— Publié le 19 mai 2019
La vie est une aventure, les enfants…
Dévouée à mon métier de rédactrice sexo, je pouvais pas garder pour moi le récit de ma plus récente péripétie, à savoir une première expérience dans un club libertin.
Elle a eu lieu lors d’un weekend à Berlin, au mythique KitKatClub, une boîte LGBT-friendly et BDSM qui promet musique de qualité, décadence et totale liberté.
Et la musique, moi, j’adore.
Le KitKatClub ou l’appel du cul nu
Alors que j’appelais mes tendres followers à l’aide pour dénicher les bonnes adresses berlinoises, plusieurs DM vinrent glisser ce nom sucré à mon oreille pour la première fois.
Jamais en France personne ne m’avait jamais recommandé d’aller faire un petit tour dans une « boîte à cul super sympa ».
Mais en arrivant à Berlin, je compris bien vite, et pour mon plus grand plaisir, que les gens n’y font pas la fête comme en France !
Dans les clubs de la capitale allemande, tous les styles se mélangent, personne ne se toise ou ne force la drague, les verres ne coûtent pas un rein et le son est à tous les coups à mon goût.
Malgré une curiosité qui me perdra un jour, je n’ai encore jamais tenté de m’introduire dans un club libertin en France…
Je suis sans doute refroidie par leur réputation glauque, gênante, et effrayée de me mélanger aux vieux routiers de l’échangisme.
Mais la manière dont on me vend le « Kitty » est tout autre : légendaire, incontournable… Son ambiance m’est décrite comme fun, détendue.
Je garde la suggestion dans un coin de ma tête. Et ma grand-mère vous le dira mieux que moi : quand j’ai « une idée dans la tête », je l’ai « pas au cul ».
Ma grand-mère est vulgaire, oui — d’ailleurs, dans ma famille, montrer son boule sans préavis est l’une des blagues qui fonctionne le mieux.
Élevée par des adultes hilares devant des raies, je ne peux renier mon amour de l’exhibition.
Me pavaner dans un lieu où la nudité est tout à fait acceptée était donc sur ma bucket list, et voilà une occasion rêvée de cocher cette case.
Seule règle du KitKatClub : pas d’inhibitions
Fraichement débarquée à Berlin, je fume une cigarette dans la cour de mon AirBnb avec un Italien qui vit dans le même immeuble.
Daniel a emménagé à Berlin il y a quelques mois ; il me briefe sur les dresscodes et l’attitude à adopter pour entrer dans les clubs que je veux à tout prix visiter.
Pour ce qui est du KitKatClub, créé en 94 par un producteur de porno et sa femme, la règle est simple : ne pas avoir d’inhibitions.
Daniel me prévient que le videur me demandera peut-être de quitter mon t-shirt ou de lui montrer les sous-vêtements que je compte arborer, pour vérifier mon aisance avec la nudité.
Après deux premières soirées de clubbing intenses dans des lieux plus conventionnels, je parle de mon projet aux deux amies qui m’accompagnent.
L’une capitule, terrassée par une cystite (c’est ça de vivre dangereusement). L’autre commence déjà à réfléchir à ce qu’elle pourrait bien porter de sexy pour s’exhiber sur le dancefloor.
Deux jours auparavant, nous avons déjà dansé en soutien-gorge toute une nuit au Watergate, une boîte aux grandes baies vitrées qui donnent sur le Spree…
Et il faut dire que l’expérience de cette rafraîchissante liberté nous a séduites.
Malheureusement, mon binôme et moi-même sommes bien trop épuisées de notre sauterie de la veille pour faire les magasins à la recherche d’accessoires en résille et latex.
Nous décidons de plutôt faire une sieste et d’adopter les tenues qui ont déjà fait notre succès sur le dancefloor du Watergate : slim/soutif pour ma pote, micro-robe noire pour moi, que je me roulotterai sur la fesse s’il le faut.
Le soir venu, aussi excitées que les fans d’ecstasy qui peuplent cette ville, nous nous rendons sur les lieux du crime.
Comment rentrer au KitKatClub ?
Il n’est pas loin de minuit. Devant le KitKat, curieux et habitués s’agglutinent déjà dans une file d’attente qui s’étend au-delà de l’angle de la rue.
Nous nous glissons à leur suite, chaussées des seules paires de baskets qui étaient à notre disposition.
Devant moi, une fille perchée sur de hauts talons tient un homme en laisse au bout d’une chaîne attachée à son cou. Je me retourne et tombe nez-à-nez avec deux sexagénaires aux brushings impressionnants, en corsets clinquants et vestes de cuir.
Visiblement, tout le monde a mis le paquet sur la tenue… Mais nous pensons qu’il nous suffira de dévoiler un maximum de peau pour être acceptées dans cet antre de la luxure.
Nous patientions une heure avec une bière achetée à l’épicerie attenante avant de voir poindre à l’horizon le visage du videur.
Le lieu n’est pas réservé aux locaux, mais mieux vaut parler au moins anglais pour communiquer avec ce dernier et lui faire comprendre que nous savons où nous sommes tombées.
Notre tour venu, il nous demande comme prévu quelles tenues nous allons porter à l’intérieur.
Nous ouvrons grand les manteaux ordinaires qui nous protégeaient de la fraîcheur berlinoise pour remonter nos pulls, lui montrer ce qui se cache en dessous, lui expliquer que je vais enlever mes collants…
Il n’a pas l’air hyper emballé, alors je sors de mon sac à main le haut de maillot de bain noir que je pensais enfiler une fois dans le club (je n’avais pas mieux, je ne porte jamais de soutien-gorge).
Rapport que, bon. Hein.
Il nous laisse passer et nous pénétrons une cour intérieure dans laquelle notre attente se poursuit, au rythme des basses qui résonnent depuis l’intérieur.
À la deuxième porte, un autre homme nous demande comment nous serons vêtues, ou pas, justement.
Une heure et demie de patience plus tard, nous entrons enfin dans le KitKat.
Comment s’habiller (ou pas) au KitKatClub ?
Derrière un comptoir, des employés et employées à demi-nues s’affairent pour gérer le vestiaire.
Une jeune femme, d’énormes seins à l’air, me commande d’attraper un cintre dans l’un des gros bacs en face du vestiaire et de lui donner tout ce que je ne vais pas porter.
J’entraîne mon amie du côté des cintres. Une dizaine de personnes sont occupées, comme nous, à retirer leurs vêtements.
J’aperçois l’intérieur de la boîte ainsi que les corps plutôt très nus, et très différents, qui s’y agitent. C’est à la fois très bizarre et assez rigolo de voir tous ces adultes en tenues SM, en slip, en string ou en costumes sexy élaborés !
Je réalise que nous sommes paradoxalement « sous-habillées » par rapport aux aficionados qui ont visiblement mis beaucoup d’efforts dans leurs tenues.
Je quitte mon imper, mon écharpe, mon pull et me voilà en robe ras-du-uc.
Je me dis que j’irai aux toilettes pour enlever mes collants. Ben oui Camille, faudrait quand même pas choquer les gens, qui dans 30 minutes seront probablement en train de se fister sous tes yeux.
Je suis si naïve parfois…
Mon amie est désormais en slim et en soutien-gorge. La femme du vestiaire sourit à notre pudeur, m’invite à retirer mes collants ici et avertit mon amie qu’elle ne pourra pas entrer en pantalon.
Il y a deux jours, nous étions abasourdies de pouvoir danser en soutif dans une boîte lambda sans être jugées, mais nous avions sous-estimé le niveau de nudité requis au Kitty !
Ma pote vacille :
« Je peux pas quitter mon fute, j’ai une vieille culotte en coton achetée par ma mère… »
La femme du vestiaire lui suggère d’enlever sa culotte. Ma pote hilare à l’évocation de cette suggestion quitte finalement son pantalon.
Quant à moi, je me dirige, guillerette vers un troisième portier. Il jette un œil à mon improbable outfit, composé de la toute petite robe noire et de mes baskets poussiéreuses qui sentent la mimolette.
« You cannot go like this. »
OK, j’ai compris… Je transforme ma nuisette en jupe et enfile le haut de maillot de bain devant tout le monde en couinant à mon amie de m’aider car je me retrouve seins à l’air.
Cette fois, c’est la bonne : nous sommes assez à poil pour entrer.
À quoi ressemble le KitKatClub ?
À l’intérieur, il fait heureusement bien chaud, et les gens sont superbes.
