Irrésistible et Camélia Jordana sont deux mots qui vont très bien ensemble. Quelle idée lumineuse que celle de caster la chanteuse et actrice dans une comédie romantique ! C’est elle qui donne à la série son supplément d’âme. L’histoire prend place de nos jours, dans le Paris réaliste du 19e et 20e arrondissement. Ça nous change d’Emily in Paris ! On y suit le coup de foudre d’Adèle, une podcasteuse à succès, pour Arthur (Théo Navarro-Mussy), un mathématicien de l’amour. Chacun à leur manière, les deux s’intéressent aux mystères des relations amoureuses.
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L’alchimie est immédiate, mais bientôt, un obstacle étonnant vient se dresser entre eux. Adèle réalise qu’elle ne peut pas approcher son crush sans faire un malaise, type crise de panique et même évanouissement ! Après quelques rendez-vous médicaux, le diagnostic tombe. Telle une vétérante de ce champ de bataille qu’est l’amour, notre héroïne souffre d’un stress post-traumatique lié à sa précédente relation. Elle pensait l’avoir dépassée, après avoir réalisé un podcast et écrit un livre dessus. Mais le fait qu’elle continue d’entretenir des liens certes platoniques, mais toujours fusionnels avec Trésor, son ex et associé de leur boîte de podcast, n’aide peut-être pas…
Apprendre à rompre
Créatrice et showrunneuse d’Irrésistible, Clémence Madeleine-Perdrillat, plume très demandée ces dernières années dans le monde des séries françaises (Nona & ses filles, la saison 2 d’En Thérapie) propose une rafraîchissante radiographie des comportements amoureux modernes. La série s’amuse avec les passages obligés du genre de la comédie romantique : le meet cute (la rencontre initiale), les circonstances farfelues qui réunissent les deux tourtereaux, le final sous la pluie…
Au-delà du décorum, on sent la volonté de la scénariste de dépeindre honnêtement les relations amoureuses naissantes, les maladresses des débuts… Mi-rom com, mi-dramédie, Irrésistible bouscule l’image d’Épinal des contes de fée auxquels on nous a trop longtemps habituées. Par exemple, Arthur est marié. Une situation pas dingue, mais réaliste et potentiellement casse-gueule, qui aurait pu se retourner contre le quotient sympathie de nos deux héros. On peut compter sur le talent de Clémence Madeleine-Perdrillat, sur son regard féminin, pour apporter nuance et perspective. Solène (Zoé Schellenberg), la femme d’Arthur, n’est pas dépeinte comme une victime et possède son propre arc narratif. Elle sait aussi que son histoire avec Arthur touche à sa fin.
Le vrai souci, ce sont les malaises d’Adèle en présence de son crush. Cet obstacle, bien trouvé, rappelle que les sentiments se ressentent dans nos chairs. Que les histoires d’amour laissent des traces, bien après leur fin officielle. Irrésistible a ceci de fascinant que c’est une comédie romantique qui nous parle de rupture. Celle d’Arthur et Solène, après une décennie passée ensemble, et celle d’Adèle et Trésor, mal digérée. Le PTSD d’Adèle, qui se retrouve à devoir devoir gérer des crises de panique très handicapantes dans son travail, permet aussi d’évoquer le sujet de la santé mentale.
La showrunneuse veille à ne diaboliser aucun protagoniste. Et sa galerie de personnages secondaires, un bon baromètre pour évaluer la qualité d’une rom com, est un régal. De Zinedine Soualem à Marion Seclin, en passant par la prometteuse Salomé Dewaels, ce cast attachant est sans faute note. On a particulièrement apprécié l’épisode où Adèle retrouve la douceur du cocon familial et où l’on en apprend plus sur Inès (Alicia Hava), sa petite sœur queer.
L’irrésistible Camélia Jordana
Mine de rien, Irrésistible aborde des sujets sensibles comme le deuil, la rupture, l’anxiété… Et pourtant, c’est sa fantaisie qui emporte tout sur son passage. On pense au cinéma de Valérie Donzelli (à La Reine des pommes et son héroïne également prénommée Adèle), mais aussi à Coup de foudre à Notting Hill, une des rares rom com américaines durant laquelle les deux tourtereaux couchent ensemble. Et puis comme Anna Scott dans Notting Hill, Adèle est un personnage féminin charismatique et indépendant, reconnu dans son domaine (le milieu du podcast, fort bien dépeint, à tel point que l’émission fictive “La maladie d’amour” qui mêle témoignages et analyse scientifique dans la série, va faire l’objet d’un véritable podcast chez Louie Media), tandis que le personnage masculin se trouve plus en retrait et affiche une masculinité douce.
Solaire et attachante, Camélia Jordana livre une très belle performance. Elle apporte une dose de mélancolie qui donne encore plus de charme et de profondeur à ce chassé-croisé amoureux. On adore aussi le doux générique de la série, “Je reste calme”, qu’elle interprète. Irrésistible s’adresse aussi bien aux amoureux qu’à celles et ceux qui traversent une rupture. Cette série doudou, mais pas mièvre, se révèle parfaite pour accueillir l’arrivée de l’automne.
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