Une victoire pour les sages-femmes qui il y a quelques semaines manifestaient à Paris sous les fenêtres du ministère de la Santé, le spéculum au vent ?
Cela y ressemble à première vue… mais il ne faudrait pas se laisser avoir.
Le gouvernement vient d’annoncer une « revalorisation nette de 500 euros par mois » pour les sages-femmes des hôpitaux publics. Le protocole d’accord a été signé ce lundi 22 novembre, après une longue concertation avec trois ministères — celui de la Santé, du Travail et de la Fonction publique — autour de la table des négociations.
Une annonce qui ne convainc pas tout le monde
Si l’on entre dans le détail, cela donne une prime d’exercice médical de 240 euros net dès février 2022, une augmentation salariale de 78 euros net dès mars, qui s’ajoutent à la prime de 183 euros net mensuels de revalorisation salariale décrétée lors du Ségur de la Santé.
Voilà pour le calcul.
Les sages-femmes des collectivités territoriales bénéficieront d’une revalorisation de 78 euros net.
Sera aussi prévu un allongement d’un an de la durée d’études des sages-femmes, qui passent donc de cinq à six ans à compter de la rentrée prochaine. Au total, 100 millions d’euros seront mis sur la table.
« On va signer parce qu’il y a quand même des avancées, même si on reste sur notre faim », a reconnu Jean-Claude Stutz, secrétaire national de l’Unsa-Santé.
Preuve que le dispositif de revalorisation salariale est loin d’avoir complètement convaincu les principales intéressées, un nouveau week-end « code noir » est prévu du 26 au 29 novembre, le troisième depuis la rentrée, et la preuve que d’un ras-le-bol qui n’a pas faibli.
Le communiqué de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes est sans ambiguïtés :
« Notre détermination reste intacte, nous ne rendrons pas les armes ! Notre exigence depuis longtemps : une juste reconnaissance du travail que nous accomplissons quotidiennement. »
Selon le syndicat, les mesures présentées à l’issue de la négociation ne seront pas suffisantes pour donner un coup de fouet à l’attractivité du métier de sages-femmes. Et la profession n’est pas seulement délaissée : en formation, la souffrance des futures sages-femmes est palpable.
D’où la nécessité pour l’ONSSF, aux côtés de la CGT et de la CFCT de ne pas relâcher la pression.
Une profession qui peine à recruter et des étudiantes en souffrance
Dans Le Monde, l’Association nationale des étudiants sages-femmes déplore une situation catastrophique :
« Les étudiants sont traumatisés par les conditions de travail à l’hôpital et fuient. Pendant l’été 2021, certaines maternités ont dû fermer leurs portes en raison du manque de jeunes diplômés qui remplacent généralement les sages-femmes pendant leurs congés »
L’Anesf a dernièrement pris la température et les résultats ont de quoi inquiéter : en études de maïeutique, sept personnes sur dix présentent des symptômes dépressifs, huit sur dix se sentent plus stressées depuis qu’elles ont commencé la formation.
Un tiers des étudiantes et étudiants ne se sentent pas ou peu accompagnées par l’équipe enseignante. Autre constant inquiétant, un tiers expriment un sentiment de maltraitance de la part de l’équipe pédagogique.
Pour assurer un avenir plus radieux aux futures sages-femmes, nul doute que la mobilisation ne faiblira pas tout de suite.
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Crédit photo : Maëlle Le Corre
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