En 2007, j’avais chopé dans la penderie d’une amie un gilet zippé jaune citron du meilleur goût.
Une chose de type moulante avec des bandes noires sur le côté, que j’arborais fièrement avec un jean taille basse délavé, couplé d’une ceinture Dolce & GabIna fraîchement achetée au Maroc, au détour d’un marché.
Une affaire !
Le tout était bien sûr relevé par un bandana imprimé camouflage, porté sur une crinière violette.
J’avais 14 ans, et je raffolais de mon style. Aujourd’hui, j’en ai 25 et retiens un jet de vomi dès que je retombe sur ces photos.
Ce gilet zippé, je l’ai mis et remis. Usé jusqu’à la corde.
C’est que, vois-tu, c’était presque la réplique exacte de celui porté par Uma Thurman dans Kill Bill, une héroïne puissante et déterminée.
C’était mon tout premier Tarantino, et le début d’une histoire d’amour sanglante…
Kill Bill, de quoi ça parle ?
J’ai toujours aimé le sang au cinéma. J’aime sa couleur, son opacité, et ses différentes symboliques.
Alors devant Kill Bill, j’étais au spectacle.
Comme dans tous les Tarantino, l’hémoglobine gicle de tous les côtés, éclaboussant les visages, les vêtements et les décors. Il est rouge pétard, presque iréel, comme dans les mangas.
Le côté grand-gignolesque des fontaines de sang écarlate qui coulent à tout va dédramatise en plus la violence des Tarantino.
Et moi, je kiffe !
- Alors, de quoi ça parle ?
D’une femme en colère. Mais pas juste un peu. Pas comme moi ce matin, quand ma séance de cinéma a été ruinée par des ados incapables de fermer leurs mouilles.
Non. VÉNÈRE.
Quatre années auparavant, elle a été sauvagement passée à tabac par un commando qui lui a tiré dessus alors qu’elle était enceinte. Et puis bon, accessoirement, ils ont assassiné tous ses proches.
Comme ça, en passant.
Restée dans le coma pendant toutes ses années, elle est bien déterminée à prendre sa revanche.
Avant, elle était tueuse à gages au sein du Détachement International des Vipères Assassines.
Bill, le chef, était son mec.
Et il n’avait pas franchement digéré sa rupture, d’où la mission assassinat.
Il aurait pu travailler un peu sur sa colère, et casser une assiette comme tout le monde, mais a préféré buter des gens à bras raccourcis.
Un choix tout à fait raisonnable !
Alors, notre héroïne se le réserve pour la fin. En attendant, elle s’en va gentiment dézinguer à coups de sabres ses anciens collègues…
Kill Bill, un récit en deux volumes
À l’origine, Quentin Tarantino ne veut réaliser qu’un opus unique. Mais alors qu’il est en pleine écriture du film, une idée lui vient.
Le récit se déroule sur deux époques différentes et pourrait s’étaler sur un duo de longs-métrages, ce qui laisserait plus de place à un vrai beau storytelling.
Il en touche un mot au producteur, qui n’est autre Harvey Weinstein — un nom désormais associé à des crimes sexuels commis envers de nombreuses femmes.
Après avoir lu les ébauches de Tarantino, Weinstein lui donne son aval et confirme être prêt à financer le dyptique.
Le film initial est donc coupé en deux parties distinctes, chacune conservant bien l’identité de l’autre, mais avec sa touche perso.
Kill Bill, deux volumes aux inspirations différentes
Si Kill Bill Volume 1 s’inspire des films de kung fu, le second opus, lui, tire davantage ses références des westerns spaghetti.
Un genre qui influence continuellement le travail de Tarantino, comme vous avez pu le remarquer dans ses longs-métrages Django Unchained et Les Huit Salopards !
Kill Bill retardé par un gros imprévu
Initialement prévu pour le début d’année 2001, le tournage a été sacrément retardé. Mais c’était pour une bonne raison : Uma Thurman, l’actrice fétiche de Tarantino, est enceinte.
Alors que les studios Miramax insistent auprès du réalisateur pour qu’il engage Patricia Arquette à la place, il refuse. Et tient bon jusqu’au bout.
L’équipe du film a mis ce temps à profit pour peaufiner la pré-production de Kill Bill, ce qui a très probablement joué dans sa qualité finale !
Le tournage commencera finalement un an après la date prévue.
Kill Bill, un Tarantino sans caméo
Au départ, Quentin Tarantino s’était prévu un rôle, histoire de régaler ses fans d’un petit caméo.
Mais la quantité de travail requise sur le tournage était tel qu’il a du renoncer à l’idée.
C’est du coup l’acteur Gordon Liu qui a pris la relève au pied levé !
Des entraînements colossaux pour Kill Bill
À l’écran, tous les acteurs sont saisissants. Précis dans leurs chorégraphies, ils semblent tous maîtriser les arts martiaux !
Sont-ils doublés ? Je m’étais posé la question en découvrant le film.
En fait, Tarantino a voulu donner le plus d’authenticité possible à son film en imposant à ses acteurs un entraînement intensif.
En plus de la musculation et d’exercices de cardio, ils ont suivi des cours avec Sonny Chiba, un ponte du cinéma d’action hongkongais, qui leur enseigna les rudiments du maniement du sabre, ainsi qu’avec Yuen Woo Ping, qui leur a appris les bases des arts martiaux.
Un programme considérable quand on sait le nombre d’années que ces maitres ont mis à assimiler leur art… Mais le résultat est saisissant.
L’intransigeance de Quentin Tarantino a cependant ses aspects sombres. Uma Thurman a confié que pour plus de réalisme, il l’a forcée à tourner une dangereuse scène de conduite ayant débouché sur un accident lui ayant causé de lourdes séquelles.
Notre article à ce sujet : Uma Thurman a mis 47 ans à différencier amour et cruauté, mais vous pouvez y arriver plus tôt.
Des cours de langue nécessaires pour Kill Bill
L’enseignement ne s’est pas arrêté là pour les acteurs ambitieux et exigeants.
Ils ont également dû parfaire leurs connaissances des langues en ajoutant le japonais à leur arc.
Enfin… au moins les bases, de manière à prononcer correctement leurs répliques nippones et être compris par le public concerné, lors de la sortie du film !
Ces efforts conséquents ont payé. Les deux opus de Kill Bill ont fait des cartons commerciaux, et Quentin Tarantino a gagné de nombreux fans.
C’est la fin de ce Classique de la Semaine… alors dis-moi, t’as envie de te refaire les Kill Bill ?
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