Regarder l’étiquette de composition d’un vêtement qui nous intéresse peut constituer un bon réflexe pour se faire une idée de la respirabilité, durabilité, et même biodégradabilité de la pièce. Si les matières synthétiques (comme le polyester) ont l’avantage de coûter très peu cher, leur production et fin de vie pose des soucis écologiques. De l’autre côté, les matières naturelles comme le coton, la laine ou la soie s’avèrent beaucoup plus chères. Entre les deux, les matières artificielles, c’est-à-dire avec une base naturelle traitée chimiquement, restent mal comprises par le grand public. C’est le cas par exemple de la viscose (fabriquée à partir de cellulose de bois) ou du lyocell (à partir de cellulose d’eucalyptus généralement). Une innovation vient grossir les rangs des matières artificielles : une fibre textile tissée à base de lait.
Recycler les tonnes de laits gaspillées et jetées en vêtements durables
Le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) et le Centre européen des textiles innovants (CETI) développent en effet une nouvelle matière à partir des tonnes de lait impropre à la consommation gaspillées chaque année en France, rapporte le média spécialisé Fashion Network.
En fait, cette innovation s’avère vieille de près de 90 ans. Dans les années 1930, on avait déjà réussi à obtenir des fibres en caséine (protéine du lait) pouvant être tissées de manière à être utilisées comme de la laine. Or, cette production, coûteuse sur les plans écologiques et financiers, n’a pu être déployée à l’époque. Mais aujourd’hui, les progrès techniques rendent possible une meilleure exploitation, et à plus grande échelle.
Comment transformer du lait impropre à la consommation en vêtement ?
Depuis 2011 la société allemande QMilch Gmbh s’y essaye, tout comme l’entreprise italienne Duedilatte, qui s’est lancée en 2013. Chacune de leur côté, elles améliorent ce processus de recyclage de lait impropre à la consommation en fibre textile d’origine naturelle et biodégradable, qui réduit donc le gaspillage. De quoi fournir de nombreuses marques en cette matière d’avenir que la France veut désormais développer sur son sol. Chaque année, l’Hexagone jette 7,4 millions de litres de lait… qui pourraient ainsi devenir plutôt des vêtements.
L’opération consiste à isoler la caséine, ajouter un acide afin d’en écrémer la partie liquide, et de laisser sécher pour obtenir une poudre qui pourra ensuite être filée. On peut alors en tirer différentes textures, semblables à la laine, le coton, ou la soie, qui auraient l’avantage d’être compostables, thermorégulatrices, hypoallergéniques, et même ignifuges.
Certaines marques françaises s’y adonnent déjà, relève également Fashion Network qui cite les culottes en coton de lait Germaine des Prés et la dernière collection du créateur Mossi Traoré. Et plus les entreprises seront nombreuses à s’y essayer, plus la technologie pourra se développer et se démocratiser à des prix plus accessibles. Alors, les produits laitiers seront-ils les amis de nos dressings pour la vie ?
À lire aussi : Avant 10 ans, les shorts des filles sont déjà plus courts que ceux des garçons
Crédit photo de Une : Capture d’écran de l’eshop de Mossi.
Les Commentaires
La filière laitière française en chiffres