Elles sont partout : sur les bus, dans le métro parisien, sur les kiosques, dans les gares, et sur tout l’Internet bien sûr.
Les affiches de La Flamme envahissent la France de leur savante kitscherie.
Et pour cause, ce programme est la toute nouvelle création originale de Canal+, qui ne fait jamais les choses à moitié quand il s’agit de promouvoir ses bébés.
Ainsi, la chaîne cryptée a mis le paquet sur la com, jusqu’à provoquer une attente toute curieuse chez ceux qui ont croisé l’affiche au moins une fois.
Mais alors le jeu en valait-il la chandelle ? Le programme est-il à la hauteur de l’égo de son personnage principal ?
La Flamme, de quoi ça parle ?
Marc est beau, Marc est pilote, Marc est mégalo, et Marc est surtout un peu con.
Le nouveau cœur à prendre de l’émission de téléréalité La Flamme ne laisse personne indifférent, et surtout pas ses 13 soupirantes, toutes prêtes à lui passer la bague au doigt.
C’est qu’il en jette Marc, moulé dans ses costumes gris souris. Dommage qu’il ne comprenne rien à rien et soit totalement à côté de la plaque en toutes circonstances.
Rien ne fait peur à Marc, et surtout pas le ridicule, dans lequel il se vautre malgré lui.
Ainsi, il use et abuse de punchlines racistes en voulant bien faire, se moque d’une de ses prétendante aveugle, et développe une haine quasi-viscérale pour la plus altruiste des filles de la bande.
Vous l’aurez compris, La Flamme est une parodie du Bachelor, ce programme misogyne et un rien nauséabond diffusé aux Etats-Unis depuis 2002, et auquel la France s’est empressée de pondre une petite sœur.
Un programme basé sur un concept très simple : une dizaines de femmes se disputent l’amour d’un « gentleman » et s’affrontent lors d’épreuves pour remporter des rencards avec leur bellâtre en costume.
La Flamme un hommage aux mockumentaries américains
La Flamme s’inspire aussi et surtout de Burning Love, une série américaine d’Erica Oyama parodiant déjà le Bachelor, diffusée de 2012 à 2013 sur la chaîne E!.
Mais pas que ! On imagine aisément ses créateurs s’ébaudir devant The Office, Parks and Rec, ou encore Arrested Development, parodies loufoques de documentaires aux castings toujours impressionnants.
Ainsi, dans La Flamme, le tout people se presse aux portes de la villa, de Jonathan Cohen (qui réalise, coscénarise et incarne Marc), à Florence Foresti en passant par Ana Girardot, Géraldine Nakache, Doria Tillier, Vincent Dedienne, Adèle Exarchopoulos, Camille Chamoux, Leïla Bekhti, Léonie Simaga, Céline Sallette, et j’en passe.
La liste des comédiens français se prêtant au jeu du Bachelor le plus beauf jamais créé est si longue qu’elle est ardue à restituer de manière exhaustive.
Et c’est ce qui fait, bien sûr, l’un des gros atouts charmes d’une série – qui par ailleurs n’en manque pas.
Bien ancré dans ses racines américaines, La Flamme est drôle. Très drôle même.
Toutefois, il nous a fallu plus d’un épisode pour laisser le malaise forcément instauré par la bêtise mêlée à la misogynie ultime de son protagoniste principal au placard, et pénétrer franchement l’humour gênant de La Flamme.
La Flamme, entre rires et gêne
Difficile de savoir si l’on rit ou si l’on rit jaune devant La Flamme, qui met sur les épaules de son héros plus de tares qu’il est commun d’en voir dans la vie réelle.
Égoïste, mégalo, macho, Marc aime les femmes qui ont de la conversation, mais pas celles qui « en ont trop », Marc aimerait bien tomber amoureux d’une femme noire car ça ne lui est jamais arrivé, Marc remet en doute la cécité d’une prétendante car elle l’a battu au bowling : bref, Marc est abject malgré lui, et provoque même le désespoir du présentateur de l’émission (l’éminemment drôle Vincent Dedienne).
Profondément insupportable, il devient en quelques secondes un héros qu’on adore haïr, au point que la moindre rébellion de ses prétendantes contre lui devient un plaisir jouissif et assumé.
La chape de franche absurdité qui recouvre le programme de Jonathan Cohen dédouane totalement les personnages de leurs propos aberrants, et c’est ce qui permet une entrée finalement assez rapide dans la série.
Cet humour frisant la gêne permet au spectateur d’être totalement mal à l’aise, puisqu’il est forcé de rire à des situations problématiques.
La Flamme est donc un rien politiquement incorrect, comme les programmes dont il tire son aplomb.
La Flamme, un casting féminin fascinant
Si Jonathan Cohen est aussi excellent qu’à l’accoutumée, le regard se porte surtout, dans La Flamme, sur les protagonistes féminins. Le casting très dense essentiellement composé de femmes, Bachelor oblige, fait la part belle aux talents de ses interprètes.
Leïla Bekhti, Doria Tillier, Léonie Simaga sont toutes absolument hilarantes dans leurs rôles.
Mention spéciale à Camille Chamoux, dont le personnage sans culotte de Chatalere (on vous laisse prononcer ce nom à haute voix) est d’une drôlerie peu commune.
La « vulgarité » assumée de la série, qui ne fait jamais dans la dentelle (surtout pour couvrir Chatalere), a une dimension très rafraîchissante à l’heure de programmes aseptisés tels Emily in Paris.
Et c’est sans doute grâce au talent de Jonathan Cohen couplé à celui de Jérémie Galan et de Florent Bernard.
Toutefois, et c’est bien dommage, la série s’engage parfois sur des sentiers problématiques, qui font perdre des points de modernité au produit entier.
Pour camper une femme noire dans la série, pas de femme mais juste Youssef Hajdi avec une perruque.
Entre ce personnage et celui de Leïla Bekhti, empêtré dans les clichés sur les lesbiennes, le programme essuie quelques blagues de mauvais goût qui ternissent un peu son humour.
Mais pas suffisamment tout de même pour qu’on s’empêche de vous la recommander. Car elle reste drôle. Très drôle.
En tout cas, ce qui est sûr, c’est que La Flamme n’a pas fini de faire parler d’elle.
Pour découvrir le début du programme, rendez-vous lundi 12 octobre sur Canal+, qui exceptionnellement diffusera ses premiers épisodes en clair.
À lire aussi : La youtubeuse Crazy Sally dénonce l’invisibilisation des vidéastes noires sur la plateforme
Les Commentaires
C'est établi que c'est clairement une fiction et que tout le monde est acteur, tout en traitant des personnalités extrêmes et névrosées. J'aime le melting pot des personnalités qu'on ne voit pas forcément ensemble.
Je suis sortie du visionnage avec le sourire et un esprit un peu plus léger, en tout cas.
Ce Pierre Niney, sa beauté est scandaleuse, par contre... uppyeyes:uppyeyes:
J'ai vraiment du mal avec l'actrice Doria T et son personnage, mais bon, chacun ses préférences