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Source : Yann Caradec
Société

La Cour européenne des droits de l’homme soutient Caster Semenya, athlète hyperandrogène privée de compétition

Atteinte d’hyperandrogénie, la coureuse sud-africaine Caster Semenya est privée de compétition car elle refuse de prendre un traitement hormonal pour modifier son taux naturel de testostérone. Le 11 juillet 2023, la cour européenne des droits de l’homme a reconnu une violation de ses droits.

C’est une victoire symbolique. La Cour Européenne des droits de l’homme a donné raison à l’athlète sud-africaine Caster Semenya, double championne olympique du 800 m, atteinte d’hyperandrogénie. Celle-ci est engagée depuis 2019 dans un bras de fer avec la Fédération internationale d’athlétisme, au sujet de ses règles discriminantes à l’encontre des sportives qui produisent naturellement un excès de testostérone.

Un double-standard révoltant

En effet, la fédération estime que la production naturelle de testostérone chez ces athlètes équivaut à l’usage d’un produit dopant et donc améliorerait abusivement leurs performances. Accusées de tricher, elles sont contraintes de prendre un traitement hormonal pour faire baisser leur taux de testostérone, sous peine d’être interdite de compétition.

Pourtant, les performances sportives extraordinaires de leurs pairs masculins, comme le nageur Michael Phelps, dont le corps produit naturellement moins d’acide lactique, lui permettant ainsi de nager davantage sans ressentir la fatigue, sont saluées et applaudies. Comment expliquer un tel décalage ?

Refusant de se soumettre à ces règles dégradantes, Caster Semenya s’était donc vue privée du droit de concourir sur sa distance fétiche du 800m.

À lire aussi : Sexistes et racistes, les règles qui empêchent Aminatou Seyni de participer aux JO ?

Un bras de fer judiciaire

En 2020, la justice helvète avait confirmé la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS), qui validait le règlement de la fédération, au nom de « l’équité sportive ». L’athlète s’était alors tournée vers la Cour Européenne des droits de l’homme, dans l’espoir de faire valoir une violation de ses droits.

Une bataille judiciaire qui a fini par porter ses fruits, puisque ce mardi 11 juillet, la CEDH a estimé que l’athlète de 32 ans était bien victime de discrimination, et que son cas n’avait pas été correctement étudié par la justice suisse.

Si cette décision ne lui permet pas directement de rejoindre les pistes d’athlétisme sans test, elle lui ouvre la possibilité d’un recours, sous réserve qu’un panel de cinq juges estime nécessaire que son cas soit réexaminé.

En 2020, l’athlète avait réaffirmé, suite à l’arrêté suisse, son désir de se battre « pour les droits humains des femmes athlètes, sur la piste et en dehors, jusqu’à ce que nous puissions courir aussi libres que nous sommes nées ». Cette petite victoire nous rappelle que le combat n’est pas encore gagné.


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Les Commentaires

2
Avatar de Gryffondor
16 juillet 2023 à 20h07
Gryffondor
C'est loin d'être un cas isolé, il serait grand temps que les instances sportives réalisent que leur critère de répartition est absurde.
Pour l'état civil, le sexe est fixé à la naissance en fonction des organes génitaux visibles. Or le sexe est en réalité défini par les organes génitaux + les taux d'hormones sexuelles + les chromosomes, et autant on est toustes d'accord sur les deux catégories principales, quand ces 3 paramètres sont alignés, autant c'est le flou artistique concernant toutes les situations où ces 3 paramètres ne sont pas raccord = les personnes intersexes. Donc séparer les athlètes en fonctions de leur sexe, c'est se baser sur l'évaluation à l’œil d'un critère biologique pour lequel il n'y a même pas de consensus mondial. C'est un non-sens ! Il serait plus logique d'établir des critères de gabarit ou de masse musculaire, en adaptant à chaque sport.
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