Le 1er septembre 2021
« Comment réagiriez-vous si votre enfant, votre frère ou sœur, ou une personne proche de votre famille faisait son coming-out en tant que gay, lesbienne ou bisexuelle/transgenre ou non-binaire ? »
C’est entre autres à cette question que des personnes issues de huit pays occidentaux (l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Suède, les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie et la France) ont répondu, pour Yougov.
L’étude a posé la question de l’acceptation des personnes LGBTI+ par leurs proches en distinguant l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Et de fait, la réponse n’est pas la même. Dans tous les pays, l’acceptation des personnes gays, lesbiennes et bisexuelles est plus importante que celles des personnes trans ou non-binaire.
L’Espagne apparait comme le pays le plus avancé en matière d’acceptation des personnes LGBTI+, suivie par la Grande-Bretagne et l’Italie. Chez nos voisins de l’autre côté des Pyrénées, 91% des répondants soutiendrait un proche homo ou bisexuel, 87% un proche trans ou non-binaire.
Quand à la France… eh bien sur les huit pays, elle occupe la dernière place. La France moins tolérante que la très catholique Italie où une loi contre les discriminations crée la division, ou bien que les États-Unis ? On peine un peu à y croire.
Une tolérance de façade ?
Avec des avancées au cours de la dernière décennie – l’ouverture du mariage aux couples de même sexe en 2013, la facilitation du changement d’état civil pour les personnes trans en 2016, la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires tout récemment, on aurait été en droit d’espérer voir reculer drastiquement l’hostilité envers les personnes LGBTI+.
À moins que cette acceptation ne soit que très théorique ? Il y a une différence entre tolérer de voir des personnes LGBTI+ dans les médias ou dans la rue et voir ses convictions bousculées parce qu’un ou une proche fait son coming-out et attend d’être accepté, soutenu, respecté pour qui il ou elle est.
Il est sans nul doute plus facile de tolérer quelque chose qui est loin de soi. Cela conforte même parfois certaines idées reçues sur ce que sont ou ne sont pas les personnes LGBTI+.
À cette perspective, on se dit finalement que oui, cette campagne de Santé Publique France qui ne nous avait pas franchement convaincues au printemps dernier – avec ses « Mon pote est gay », « Ma coloc est lesbienne » – n’est peut-être pas si à côté de la plaque. Peut-être que les Françaises et les Français ont réellement besoin qu’on valorise leur tolérance pour ne plus se comporter comme des déchets quand leur enfant ou leur proche fait son coming-out ?
L’association SOS homophobie, qui publie tous les ans un rapport sur les LGBTIphobies en France, a fait part de son désarroi, rappelant notamment que la crise sanitaire et les confinements successifs ont pu jouer un rôle en mettant en lumière la stigmatisation qui peut encore exister dans certaines familles :
Des données à prendre avec des pincettes ?
Les données présentées par Yougov sont néanmoins à prendre avec prudence.
En 2019, une étude de l’Ifop pour la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais montrait des résultats sensiblement différentes. 72% des personnes interrogées affirmaient qu’elles « accepteraient bien le fait que leur enfant soit homosexuel ». On est loin du 57% obtenu par Yougov — dont on ignore comment il a interrogé son échantillon !
La question n’est cependant pas posée concernant la réception d’un coming out trans.
Dans la même étude, on découvre aussi que 25% des personnes interrogées sont mal à l’aise à l’idée qu’un de leurs enfants vienne à une réunion de famille avec un conjoint du même sexe.
Difficile, donc, de savoir à quel point ces chiffres Yougov sont fiables, mais on peut l’affirmer malgré tout : la France a encore du chemin à faire pour se débarrasser totalement des LGBTIphobies.
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Crédit photo : Denin Lawley via Unsplash
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