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Culture

Le coup de gueule de Jameela Jamil contre une pub de Kim Kardashian

Kim Kardashian, 111 millions de followers, a fait une publicité d’une sucette coupe-faim. Cette publication a provoqué la colère de Jameela Jamil, l’actrice de The Good Place.

Publication du 16 mai 2018, mis à jour le 17 mai en fin d’article

À peine mi-mai et déjà des conseils non sollicités pour perdre cinq kilos avant de me mettre en bikini fleurissent dans mes spams.

Une autre publicité pour mincir a rejoint ce florilège, et autant te dire qu’elle ne passe pas inaperçue sur les Internets.

La colère de Jameela Jamil face à cette publicité de Kim Kardashian

Jameela Jamil, qui interprète Tahani dans The Good Place, baigne dans le mouvement bodypositive. Elle a d’ailleurs récemment ouvert un compte Instagram appelé @i_weigh exclusivement dédié à cet engagement.

Elle a posté un tweet sur le sujet, directement adressé à Kim Kardashian.

https://twitter.com/jameelajamil/status/996603187623641090

« Non. Ça dégage. Non. Tu es une mauvaise influence toxique pour les jeunes filles.

J’admire les capacités marketing de leur mère, elle est clairement innovante et efficace, mais cette famille me fait désespérer quant à l’image de ce à quoi les femmes sont réduites. »

Ce tweet n’est pas une agression gratuite, c’est la réaction de l’actrice à la dernière photo publiée sur l’Instagram de Kim Kardashian, qui a depuis supprimé son post. 

kim-kardashian-sucette-post-instagram

On la voit faisant la promotion d’une sucette coupe-faim de la marque Flat Tummy Co, suivie par 1,5 millions de personnes. La photo est accompagnée du texte suivant :

« #pub Les gars, @flattummyco vient de sortir un nouveau produit. Ce sont des sucettes coupe faim et elles sont vraiment incroyables. Ils offrent 15% de réduction aux 500 premières personnes donc si vous voulez mettre la main dessus, il va falloir être rapide ! »

Jameela Jamil ajoute encore :

https://twitter.com/jameelajamil/status/996609661141860352

« Peut-être que tu ne devrais pas prendre de coupe-faim et manger suffisamment pour alimenter ton cerveau, travailler dur et avoir du succès. Et jouer avec tes enfants. Et comme ça à la fin de ta vie tu pourras dire autre chose que « J’avais un ventre plat ».

L’injonction à la minceur de trop ?

Je comprends la colère de l’actrice. Quand en 2018 je pensais que les publicités Slim Fast deviendraient des trolls, voilà que quelqu’un qui a autant d’influence que Kim Kardashian fait une publicité pour mincir. Non pas elle, SVP.

Pourtant, si les déclarations de l’actrice sont très vénères, je ne les perçois pas comme étant uniquement tournées contre Kim Kardashian.

Pour moi, cette publicité est surtout la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Celui de Jameela Jamil sans doute vu sa réaction, mais aussi du mien.

Et de certainement beaucoup de femmes, qui doivent faire constamment face à des injonctions à la minceur, à être plus ceci ou moins cela. A fortiori en pleine saison de #BeachBodyReady, et autres « opération bikini », que Laura Calu a cordialement invité à « fermer sa gueule »  (et ça fait du bien !).

À lire aussi : Laura Calu présente #ObjectifBikiniFermeTaGueule, son initiative body positive devenue virale !

Kim Kardashian un modèle pour beaucoup de jeunes meufs

« Une mauvaise influence toxique pour les jeunes filles. » Ce que Jameela veut rappeler par cette phrase peu cordiale, c’est qu’effectivement, Kim Kardashian est prise en modèle par beaucoup d’adolescentes et de jeunes femmes.

Alors oui, le danger qui saoule Jameela est compréhensible : que vont comprendre les jeunes femmes qui verront que Kim K. mange des sucettes coupe-faim pour rester mince ?

Le risque est qu’elles rentrent elles aussi dans une logique de diktat de la minceur qui pourrit la vie de tant de personnes, si ce n’est pas déjà le cas.

Kim Kardashian, pourtant, dispose de son corps et est en droit de vouloir être mince si elle le désire. Elle a le droit de faire de la publicité pour un produit minceur.

À lire aussi : Est-ce que maigrir, c’est trahir mes convictions et mon féminisme ?

Rapport au corps : l’importance de la liberté de choisir

Je travaille pour madmoiZelle alors inutile de te dire que je suis très familière avec le concept du bodypositive.

Et pour moi, le bodypositive, c’est avoir le choix. Et c’est avec ce filtre là que je lis la promo de Kim Kardashian.

Je n’y vois pas d’ordre à acheter ces fameuses sucettes.

Je lis : « si vous voulez mettre la main dessus, il va falloir être rapide ! ». « Si ». Le choix. Je sais que je l’ai.

Parfois j’ai tendance à oublier que je l’ai, quand je regarde les publicités à la télévision ou les photos des magazines de mode.

