Les supplices de l’internationale du porno le troisième épisode de la grosse enquête du Monde sur l’industrie du porno français, met en point d’honneur à montrer l’hypocrisie de certaines pontes du milieu, qui sous couvert de vidéos amatrices broient en masse de la chair à canon.
L’épisode de la série d’enquête commence par décrire le rôle de Vincent, un opticien de 31 ans qui vit à Paris, assiste des tournages de porno hardcore et a été mis en examen pour viol, traite d’êtres humains et proxénétisme aggravés.
D’après Le Monde, l’homme aurait fait l’intermédiaire entre Krystofer Lorens, dit Le Russe, un producteur basé en République tchèque, et Pascal OP, le producteur de la plateforme French Bukkake largement mis en cause dans les deux premiers volets de l’enquête.
Après avoir montré du doigt les immondes techniques de recrutement de certaines plateformes X ainsi que les viols en réunion perpétrés sur les victimes enrôlées contre leur gré, Le Monde, qui s’appuie entre autres sur les révélations du Parisien, tacle les grosses plateformes de streaming de porno motivées par l’appât du gain et les mafieuseries.
Porno « amateur », mon cul
Quand on vous parle de porno amateur, vous imaginez sûrement un couple amoureux dans son salon faisant tendrement l’amour devant sa caméra de fortune. Malgré les mises en scène parfois cosy, c’est rarement le cas… Le Monde révèle :
« Avec le haut débit et le streaming, le porno se démocratise, mais surtout se précarise. Les sociétés de production s’agrègent pour survivre.
Les budgets de tournage se dégradent et, dans leur sillage, les conditions de travail des femmes, contraintes à des scènes de plus en plus violentes, afin d’appâter l’internaute et sa carte bancaire, pour des cachets de plus en plus faibles. »
Les plateformes ont besoin de thunes, donc. C’est notamment le cas de gros sites comme Jacquie et Michel, le géant du porno prétendument amateur qui enregistrait « un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en 2017 ». La plateforme est tellement énorme qu’elle ne produit pas toute seule ses contenus et achète des vidéos auprès d’organisations semblables à celles de Mat Hadix, le producteur véreux mis en cause dans l’épisode 2 de l’enquête, qui aurait également travaillé pour le magazine Union et pour Dorcel Vision — cette dernière déclare ne pas avoir eu « connaissance des suspicions de recours à de telles pratiques ».
Détenue par la société Ares, « le groupe leader de la pornographie en France » amasse les clients. On est bien loin de l’image qu’on se fait du porno amateur… Derrière les scénarios faussement improvisés, des trentaines de sites gérés par des businessmen.
Des businessmen qui sont, eux aussi, loin d’être épargnés par la justice puisque, selon Le Monde, une enquête préliminaire serait ouverte au parquet de Paris contre Jacquie et Michel, pour des faits similaires à ceux imputés à French Bukkake.
Pascal OP, le roi du bukkake français mis en examen pour viol et traite d’êtres humains aurait confié, à propos des violences sexuelles et des manipulations pour recruter les victimes :
« Tous les hardeurs professionnels étaient au courant, et même toutes les productions françaises étaient au courant. »
Des tortionnaires mafieux et exigeants
Selon les révélations de l’enquête du Monde, pour répondre à une clientèle toujours plus nombreuse et à un milieu toujours plus concurrent, les producteurs des plateformes incriminées seraient d’une exigence inhumaine.
Krystofer Lorens, sous la menace, réclamerait par exemple aux exécutants la présence d’au moins 40 hommes lors des tournages de bukkake.
D’où viennent tous ces types prêts à participer à de tels tournages et à des actes non consentis ? « Des consommateurs de porno qu’ils invitent à franchir le pas dans des boucles WhatsApp », « 500 individus, de tous les profils sociaux, ayant pris part à de telles séances d’éjaculation collective sur des femmes qui n’avaient souvent pas consenti à cette pratique », explique l’investigation. La gerbe.
Pour se faire toujours plus d’argent et faire toujours plus d’économies, les producteurs font l’impasse sur la santé de certaines actrices piégées. Des dépistages d’IST ? Beaucoup trop complexe, mieux vaut falsifier les résultats de tests pour montrer pattes blanches…
Le Monde dénonce des organisations dignes des plus grands mafieux, alimentés par « circuits opaques » et des transactions louches.
2 500 euros pour supprimer les vidéos des victimes
Les vidéos prétendument privées et anonymes finissent inévitablement sur toutes les grosses plateformes de streaming de porno, diffusées en masse. Il est bientôt trop tard pour arrêter la machine.
Les victimes des producteurs mis en examen se retrouvent harcelées, virées de leurs boulots, insultées et supplient les plateformes de supprimer les vidéos où elles sont visibles. À toutes, on répond qu’il faudra déverser des montants allant de 2000 euros à plus de 4000 euros pour voir les contenu disparaitre.
Des sommes bien plus élevées que ce que les actrices victimes ont gagné pour les tournages et qui ne garantissent même pas la paix puisque les contenus sont récupérés à la pelle et tournent sur des dizaines de plateformes en ligne.
Le Monde conclut, amer :
« Les jeunes femmes, qui ont accepté les tournages pour gagner un peu d’argent, s’endettent pour racheter leurs vidéos et enrichir un peu plus « Pascal OP » et son réseau, qui couvrent ainsi leurs frais de tournage. Humiliation suprême pour les victimes : elles financent de fait leur propre supplice filmé. »
Découvrez le premier volet dans son intégralité sur le site du Monde et notre résumé du deuxième épisode, La mécanique des larmes et de la violence. Le quatrième et dernier épisode paraît samedi 18 décembre sur Le Monde.
À lire aussi : Le CSA menace 5 sites porno de blocage s’ils n’agissent pas pour empêcher les mineurs d’accéder à leur contenu
Crédits photos :
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires