interdit par exemple toute commercialisation d’organes, de gamètes, d’embryons.
Une majorité des Français favorable à la GPA
Depuis 2014, l’ADFH (Association Des Familles Homoparentales) a observé que l’adhésion à la GPA est en augmentation. On constate néanmoins qu’elle n’évolue pas aussi vite selon qu’elle concerne un couple hétérosexuel (75%) ou un couple de même sexe (59%) :
La question de l’amélioration de l’image des femmes qui acceptent d’être mère porteuse a aussi connu une évolution : les trois quarts des répondants ont une perception positive des femmes qui choisissent d’aider une famille en portant un enfant. La question des motivations n’est cependant pas abordée dans l’enquête Ifop.
L’enjeu de la rémunération ou non d’un tel acte est aussi abordé : si la France légiférait sur la GPA et venait à l’autoriser,« 48% soutiennent le principe d’une rémunération des mères porteuses, 52% s’y opposent » parmi les personnes favorables à la GPA. C’est donc un point particulièrement sensible qui fait encore débat.
La GPA, un enjeu dans la campagne ?
Aujourd’hui, l’ADFH défend justement la pratique d’une GPA dite éthique, c’est-à-dire non seulement autorisée, mais aussi encadrée, altruiste et basée sur une volonté d’aider un couple à avoir des enfants et non rémunérée.
La GPA reste un sujet hautement sensible, y compris parmi les féministes. Certaines font un parallèle avec le travail du sexe et s’opposent à la pratique de la GPA au motif qu’il s’agit d’une marchandisation du corps des femmes. D’autres y sont favorables notamment pour réguler et prévenir ainsi les risques d’exploitation.
« C’est précisément en prohibant la GPA qu’on encourage les trafics et les filières parallèles, les séjours procréatifs à l’étranger dans des pays aux pratiques douteuses, et même une pratique clandestine en France », affirmait Alexandre Urwicz, président de l’ADFH dans une tribune pour le quotidien La Croix.
Ce sujet parviendra-t-il pour autant à se frayer un sujet dans les thèmes abordés dans la campagne ?
À ce jour, aucun candidat à la présidentielle ne se positionne clairement en faveur de la GPA. Au contraire, certains ont inscrit dans leur programme le maintien, voire le renforcement de son interdiction, comme Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse ou encore Nicolas Dupont-Aignan.
En outre, le candidat Yannick Jadot est le seul à mentionner dans son programme la transcription de l’acte de naissance des enfants nés de GPA à l’étranger, sans toutefois faire part d’une opposition claire.
Reste qu’à ce jour, aucun prétendant à l’Élysée n’a pris le risque d’ouvrir un débat sur sa possible légalisation…
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Crédit photo : Leah Kelley via Pexels
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