C’est un constat qui émergeait déjà bien avant la pandémie de Covid-19 : la génération Z serait frappée par un sentiment de solitude générale, largement supérieur à celui des générations précédentes.
Et on aurait donc tort de reporter la faute sur le seul contexte de crise sanitaire, de la même manière qu’il serait très réducteur de ne blâmer que l’utilisation des réseaux sociaux, le bouc émissaire préféré des boomers.
Alors c’est quoi le problème ? Pourquoi les adolescents et jeunes adultes nés entre 1997 et 2010 rapportent un sentiment de solitude plus important et plus fréquent ?
Le symbole d’une évolution des rapports familiaux ?
Daniel Cox, directeur du Survey Center on American Life, estime dans une tribune sur Insider, qu’il « découle d’expériences formatrices radicalement différentes » de leurs aînés.
Il ajoute qu’il faut regarder du côté de leurs parents et de l’évolution de la cellule familiale pour le comprendre. L’institut de sondage montre par exemple dans une récente étude que contrairement aux générations précédentes, les jeunes Américains des années 2020 partagent moins de moments de convivialité avec leurs proches, notamment de repas de familles.
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Le sondage évoque aussi la question des « parents hélicoptères », ces parents très engagés et très présents dans la vie de leur enfant, notamment au niveau scolaire, qui surplombent (d’où le terme hélicoptère) l’évolution de leur progéniture pour leur assurer le meilleur.
« Les parents d’aujourd’hui investissement énormément de temps à chercher des opportunités de fournir à leurs enfants des expériences uniques et des compétences pour leur permettre d’accéder à l’université ou à une carrière. »
La parentalité actuelle a tendance à valoriser les activités aux vertus pédagogiques, celles dont le pouvoir ludique va aussi nourrir l’enfant, lui faire acquérir nouveaux savoirs et connaissances. Fini, le jeu pour le jeu, il faut que notre progéniture en retire forcément quelque chose.
Et selon le sondage américain, cela a des conséquences : cette attention particulière fait naître des attentes chez les parents, et donc une forme de pression sur les épaules des jeunes issues de la génération.
« Sortir du lot est le nouvel impératif. Dès le plus jeune âge, on nous apprend à être des leaders, pas des suiveurs. Des influenceurs, et pas des personnes qui se laissent influencés », résume Daniel Cox. Il cite l’exemple du choix des prénoms et de son évolution en quelques décennies. Les parents d’aujourd’hui veulent que leur enfant se démarque, alors que les parents des années 60 optaient pour des prénoms plus simples, populaires, qui avaient déjà fait leurs preuves, pour que leur enfant ne soit pas en décalage avec les autres.
Pour Daniel Cox, ces signaux montrent que l’expérience individuelle est privilégiée face à celle du collectif, et que cela renforce une forme déconnexion sociale.
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Crédit photo : Andrea Piacquadio via Pexels
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