Une décision qui ne passe pas. Mercredi 1er février, le bureau exécutif d’Europe Écologie Les Verts a annoncé clore l’enquête visant son député Julien Bayou, qui s’était mis en retrait de ses postes de secrétaire national d’EELV et de coprésident du groupe à l’Assemblée à l’automne dernier, après avoir été accusé par son ex-compagne de violences psychologiques. La cellule interne du parti, dédiée à l’accompagnement et à la protection des victimes de harcèlement et de violences sexuelles et sexistes, a jugé ne pas pouvoir « mener à bien son enquête », faute de pouvoir auditionner la plaignante : « les conditions pour l’application du protocole n’ont pas pu être trouvées et l’audition initiale, point de départ de l’investigation, n’a pas pu avoir lieu” a-t-elle déclaré dans un communiqué, déplorant (non sans ironie) une situation « évidemment satisfaisante pour personne ».
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Un parti qui fait la sourde oreille ?
L’ex-compagne du député avait adressé un premier mail en juin 2022 à la cellule d’enquête du parti. Malgré une brève parue dans Le Figaro l’été dernier, l’affaire était passée relativement inaperçue jusqu’à ce que Sandrine Rousseau n’en parle sur le plateau de l’émission C à vous en septembre et replace le sujet sur le devant de la scène. Courant octobre, l’ex-compagne du député avait alors officiellement saisi l’instance, provoquant l’ouverture d’une enquête interne sur le député. La plaignante avait exprimé son souhait d’être entendue « sous certaines conditions assurant la sécurité des témoignages ». Une audition qui n’a pourtant jamais eu lieu, d’après le communiqué publié ce mercredi.
Si le principal intéressé continue de nier les faits, son ex-compagne s’était confiée dans une longue interview pour le média Reporterre, aux côtés d’autres victimes, accusant également le député de violences psychologiques.
Une « décision consternante«
Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir, pointant du doigt l’incapacité d’un tel dispositif à rassurer les plaignantes et à leur offrir une réelle protection : « Si les victimes ne souhaitent pas être reçues par cette cellule, c’est qu’elle est défaillante et ne garantit pas le cadre sécurisant nécessaire pour accueillir leur parole et les accompagner correctement” a déclaré le collectif féministe #NousToutes via twitter, condamnant une décision qui a l’effet « d’une nouvelle violence faite aux victimes : leur faire porter la culpabilité et la responsabilité de l’échec d’un processus censé les protéger est honteux ». Tout cela créant de surcroît un climat dans lequel il est difficile pour d’autres victimes de se manifester.
Constitué dans le sillon du mouvement #MeTooPolitique, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, quant à lui, réclame depuis plus d’un an la mise en place d’une « cellule à l’échelon national dans laquelle les victimes pourraient se retrouver ». Indépendante de tout parti, cette entité garantirait la neutralité de ses membres. Une requête qui demeure pour l’instant sans réponse de la part du gouvernement.
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