Il y en a des jeunes, des vieux, des maigres, des gros, des grands, des petits… Ils ont tous un look qui a visiblement demandé un minimum de réflexion et d’investissement.
Une jeune femme blonde me raconte qu’elle a mis des heures à coudre ce bikini couvert de lierre en plastique qui lui donne un air d’Ève salace.
Nous dénotons visiblement, mais je me rassure en disant mon amie que c’est « notre propre vision du sexy ».
Je n’ai de toute façon jamais compris les codes vestimentaires du BDSM et j’aimerais qu’on m’explique un jour pourquoi le cuir et les clous, ça fait bander !
Les cordes par contre je comprends.
Je veux éviter moi aussi d’avoir à montrer mon vieux boxer grisé par les machines, alors je décide de jouer le jeu en raccourcissant ma jupe jusqu’à ce qu’elle dévoile le bas de mes fesses.
Nous faisons le tour des lieux, en nous faufilant dans la foule aussi souriante qu’érotique qui danse, se galoche ou s’enferme dans des cages.
« Te retourne pas mais le mec derrière a la bite à l’air. »
Un quadra habitué au style gothique nous fait visiter ses recoins préférés et nous offre des sucettes. Lorsque la conversation s’essouffle, nous le prions de nous excuser et repartons faire notre vie de notre côté.
Ici, l’esprit body-positive et le consentement sont rois, sinon le concept ne fonctionnerait simplement pas…
Bien que quasi-nues, nous nous sentons plus en sécurité que dans une boîte française où dix mecs lourds nous auraient déjà abordés.
Nous passons de salle en salle, à travers des décors kitsch, empruntons des escaliers et découvrons des mezzanines jusqu’à pénétrer la pièce maîtresse du lieu qui abrite une piscine aux abords surpeuplés de fêtards peu vêtus. La scène est irréelle.
J’ai l’impression d’être Alice, tombée dans le terrier du Lapin Blanc, et c’est avec aisance que je me meus dans ce monde parallèle où, finalement, tout le monde est à égalité.
Les seins à l’air au KitKatClub
Une vodka tonic plus tard, nous décidons de tenter le topless.
Nous sommes à l’aise, toutes les personnes qui nous ont parlé spontanément l’ont fait avec beaucoup de bienveillance, et ça nous fait mal au derche d’avoir l’air des touristes de la soirée.
Et puis, si on le fait pas ici, ce ne sera pas demain la veille que l’occasion va se représenter ! En plus, tous les portables sont confisqués à l’entrée, ce qui nous prémunit contre les preuves à charge indésirées.
Pour ma part, je fais déjà du seins-nus à la plage et, vous l’aurez compris, la pudeur ne m’a jamais étouffée. Mais dans ce contexte, l’expérience est bien différente, et de mon point de vue, encore plus jouissive.
Les tétons au vent, je ne me sens pas vulnérable mais au contraire puissante et je déambule comme si de rien n’était.
D’un autre côté, nous avons déjà « surpris » une fellation, un cunni et un coït : ce n’est pas mon 75A qui va perturber l’assemblée.
Alors que nous échangeons nos impressions, les fesses collées au simili-cuir d’une banquette rouge, un homme plutôt âgé vient s’asseoir non loin de nous. Environ, une minute plus tard, j’aperçois son prépuce dépasser de sa braguette.
« Je te propose qu’on change de place avant qu’il ne commence à se branler… »
Fin de soirée en début de matinée
Vers 5h du matin, ma copine a remis son soutien-gorge. Cette troisième nuit de fête nous a épuisées.
Non pas que nous ayons fait des folies de nos corps… Je ne sais pas jusqu’où la fièvre berlinoise nous aurait emportées, mais de toute façon, personne ne nous a plu dans la soirée.
L’accumulation de la fatigue nous pousse à quitter ce beau bordel organisé.
La fête est finie, je m’aligne avec les gens qui se rhabillent en file indienne dans l’entrée. Les cintres retournent dans les bacs prévus à cet effet.
Je ressors de là, gloussant intérieurement en pensant au contraste entre ma dégaine dans le matin froid et ma non-tenue de la soirée.
C’était une belle aventure et maintenant, ça va me paraître bien fade de devoir danser habillée…
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Les Commentaires
Article super intéressant en tout cas, merci !