Mise à jour du 17 juillet 2018 — En s’infiltrant quelques secondes sur le terrain de football lors de la Finale du Mondial 2018, dimanche 15 juillet dernier, les Pussy Riot devront passer 15 jours en prison.
Les trois membres du groupe de punk militant Veronika Nikoulchina, Olga Pakhtoussova et Olga Kouratcheva ainsi que Piotr Verzilov, fondateur du site MediaZona, ont été jugé·es par le tribunal de Moscou, pour avoir « gravement enfreint les règles du comportement des spectateurs ».
Les quatre militant·es sont également banni·es de toutes manifestations sportives durant trois ans dans le pays, rapporte Le Monde.
Publié le 16 juillet 2018.
La Coupe du Monde de foot, ce n’est pas seulement un évènement sportif mettant le feu à la ferveur du public pendant plusieurs semaines.
C’est aussi un moment international, et donc politique.
Cette année, la Russie accueillait les équipes nationales de foot, et pendant la finale qui opposait la France et la Croatie, ce 15 juillet 2018, des militant·es du mouvement Pussy Riot ont réussi à accéder au terrain…
Les Pussy Riot font irruption dans la Coupe du Monde
À la 53ème minute du match, plusieurs personnes en tenue de police se sont invitées sur le terrain de la finale. Le mouvement féministe russe Pussy Riot a rapidement revendiqué ce « happening ».
[…] Nos revendications sont les suivantes :
- La libération de tou·tes les prisonnier·es politiques
- La fin des emprisonnements pour des « likes »
- La fin des arrestations illégales pendant des manifestations
- L’autorisation de la concurrence politique dans le pays
- La fin des accusations fallacieuses et de l’emprisonnement non-justifié
- La transformation du policier terrestre en policier saint
Cette dernière revendication fait référence à un poème de Dmirtiy Prigov expliqué au début du communiqué.
Kylian Mbappé high-five une Pussy Riot et ça fait le tour du monde
Kylian Mbappé, joueur star de l’Équipe de France, a été interpellé par une des militantes s’étant avancée vers lui, souriante, les deux bras en l’air. Il lui a tapé dans les mains, et ce « double high-five » a immédiatement circulé partout.
https://twitter.com/HugoTravers/status/1018616243761373184
Salué par de nombreuses personnes comme un acte militant, ce high-five me semble devoir être nuancé : rien ne dit que Kylian Mbappé savait qui s’avançait vers lui !
En plein milieu d’un match d’une importance capitale, déstabilisé par une action inattendue… le mouvement peut tout à fait être une réaction à une personne sympathique, pas nécessairement un soutien politique.
Attention à ne pas surinterpréter une image, certes puissante, mais manquant de contexte de la part d’un des deux protagonistes.
Et c’est pareil pour cette autre photo, celle du joueur croate Dejan Lovren aidant à expulser l’un des militants du terrain :
Elle pourrait être vue comme le signe d’un désaccord avec le mouvement Pussy Riot, mais il n’en est rien. Le footballeur explique :
« J’étais très en colère, parce qu’on était en forme à ce moment-là. On jouait bien, c’était du bon football, et voilà qu’on nous interrompt. J’ai vu rouge, j’ai attrapé le mec, je voulais juste le jeter du stade. »
L’impact des images ne doit pas faire perdre de vue le contexte qui les entoure, celui de joueurs focalisés sur un match d’une importance capitale.
Qui sont les Pussy Riot ?
Pussy Riot est le nom d’un collectif punk russe, qui s’est notamment fait connaître en 2011 et 2012. Ses membres soutiennent les droits des femmes et s’opposent à la politique de Vladimir Poutine.
En août 2012, trois membres des Pussy Riot avaient été emprisonnées suite à une action dans une église orthodoxe, qu’elles qualifiaient de « prière punk » et qui avait été jugé « profanatoire ».
Elles avaient été condamnées à deux ans d’incarcération en camp de travail. Cette peine avait secoué l’opinion publique, et de nombreux soutiens s’étaient manifestés tout autour du monde.
La mobilisation a porté ses fruits : l’une d’entre elles a été libérée en septembre de la même année, les deux autres un an plus tard, en décembre 2013.
Ces libérations survenant juste avant les Jeux Olympiques de Sotchi avaient été clairement vues comme un « coup » politique de la part de Vladimir Poutine.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre article dédié :
Les Pussy Riot, féministes russes devenues de vrais symboles
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
https://www.demotivateur.fr/article...mme-blanc-qui-n-avait-pas-leve-le-poing--3613
L'auteur de l'article essaye de transformer Norman en super-héros des droits civiques dont il donne une image faussée de la réalité quand il écrit : "La vérité, c’est que cet homme blanc sur la photo, celui qui ne lève pas le bras, est peut-être le plus grand héros de ce fameux soir d’été 1968." Il faut quand même un sacré toupet pour déclarer ça mais visiblement, le message est passé puisque vous êtes plusieurs sur ce topic à le retenir.
