Quelle femme se sent en sécurité quand elle est seule à l’extérieur de chez elle ? Qui n’a jamais été sur ses gardes parce qu’elle était entourée d’hommes, alcoolisés ou non, dans les transports tard la nuit ? Qui n’a jamais senti les battements de son cœur s’accélérer parce qu’un homme se retournait sur elle dans la rue ? Ces situations, on les connait toutes.
Mais cette crainte qui prend au ventre a une finalité : la peur de subir un viol, partout, tout le temps. C’est ce qu’explique très justement l’autrice de BD et activiste féministe La Nuit Remue Paris dans un post Instagram.
La crainte permanente d’être violée
Dans une dizaine de slides, l’autrice partage un petit strip qu’elle a griffonné au marqueur sur son carnet de croquis dans le train, et qui est criant de vérité :
Et la légende du strip est tout aussi parlante : « il faudrait inventer un terme spécifique à la « charge mentale » que constitue la crainte permanente d’être violée« , cette énergie mentale déployée en permanence pour imaginer le pire, et être donc constamment sur ses gardes.
Inventer un terme spécifique à la charge mentale que constitue la crainte permanente d’être violé.e. Je suis sérieuse.
Je me suis souvent demandé ce que serait une vie sans avoir à penser à mes règles. À la régularité des cycles, à que porter, quand et comment me contracepter, la honte infamante de la tache, la douleur, la meilleure protection, les enjeux écologiques que ces protections impliquent. En enchaînant mes plaquettes de pilules j’ai eu un bref aperçu de la liberté que ne pas avoir à se soucier de mes règles permettait. La légèreté.
Mais je ne m’étais encore jamais rendu compte de l’espace mental et de l’énergie démentielle qui étaient mobilisés par l’éventualité du viol, partout, tout le temps, par n’importe qui.
Je me demande maintenant ce que ça doit faire de vivre sa vie sans se préoccuper de cette potentialité. Marcher dans la rue, faire ses courses, prendre les transports, voyager à l’étranger, aller chez le médecin, sans avoir à l’idée de subir des violences.
Que n’aurions nous pas créé, inventé, réfléchi, sans cette omniprésence de la douleur qu’on est vouée à subir, sans être sur nos gardes ? Et ce n’est pas dire qu’on est H24 parano. Non c’est subtil. C’est presque inconscient. Tellement gravé en nous et naturel, ce « ah, j’espère qu’on ne va pas essayer de me violer » qu’il m’a fallu des années pour comprendre le poids que ça représente.
lanuitremueparis
Malheureusement, tout comme on connait, par exemple, le pourcentage des femmes qui ont été, au moins une fois, harcelées et agressées dans les transports en commun — chiffres qu’on peut retrouver dans l’étude réalisée par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, ou quand on voit tous les hashtags fleurir quasiment chaque mois et entendre tous les témoignages de femmes agressées qui osent prendre la parole et dénoncer ces faits, on peut légitimement se poser la question quant à la proportion de femmes qui peuvent ressentent cette crainte permanente de subir un viol, tout le temps, par n’importe qui.
Oui, grosse ambiance, n’est-ce pas ? Allez hop, on va brûler des trucs et on revient.
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