J’ai l’impression qu’on me dit de manière implicite mais très claire que je ne vaudrai rien si je ne ressemble pas aux filles qui ont une peau parfaite et pas un pet de cellulite.

Et 10 secondes après, je vais me rappeler que j’ai toujours le choix de ne pas me laisser bouffer et d’aller voir toutes les femmes et les hommes qui passent un message bodypositive et qui m’encouragent à m’aimer telle que je suis.

Que j’ai aussi le choix de changer mon apparence si cela me permet de me sentir mieux dans ma peau.

Ce qui est donc essentiel de répéter en permanence et pas uniquement qu’aux adolescentes, c’est que notre force, c’est le choix d’être qui on veut.

Grâce à cette liberté, les prises de paroles des stars que j’aime ne deviennent plus des injonctions, juste des possibilités que je suis libre d’étudier ou de laisser au bord de ma route.

Edit du 17 mai — Jameela Jamil a réagi hier sur son compte Instagram face aux divers relais médiatiques de son coup de gueule salutaire.

L’actrice a remercié toutes celles et ceux qui lui ont témoigné du soutien et en a profité pour souligner la finalité de sa démarche.

jameela jamil story

« Nous allons soigner toutes ces filles qui ont été blessées par les conneries de notre culture »

Et je suis tellement d’accord avec ce qu’elle dit. C’est en disant aux meufs que nous n’avons pas à subir les injonctions dont nous sommes la cible permanente que nous irons de l’avant.

Bien sûr que les marques et la pub voudront toujours faire des tunes. Le culte de la minceur et de la perfection sont tellement ancrés dans notre culture que c’est pas demain la veille que ces boîtes arrêteront de communiquer dessus et de nous asséner des messages culpabilisants.

C’est triste de se dire qu’on ne peut pas leur fermer le clapet et ainsi nous protéger, protéger les plus jeunes, comme les adolescentes. En revanche, on peut se donner des armes et des boucliers sur lesquels ces messages vont rebondir.

Ces armes, c’est la confiance en soi, l’amour de soi, la solidarité, la valorisation de nos capacités, la bienveillance, le bodypositive. Ce combat peut déjà se mener entre nous, entre soeurs, amies, cousines.

Il peut se mener entre les stars comme le fait Jameela, mais aussi entre les gens qui bossent dans le marketing, la communication.

Et demain, les gens seront de moins en moins réceptifs à toutes ces injonctions nocives.

Demain, le Beach Body Ready sera plus un nom de cocktail ringard qu’un modèle exclusif de corps que tout le monde a le sentiment de devoir suivre.

Après demain, les gens qui ont souffert des diktats verront la publicité de sucettes coupe-faim comme un vestige d’un passé qu’on ne regrette pas, et plus comme un rappel de leur « imperfection », d’un but ultime de ventre plat à atteindre, sans quoi leur valeur serait réduite à néant.

Alors merci Jameela, pour ce coup de gueule salutaire : c’est un message qu’on aura encore besoin d’entendre haut et fort pendant longtemps, afin qu’on finisse par ne plus entendre et ne plus voir les messages toxiques aussi subtiles qu’une pub pour des sucettes coupe-faim.

À lire aussi : Pourquoi j’aurais aimé avoir Instagram à 14 ans


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Les Commentaires

68
Avatar de Kathelvellon
19 juin 2018 à 15h06
Kathelvellon
Oui, pour répondre à ta dernière question.
Donc, Clémence, tu considères que ce "Si" change tout, parce qu'il n'est pas une injonction ? Tu le disais d'ailleurs dans l'article, que je cite : [Je lis : « si vous voulez mettre la main dessus, il va falloir être rapide ! ». « Si ». Le choix. Je sais que je l’ai.]
Même si la grammaire, à proprement parler, te donne raison, je rejoint toutes les Madmoizelles (et Jameela Jamil) qui ont exprimé à quel point cette publicité était choquante et malvenue. Pour moi, ce "Si" est surtout d'une hypocrisie monumentale ! Remplaçons l'injonction à la minceur par un autre exemple : que penserais-tu de quelqu'un qui déclarerais "Ce petit armurier vend de très joli couteaux, et Si vous avez envie d'en planter un dans le dos d'un(e) <insérer ici une minorité ethnique de votre choix>, libre à vous !" ? Est-ce-que, à cause du "Si", tu considérerait qu'il ne s'agit pas d'un appel au meurtre, ou quand même un petit peu ?
Pour moi, ce "Si" n'est qu'un détail hypocrite et Kim K. sait très bien ce qu'elle fait : elle ne se contente pas d'exercer sa "liberté", elle use d'un pouvoir, quelle sait très bien détenir, pour pousser des gens fragiles et influençables à acheter un produit douteux (voire à effet néfaste), seulement pour s'enrichir davantage. C'est calculé et n'a rien d'une communication innocente sur sa propre liberté de faire ce qu'elle veut de son corps. Elle n'a pas le droit d'ignorer les conséquences que ses propos, de personne publique au statut d'idole, vont avoir sur ses fans... comme l'a dit un grand philosophe (Spiderman), "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités".
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