Marie-Charlotte Garin, députée de la 3ᵉ circonscription du Rhône et co-responsable du pôle féminisme au sein d’Europe Écologie les Verts, s’est présentée le 28 juin 2022 à l’Assemblée Nationale, vêtue d’une robe particulière. Il s’agit du même modèle que portait Cécile Duflot lorsqu’elle avait été sifflée et injuriée de façon misogyne dans l’hémicycle le 17 juillet 2012.
Ce geste symbolique permet d’inscrire une forme de filiation et de sororité entre deux écologistes de générations différentes, mais aussi de souligner l’impératif de changer les pratiques sexistes qui gangrènent encore l’Assemblée Nationale. Marie-Charlotte Garin a d’abord tweeté en légende d’une photo de ses jambes dans l’hémicycle : « Ouverture de la XVIe législature et un parfum de transmission dans l’air… »
Après ce premier tweet laconique, la députée Nupes – qui appartient fièrement à la communauté LGBTI+ comme le rappelle le média Lesbien Raisonnable – a alors rajouté en retweetant une vidéo de La Chaîne Parlementaire où elle commentait son geste :
« Merci Cécile Duflot d’avoir été de celles qui ont ouvert la voie pour les femmes en politique, et pour la transmission d’une écologiste à l’autre. Je nous sais nombreuses et déterminées au sein de la NUPES pour défendre les droits des femmes et des minorités sur ce mandat. »
Cécile Duflot elle-même a alors salué son geste, en tweetant le même jour :
« Après le musée… L’histoire des femmes se tricote entre générations. Bonne chance à la benjamine des députés écolos et à tous les parlementaires qui auront au cœur de leur action le combat pour l’égalité, la justice sociale et le climat. »
En effet, la robe signée par la marque britannique Boden avait été exposée au Musée des Arts Décoratifs, suite à cet esclandre sexiste dans l’hémicycle. Dans le cadre de l’exposition « Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale », de décembre 2016 à avril 2017, cette pièce est devenue un triste symbole de la misogynie au sommet du pouvoir, estimait Cécile Duflot auprès de France 3 :
« Comme c’est une robe d’été, je leur ai répondu [au Musée des Arts Décos] qu’ils pouvaient la garder pour cet hiver. Je la récupérerai peut-être quand l’expo sera finie mais elle ne m’appartient plus vraiment, c’est le symbole du sexisme en politique désormais. »
Voir aujourd’hui la députée Marie-Charlotte Garin porter la même robe, pile dix ans après, peut donc à la fois apparaître comme une forme de retournement du stigmate sexiste, à la fois comme un marqueur du chemin parcouru en la matière. Et tout ce qu’il reste encore à parcourir contre le sexisme qui règne encore jusque dans les plus hautes sphères politiques.
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Crédit photo de Une : Captures d’écran Twitter.
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Les Commentaires
Le geste est pour moi d'autant plus compréhensible que j'ai vu, en regardant la vidéo, d'autres femmes présentes avec vestes et écharpes, certaines se ventilant avec un bout de papier plié. Il fait chaud, et le code dress en devient manifestement d'un ridicule absolu puisque non adapté à la chaleur. Je sais qu'on doit le réchauffement global aux gouvernements, mais quand même.