La France interrompt les procédures d’adoption d’enfants ukrainiens jusqu’au 31 décembre 2023. Cette décision, qui vise avant tout à protéger les mineurs, est symbolique puisque depuis février 2022, il n’est en pratique plus possible d’adopter d’enfants en Ukraine. Cette mesure permet cependant de questionner les plus White Savior d’entre nous, qui envisagent encore l’adoption internationale comme une excellente alternative pour « secourir » les orphelins de guerre.
Protéger les enfants sans les déraciner
À l’heure où la Russie s’illustre dans une campagne ignoble de « Désukrainisation », plus de 240 00 enfants ukrainiens pourraient avoir été déplacés depuis février avant d’être adoptés par des familles russes, au terme de procédures d’adoption rudimentaires. Ces déracinements inhumains sont malheureusement courants en temps de crise, tant de la part de gouvernements qui procèdent ainsi à de véritables stratégies d’effacement que de la part de réseaux qui profitent du chaos pour « venir en aide à des familles prêtes à avoir un enfant à tout prix ».
Anne Royal, la présidente de la fédération Enfance & Familles d’Adoption, le rappelle dans les pages du quotidien Libération : même pétri des meilleures intentions, on n’adopte pas un enfant d’un État en guerre. En cas de crise humanitaire, la solution miracle n’est pas d’envoyer les orphelins vivre dans des pays inconnus dont ils ne maîtrisent ni la langue, ni les codes. L’adoption internationale ne devrait être envisagée qu’en tout dernier recours tant elle peut être traumatisante pour un enfant que l’on arrache à son pays, à sa culture et à ses proches.
« L’adoption n’est pas un geste de sauvetage d’un enfant (…) Il est aujourd’hui plus important de s’occuper des enfants déplacés et de répondre à leurs besoins alimentaires (…) Il faudra du temps pour vérifier que les enfants qui ont perdu leurs parents ne peuvent pas être pris en charge par leur entourage. Cela peut prendre des années. Ils ont des oncles et tantes, des grands-parents, qui vont sûrement se réunir après la guerre. »
Anne Royal, Libération, 10 mars 2022
Les procédures d’adoption repoussées jusqu’au 31 décembre 2023
Le 7 mars 2022, la France a suspendu les procédures d’adoption d’enfants ukrainiens pour une durée de trois mois, puis jusqu’au 31 décembre 2022. Face à la situation actuelle, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna a finalement prolongé cette interruption jusqu’au 31 décembre 2023. Cette décision symbolique s’appuie sur différentes conventions internationales couvrant le droit et la protection des enfants notamment dans le cadre de l’adoption.
Dans les faits, une dizaine d’enfants sont adoptés chaque année en Ukraine et la loi sur l’adoption du 8 février 2022 pourrait mettre un terme définitif aux adoptions dans ce pays. Selon cette loi, les parents titulaires d’un agrément doivent désormais s’adresser à un intermédiaire tel que l’Agence française de l’adoption ou un organisme agréé pour être mis en contact avec des enfants. L’Ukraine en revanche, n’accepte que les démarches individuelles.
Quels que soient les accords habituels passés entre la France et l’Ukraine en termes d’adoption, la décision de la France est importante. En temps de crise, les enfants sont toujours les premières victimes d’adultes prêts à tout pour assouvir leur cupidité et imposer leurs idéologies.
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Crédit photo de Une : Piron Guillaume / Unsplash
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