Norman n'a pas donné de visibilité à Carlos et Smith! C'est même l'inverse en fait : Carlos et Smith lui ont donné l'opportunité d'apparaitre comme un héros des droits civiques alors que jusqu'à la montée du podium, il n'avait JAMAIS prévu cette protestation. Il ne leur a pas donné de visibilité car peu de gens avaient vraiment capté que Norman n'était pas juste un mec blanc lambda qui ne comprend pas ce qu'il fout là, son soutien aux athlètes noirs n'est absolument pas visible sur la photo! C'est bien le geste de Carlos et Smith qui a eu de la visibilité, pas le soutien de Norman.
Comme Rosa Parks ou Martin Luther King ont obtenu de la visibilité grâce aux noirs, et pas grâce à quelques blancs de bonne volonté. C'est très problématique que l'histoire soit réécrite comme ça! Même dans les années 60, les noirs arrivaient très bien à se battre en toute autonomie pour leurs droits.
Je me dis que tu dois confondre avec quelqu'un d'autre parce que la famille de Peter Norman ne l'a jamais renié et il a continué à travailler Ses parents étaient pro-droits civiques, son neveu a réalisé un documentaire à sa gloire et comme l'indique @Liluuuy, il a continué à courir par la suite. Certes, il n'a plus jamais participé aux JO, mais ils participaient toujours aux courses nationales (il était Australien pas américain). Alors on peut peut-être parler de "carrière brisée" mais le comité olympique australien affirme qu'il n'a jamais été sanctionné pour ses opinions politiques (même encore aujourd'hui), même si le gouvernement a prononcé des excuses publiques récemment.
EDIT : Ah oui, j'ai vu que l'article buzz affirme ce que tu dis dans la citation et ce n'est pas vrai. En plus, quand l'article dit :
Ce que l’on sait moins, c’est que Peter Norman, lui aussi, a subi de lourdes conséquences. Pour avoir apporté son soutien à ces deux hommes, il a dû dire adieu à sa carrière qui aurait pu être extrêmement prometteuse. Dégoûté, Norman a laissé tomber les compétitions athlétiques, et s’est remis à courir au niveau amateur. En Australie, où le conservatisme et la suprématie raciale avait la peau dure, il a été traité comme un paria, un traître. Sa famille l’a renié, et il n’arrivait pas à trouver de travail à cause de cette image qui lui collait à la peau. Il a travaillé un temps dans une boucherie, puis en tant que simple prof de gym. Après une blessure mal soignée, il a fini ses jours rongé par la gangrène, la dépression et l’alcoolisme.
Pourtant, Norman a eu pendant des années une chance de se racheter, de sauver sa carrière et d’être à nouveau considéré comme le grand sportif de talent qu’il était : Il a maintes fois été invité à condamner publiquement le geste de John Carlos et de Tommie Smith, de demander pardon, bref de se repentir face à ce système qui avait décidé de l’exclure.
Un simple pardon aurait pu lui permettre de revenir dans la discipline, et plus tard de faire partie des organisateurs des jeux olympiques de Sydney en 2000. Mais il n’en a rien fait. Norman n’a jamais laissé ses opinions faiblir, et n’a jamais accepté de trahir les deux américains pour se « racheter ».
Cette partie de l'article est à la limite du mensonge, en tout cas elle sert clairement à transformer le blanc en grand héros tragique. Norman n'est pas devenu amateur du jour au lendemain. Il a continué à représenter l'Australie pendant quelques années dans différentes compétitions internationales avant d'être disqualifié aux JO suivants. Il a souvent été invité sur les plateaux de télé pour commenter les événements sportifs après la fin de sa carrière sportive professionnelle (1972, donc 4 ans après la photo, un peu long pour un mec paria!).
Sa dépression et son alcoolisme n'avaient donc pas de lien avec les JO de 1968, contrairement à ce que laisse entendre l'article! Il a été blessé en 1985 pendant une course amateur et a souffert de la gangrène, ce qui l'a plongé dans la dépression.
Quant au pardon, je ne sais pas franchement si ça a été si demandé de lui. Il n'a pas participé aux JO de Sydney en 2000 mais la délégation américaine l'a invité en héros à la place. Il était tout à fait reconnu au moins aux US. Et en Australie, il était au pire oublié, mais pas "rejeté".
Ce qui est triste, c'est qu'au final, Peter Norman était un peu l'allié blanc qui a bien compris son rôle, et cet article déforme complètement ce qu'il y avait de juste dans son attitude. Il s'est comporté exactement comme il fallait pour ne pas prendre la lumière sur lui tout en disant "je suis là pour vous". Il a toujours dit que Carlos et Smith avaient pris de vrais risques contrairement à lui, et que lui a juste eu l'honneur de faire partie du moment. C'est pour ça que Smith et Carlos l'ont décrit comme "leur frère", et que la statue érigée à leur honneur à San José garde la place de Norman vide pour inviter les passants "à prendre position". Il a fait ce qui est juste mais ce n'est pas ça l'héroïsme.
Et en ça, effectivement, c'est important de montrer des exemples d'alliés blancs, pour montrer aux autres qu'ils n'ont pas d'excuses pour regarder passivement les minorités se battre pour leurs droits. Mais le vrai coup de tonnerre, c'étaient bien Carlos et Smith.