Depuis que le voile a été partiellement levé sur le tabou du plaisir féminin, il est plus facile d’avouer se tripoter devant des films porno sans rougir de honte. La petite révolution qui a eu lieu en termes d’éducation sexuelle, le boom des plateformes X au contenu éthique et la myriade de sextoys à disposition ont, entre autres, ouvert en grand les portes du plaisir solitaire pour les personnes à vulve.
Le tout, possiblement facilité par le contexte de la pandémie, qui nous a forcées à nous replier sur nous-même et à prendre soin de notre corps. Car le bien-être passe aussi par le plaisir ! Et qui de mieux placé que nous-même pour savoir comment prendre notre pied ?
Dans le second volet de son observatoire européen de la sexualité féminine pour la plateforme de contenus pour adultes Pokmi, l’Ifop confirme cet « essor sans précédent de la masturbation féminine » depuis le début de la pandémie. En 2020, les Françaises, Italiennes, Espagnoles, Allemandes et les Anglaises étaient 56 % à s’adonner au plaisir solitaire contre 41 % en 2017. Un sacré bond de l’auto-satisfaction en à peine trois ans !
La masturbation ne connaît pas la crise
Dans son premier volet, l’Ifop concluait à une baisse de libido chez les Européennes, qui non seulement avaient moins de rapports avec leur partenaire, mais étaient également moins satisfaites de leur vie sexuelle et plus rebutées par les actes de domination au lit. Pourtant, il semblerait qu’elles ne rechignent pas à se donner elles-mêmes du plaisir…
Est-ce la solitude qui a poussé les Européennes à se toucher davantage ? Pendant le confinement, qualifié de l’âge d’or de la masturbation, cloîtrées entre les quatre murs de leurs appartements, rongées par l’ennui ou la quête de soi, dans l’impossibilité de faire de nouvelles rencontres ou de rejoindre leur partenaire, beaucoup de personnes se sont tournées vers l’onanisme.
Si l’Ifop observe une hausse générale de la pratique, tous les pays ne sont pas égaux face à cette montée d’auto-satisfaction. Les Françaises (56 %) restent celles qui se masturbent le moins, tandis que nos voisines britanniques (65 %) et espagnoles (70%) arrachent les deux premières places du podium du plaisir solitaire.
Difficile de savoir s’il ne faut remercier que le Covid pour cette tendance à la hausse. L’affranchissement progressif des normes sexuelles y est sûrement aussi pour beaucoup. « Cette banalisation de la masturbation féminine nous paraît très révélatrice d’une approche plus hédoniste et autonome de la sexualité féminine, en rupture avec la vision traditionnellement pénétrative du plaisir féminin », précise François Kraus, directeur des pôles politique et actualité de l’Ifop. On commence enfin à percuter : le plaisir n’est pas la chasse gardée des hommes et la masturbation féminine existe en dehors du cadre du couple.
Un progrès qu’il faut tout de même tempérer car des inégalités persistent, puisque contrairement aux femmes (78 %), la quasi totalité des hommes s’astiquent (95 %).
L’objet du désir
Ce n’est pas tout. Depuis le début de la débandade mondiale, les Européennes, et particulièrement les Françaises, sont également plus nombreuses à s’aider de sextoys et de films porno pour se masturber. Et elles n’ont plus peur de l’admettre !
Probablement aidées par des représentations de plus en plus inclusives et éthiques, les Frenchies seraient 50% à se toucher sur des films X (+ 7 points comparé à 2016) et seraient une sur deux à avoir déjà fait appel à un jouet sexuel pour pimenter leurs parties de branlette.
Que le Covid en soit entièrement responsable ou pas, les Européennes assument de plus en plus de prendre du plaisir. Et ça, c’est une bonne nouvelle !
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Crédit photo : Cottonbro (Pexels)
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