La fin de l’utilisation du glyphosate au sein de l’Union européenne, ce ne sera pas – au plus tôt – avant décembre 2033.
C’est ce qu’a annoncé ce jeudi 16 novembre la Commission européenne dans un communiqué. En l’absence d’accord entre les 27 États membres, elle a décidé de renouveler l’autorisation de l’herbicide dans l’UE pour dix ans. La France, comme l’Allemagne, la Belgique et l’Italie, s’est abstenue de voter.
Pas de « domaine de préoccupation critique » selon la Commission
L’exécutif européenne justifie sa décision d’approuver pour une décennie supplémentaire le glyphosate par l’examen « d’évaluations approfondies (…) [et] en collaboration avec les États membres ». Elle se base notamment sur un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui, en juillet dernier, avait estimé qu’elle n’avait pas identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, mais aussi les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher l’autorisation de l’herbicide. L’agence avait en revanche concédé un manque de données précises sur les conséquences sanitaires et environnementales de son utilisation à grande échelle.
Ce renouvellement a évidemment été accueilli positivement par les industriels, à commencer par le groupe allemand Bayer, propriétaire de Monsanto depuis 2018, et qui produit le Roundup. « Cette nouvelle autorisation nous permet de continuer à fournir aux agriculteurs de toute l’Union européenne une technologie importante pour la lutte intégrée contre les mauvaises herbes », a déclaré un porte-parole de Bayer, cité par Le Monde.
Pour les ONG Générations futures et Foodwatch, ce renouvellement de l’autorisation du glyphosate « va à nouveau à l’encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler ».
Une substance classée comme « cancérogène probable »
Classé comme « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le glyphosate a encore récemment fait l’objet d’une étude aux résultats inquiétants. Selon cette recherche toxicologique présentée lors d’un colloque scientifique le 25 octobre dernier à Bologne (Italie), des rats exposés à de faibles doses d’herbicide à base de glyphosate ont développé des leucémies.
« Ces résultats sont d’une telle importance pour la santé publique que nous avons décidé qu’il était vital de les présenter maintenant, avant leur publication », avait déclaré le docteur Daniele Mandrioli, coordinateur de l’étude et directeur de l’institut Ramazzini en Italie cité par Reporterre. Cela n’a visiblement pas suffi à l’Union européenne pour décider d’interdire le glyphosate.
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