L’animation TV japonaise est une anomalie mondiale. Chaque mi-saison débutent des dizaines (!) de nouvelles séries originales, en plus des séries à l’année issues de manga célèbres. S’il y en a pour tous les goûts, la pépite de cet automne est clairement Kill La Kill, meta, girl power et déjantée.
http://youtu.be/rqAxKLZDlaA
Super-pouvoirs et tenues fetish
Nouvelle création du tout jeune studio d’animation Trigger, Kill La Kill est la nouvelle série chapeautée par l’équipe créative de Gurren Lagann, un autre anime culte. Elle se déroule dans une ville-université post-apocalyptique. L’école est administrée d’une main de fer par la cruelle Satsuki, présidente du conseil étudiant et sa clique de larbins. Tous possèdent des uniformes tissés en fibre de vie, leur conférant d’incroyables superpouvoirs.
C’est là que débarque Ryuko, orpheline suite à l’assassinat de son père, persuadée que Satsuki possède les réponses à ses questions. Pour atteindre la présidente, Ryuko devra se défaire de tous les sbires de Satsuki. Elle est aidée en cela par un costume vivant, création de son père. Lorsqu’elle le revêt et l’alimente de son sang, le costume se transforme en tenue fetish (!²) ultra puissante. S’ensuivent bastons démentes et scènes de la vie quotidienne étudiante, le tout dans une esthétique incroyable.
Un style graphique époustouflant
Car la première vraie force de Kill La Kill, c’est sa patte graphique. L’anime respecte les codes du manga mais n’hésite pas à changer de style entre deux séquences (de cartoon à ultra-sérieux) et utilise un tas de techniques différentes pour faire vivre son univers. Le tout est appuyé par un budget conséquent qui permet une fluidité d’action assez éblouissante
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Chaque combat est un véritable régal pour les yeux, d’autant que même les séquences plus « calmes » avancent à toute vitesse. En cela, Kill La Kill impose son rythme et son univers, se détachant de la plupart des autres productions de l’année, misant sur un style et une narration plus classique.
Une tenue sexy pas tout à fait gratuite
Vient ensuite l’épineux problème du « fan-service », c’est-à-dire la nudité gratuite faite pour rendre dingo le spectateur libidineux. Si au début Kill La Kill semble plonger droit dedans, entre décolletés absurdes et combinaisons SM, c’est pour mieux pervertir les clichés.
Une des premières histoires de la série tourne autour de la pudeur de Ryuko et d’à quel point cela l’empêche de se battre en petite tenue. Elle finira par dépasser sa timidité et l’érotisme de son costume, acceptant son corps et le regard des autres, la rendant plus forte. Malin.
Et puis les garçons en prennent aussi pour leur grade : l’un des rares alliés de l’héroïne ne peut s’empêcher de se déshabiller chaque fois qu’il explique une partie de l’intrigue, une sorte d’exhibitionnisme conversationnel.
Non seulement tout le monde finit plus ou moins à poil, mais cela ne ralentit jamais l’action, la caméra ne s’attarde pas. Le fan service est tissé au sein de l’intrigue et, s’il n’est pas pour autant toujours justifié, il a le mérite de proposer quelqu’un chose d’un peu différent, d’un peu bizarre.
Who runs the world ? Girls !
Surtout, la série est infiniment girl power, au-delà du sous-texte sur l’acceptation de soi. C’est avant tout l’histoire d’une fille contre une autre fille. Les pions masculins de Satsuki ne sont que ça, des pions, tandis que les rares alliés mâle de Ryuko sont on ne peut plus bizarres.
Du coup, pas une seule histoire d’amour à l’horizon, pas de meilleur ami beau gosse qui viendrait troubler l’héroïne dans sa quête de vengeance. Au contraire, les mecs sont soit trop pervers, soit trop absorbés dans leurs propres définitions de la virilité pour que naisse la moindre romance. Kill La Kill est un anime de baston pur et dur, avec une fille qui encaisse les mandales et renvoie le double.
En utilisant les codes classiques du manga pour mieux les détourner, en jouant avec des styles visuels et un univers unique, Kill La Kill est la bonne surprise anime de l’automne. Un vrai bonheur de fan d’animation, assez fluide et bizarre pour hypnotiser. Si l’on est sensible au genre il serait dommage de passer à côté !
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