Peter Jackson ne semble pas avoir peur de toucher aux légendes : après avoir osé mettre en images la trilogie du Seigneur des anneaux de Tolkien, voici qu’il nous livre sa version de King Kong…
Réalisé par : Peter Jackson
Avec : Naomi Watts, Jack Black, Adrien Brody, Andy Serkis…
Sortie : le 14 décembre 2005
Oh la jolie bébète !
L’histoire de King Kong, on la connaît tous plus ou moins : dans le film de 1933 réalisé par Ernest B. Schoedsack, un réalisateur ambitieux nommé Carl Denham (joué par Jack Black dans la version 2005) se met en quête d’une île mystérieuse qui, selon la légende, renferme des paysages et des bestioles assez époustouflants pour lui permettre de réaliser un chef-d’oeuvre. Accompagné du scénariste Jack Driscoll (Adrien Brody dans la version 2005) et de la blonde et belle actrice Ann Darrow (Naomi Watts dans la version 2005), il s’aperçoit sur place que la réalité est bien plus flippante encore que la légende : sur l’île, au milieu d’une jungle peuplée d’animaux préhistorique, batifole en effet un gorille géant pas très commode.
Histoire de le calmer, les habitants de l’île lui offrent des sacrifices de temps en temps et Ann Darrow finit par en faire les frais. Seulement, au lieu de la réduire en purée, Kong le gorille fond pour l’actrice et la garde auprès de lui. L’équipe de Denham se met alors à sa recherche, mettant ainsi les pieds dans une épopée qui dépasse de loin ce que le plus taré des scénaristes aurait pu imaginer…
Elle a le poil brillant !
A sa sortie, le film (dont les effets spéciaux font sensation), remporte un succès immédiat. L’Empire State Building, inauguré à peine deux ans auparavant, devient d’ailleurs presque indissociable de la fameuse scène dans laquelle King Kong esacalade sa façade, Ann Darrow à la main. Quant au personnage de Kong, il finit par vivre quasi indépendamment du film d’origine : depuis la sortie de King Kong en 1933, il y a eu sa suite, Le fils de King Kong (toujours en 1933), un remake américain (en 1976, avec Jeff Bridges et Jessica Lange) puis sa suite (King Kong 2 en 1986), un King Kong contre Godzilla japonais, un dessin animé, sans compter les films inspirés du personnage, comme Mon ami Joe. Bref, impossible d’échapper au gorille : d’accord, peu de gens ont vraiment vu le film, mais tout le monde a entendu parler du personnage.
Peter Jackson, lui, a non seulement vu le film étant enfant, mais s’est mis en tête de réinterpréter un jour l’histoire de Kong. "Un jour", ça a failli être à la fin des années 1990 : les studios semblent alors prêts à rescuciter King Kong et Peter Jackson est aux anges. Seulement voilà : à peu près à la même époque sortent Godzilla, Mon ami Joe et autres films à grosses bébètes. Résultat : Peter Jackson voit son projet repoussé. Dégoûté mais pas sans ressources, le réalisateur s’attaque alors à… La trilogie du Seigneur des Anneaux. Ce n’est que quelques oscars plus tard, en 2003, que Peter Jackson a l’occasion de relancer le projet King Kong.
Elle a bon caractère ?
Je serais bien incapable de comparer ce King Kong là à l’original, puisque je me souviens à peine du film de 1933. Comme beaucoup, je n’ai en tête que la scène de l’Empire State Building, ou les images d’Ann Darrow offerte en sacrifice à ce fanfaron de Kong. Ce que je sais, c’est qu’après avoir entendu dire que 3h, c’était quand même long et que Peter Jackson en avait peut-être ajouté une louche de trop dans le spectaculaire, j’avais un peu peur en entrant dans la salle. Je me voyais déjà bavant sur mon voisin au bout d’1h40 de pellicule.
Heureusement, ça n’est pas ce qui s’est produit. D’abord, parce que je n’avais pas de voisin. Ensuite, parce que je n’ai pas vu le temps passer. Moi qui ne suis pas fan des machins impliquant courses-poursuite, trucs qui pètent (j’ai dit "trucs". Si ce sont des gens, c’est pas pareil) et bébêtes qui rugissent, je ne me suis pas ennuyée une minute. D’accord, le réalisateur n’a pas lésiné sur les moyens pour donner vie à la jungle de Skull Island et à ses monstres. Mais à côté de scènes qu’on aurait presque l’habitude de voir ("Oh, un vélociraptor va lui arracher la tronche, je parie, huhu" "Ah, lui, y va se faire piétiner"), Peter Jackson a injecté du neuf. Notamment une séquence étonnante dans laquelle un troupeau entier de Brontosaures (enfin je crois) se casse la gueule.
Ces scènes, forcément démesurées, où l’équipe de Denham se débat sur l’île s’insèrent d’ailleurs plutôt bien dans le reste du film, reconstitution du New York de la Grande Dépression. Le début du film, qui joue pas mal sur le contraste entre une ville toujours en expansion, toujours avide de divertissement, et une population qui crève la dalle, est d’ailleurs un vrai délice.
Ajoute à cela des images d’une beauté époustouflante, et tu obtiens ta part de pesstacle pur. Un pesstacle qui fait la part belle au duo Ann Darrow-Kong, mais qui dépeint aussi la folie à la fois créatrice et destructrice de Denham, le réalisateur par qui tout a commencé. Le voir s’enfoncer toujours un peu plus vers le danger au mépris de tous est bien sûr l’un des ressorts dramatiques du film, et son "parcours" paraît au final avoir pas mal de similitudes avec celui du big gorille (NDMoi : avant de me dire que je bois pendant les projections, fais attention aux références littéraires distillées dans le film et aux toutes dernières répliques, Après tu pourras me faire la remarque. Hin hin).
Et comment c’est fait ?
Peter Jackson a confié à sa société d’effets spéciaux WETA Digital (qui avait réalisé les effets de la trilogie) le soin de mettre au point les bestioles de Skull Island ainsi qu’un King Kong en images de synthèses. Pour pouvoir au mieux maîtriser le "jeu" du gorille, ses différentes expressions ont été préalablement jouées par Andy Serkis (voir cet extrait du tournage), acteur qui s’était déjà prêté à ce genre d’exercice pour donner vie à Gollum dans Le Seigneur des Anneaux.
Le gorille géant a d’ailleurs donné du fil à retordre aux équipes créatives du film, qui ont pas mal tâtonné avant de trouver un King Kong qui conviendrait aux fans et pourrait se prêter à la vision que Peter Jackson a de son héros : un être arraché à son environnement et exposé contre son gré, donc à la fois vulnérable et puissant.
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