Raphaëlle est de ces filles banales qui mènent une vie étriquée. Contrainte par ses parents à trouver un job d’été, elle pousse la porte d’une boutique kitch de robes de mariée et se fait engager comme vendeuse. C’est là qu’elle rencontre Lola, une jeune femme délurée qui va l’embarquer dans des histoires de mensonges et de communauté secrète, un peu (beaucoup) à la Fight-Club.
Le mariage, en toile de fond, en prend plein la figure. Le défilé de couples prêts – ou presque – à convoler est prétexte à des réflexions croustillantes mais un peu convenues. Il y a d’un côté les futures mariées, condamnées à mener une existence fade et de l’autre ces salopards de mecs à qui la moindre démarche chaloupée fait tourner la tête.
Disons qu’avec une bonne dose de mauvaise foi, on marche dans l’idée « le bonheur marital est un mensonge ». Les portraits des presques mariées achèvent de nous convaincre.
Le grand talent d’Audrey Diwan, c’est d’ailleurs dans ses descriptions fines et drôles des personnages et des décors qu’on le trouve. Premières phrases du livre :
« Les premiers symptômes sont apparus très tôt. Mes ongles sont devenus rouges, un rouge vif de supermarché, légèrement écaillés au bout, comme ceux des putes ou des femmes de ménage ».
Le ton est donné, nous sommes à Barbès, capitale du cheap et des fleurs en plastique.
La multiplication des métaphores donne une écriture très imagée. Complexe de la journaliste qui veut être écrivain ? Non, le style reste efficace et précis.
Et puis il y a des petites perles, de celles qu’on n’explique pas. « Est-ce qu’elle savait qu’elle était jolie, à force d’être à l’aise ? », se demande Raphaëlle, fascinée par une Lola plus vulgaire et manipulatrice que jamais.
Enfin on retrouve un vrai récit, avec un début, une intrigue et une fin. C’est ce que la lecture de ce livre a de mieux à offrir : du bon divertissement.
La Fabrication d’un mensonge, Flammarion, 15€
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