Le Japon, ce pays merveilleux qui regorge de personnages fictifs aux gros yeux et de trouvailles incroyables. Dans le domaine musical en particulier, les nippons sont particulièrement doués pour nous servir des tubes pop qui piquent les tympans (et aussi un peu la rétine). L’une d’entre elle s’appelle Kyary Pamyu Pamyu, et croyez-moi, elle vaut son pesant de brioches fourrées aux haricots rouges.
Qui est Kyary Pamyu Pamyu ?
Pour te la faire courte, Kyary, dont le véritable nom est Kiriko Takemura, est une blogueuse mode, mannequin et chanteuse japonaise. À seulement vingt piges, elle est la coqueluche des adeptes de la “cute culture” (la culture du mignon – oui, ça existe) au Japon. Son surnom de “Kyary” lui aurait été donné par des amis du collège et elle l’aurait gardé parce que la répétition donne un effet mignon.
Le mignon, ou “kawaï” en japonais, c’est un peu LE truc de Kyary Pamyu Pamyu. Sauf que Kyary n’est pas seulement une petite japonaise choupi d’1m57. Son univers est légèrement freak, limite psychédélique, et c’est aussi ce qui fait son charme (ou du moins ce qui lui permet de vendre des CD).
Ses débuts mode, entre Marilyn Manson et Hello Kitty
À la base, Kyary était une simple lycéenne qui a commencé à tenir un blog mode. Celui-ci est vite devenu ultra populaire chez les fashionistas au pays du Soleil-Levant. En 2009, à 17 ans à peine, elle a été repérée dans la rue et a commencé à taper la pose dans Kera et Zipper, deux magazines de mode qui sont un peu la “bible” des nanas accros aux tendances japonaises. En 2010, elle a défilé pour la Harajuku Style Collection et en 2011, pour Spinns, une marque tokyoïte, et pour divers créateurs indie.
Le look de Kyary, c’est celui de la “Harajuku Girl”. Ce terme fait référence au quartier d’Harajuku, à Tokyo. La recette de ce style est un mélange d’une allure de fillette, d’un chouilla d’héroïne de manga, de kawaï et de grotesque. Autrement dit, des jupettes, des collants, des chaussettes, des chapeaux extravagants, des tonnes d’accessoires et de make-up, le tout hyper coloré et surchargé en imprimés.
D’après ce qu’elle raconte, Kyary aurait eu un choc en découvrant la chanson de Gwen Stefani “Harajuku Girl”. Elle a alors décidé de devenir une de ces filles au style bien frappé. À savoir que l’une de ses sources d’inspirations serait Katy Perry et que son idole s’appelle Lady Gaga. Comme de par hasard, le styliste de cette dernière, Nicolas Formichetti, a.k.a le directeur artistique de la marque Mugler, est super fan du style de Kyary.
La blogueuse n’est pas née avec la dernière récolte de riz, elle a donc vite compris qu’elle pourrait utiliser son image pour vendre. En 2011, elle a lancé sa première collection de produits de beauté, une ligne de faux-cils, les “Harajuku dolls”. Son visage apparaît aussi sur tout un tas de pubs.
Sa musique, spécial test d’audition
Après avoir trimballé ses couettes sur papier glacé, la mini-star ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Un an après ses premiers street-styles, on lui a proposé d’être DJ dans un événement de clubbing pour ados japonais. Et là, c’est le jackpot : Kyary rencontre l’homme de sa vie, un peu comme Diane Dufresne. Sauf que ce n’est pas le prince charmant mais son futur producteur Yasutaka Nakata, un DJ japonais qui fait de la musique électronique.
Bref, l’homme qui va la lancer.
Kyary sort d’abord un album de reprises des génériques de dessins animés des studios Ghibli. Mais le genre Dorothée, ça va bien cinq minutes. Elle passe donc aux choses sérieuses et se met à la J-pop, un genre de dance music à la sauce soja, avec un premier album, Moshi Moshi Harajuku (“Salut Harajuku”). Le premier single s’appelle “PonPonPon”, il est accompagné d’un clip absolument fantastique, et ce n’est pas de la blague. Attention, ça chatouille les yeux et le conduit auditif. Le Nyan cat n’a qu’à bien se tenir.
Si tu te demandes quelle drogue ont pris Kyary et son producteur, voilà la réponse :
“Après le séisme de 2011, tout le Japon était abattu. […] Avec mon “PonPonPon”, j’ai voulu apporter de la lumière et de la joie”.
Gros succès, y compris à l’international : cet objet musical martien est quand même arrivé premier dans les charts iTunes en Finlande et en Belgique.
Tout l’album a été intégralement composé par Yasutaka Nakata. Le producteur et la chanteuse s’adorent. Elle le considère carrément comme un “génie”, et lui la trouve super parce qu’elle n’a pas peur d’être “uncool”, c’est-à-dire d’être plus ridicule que gracieuse. Ce qui est plutôt courageux, quand on sait que les paroles écrites par Yasukata n’ont aucun sens grammatical, et que la musique est “imparfaite pour renforcer le côté mignon”.
Kyary a remis ça en juin avec un nouvel album intitulé Nanda Collection, un titre tout à fait lucide puisqu’il signifie “mais qu’est-ce que ce truc ?”. Avec comme toujours des clips visuellement intrigants : dans Fashion Monster, Kyary se prend du slime rose sur la tête et a l’air d’aimer ça. Pourquoi pas.
Son univers, vers l’infini et au-delà
Tu l’as compris, la musique de Kyary ne serait rien sans son look de poupée complètement barrée, et surtout sans des décors qui semblent tout droit sortis d’un trip à l’acide. Pour assurer le succès de la chanteuse, tout est ultra contrôlé, du costume au cadre dans lequel elle évolue. L’autre chevalier servant de Kyary s’appelle Sebastian Masuda, il est à la fois artiste visuel et créateur pour la marque de fringues japonaise 6%DOKIDOKI. C’est lui qui conçoit la déco des clips de Kyary. Les deux acolytes ont également monté ensemble plusieurs expos à Tokyo, comme “Girls in the room” et “Table of dreams”, dans le même genre que les vidéos de la chanteuse.
L’univers de Kyary lui a amené un bon paquet de fans, et notamment le maire de Shibuya, un autre quartier de Tokyo qui sert de repère aux fashionistas. Celui-ci lui a décerné le titre d’ »ambassadrice kawaï d’Harajuku” en septembre 2012. Comme toutes les stars, Kyary a même sorti un livre Oh ! My ! God ! Harajuku Girl, qui retrace sa vie de la maternelle au lycée.
Au final, toute la question est de savoir si la petite japonaise est un vrai phénomène WTF ou une “idol”, c’est-à-dire une de ces stars japonaises préfabriquées pour être adulées par les adolescents. Pour te faire un avis et surtout pour encore plus de Kyary, tu peux regarder ce chouette reportage de Tracks.
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