18 ans, un enfant, un premier rôle principal réussi, une récompense à Cannes et un accent à couper au couteau, Katie Jarvis est devant moi. Habillée en blanc, des diamants aux oreilles, elle s’installe comme si de rien n’était. Sauf que cette fille là, ça n’est pas n’importe qui. Elle a fait fondre une réalisatrice, séduit le jury de Cannes, et elle s’apprête à faire flancher le public dès la sortie de Fish Tank, le 16 septembre.
Prête à vivre une existence sans vague
Et pourtant, il y a encore deux ans, elle s’inscrivait dans la filière esthétique de son école, résolue à vivre une vie absolument sans vague. C’était sans compter son tempérament, qui l’a fait repérer par le casteur de Fish Tank, un jour qu’elle est en train d’engueuler son petit copain sur un quai de gare. A l’évocation de cette histoire qu’elle devra raconter mille fois encore, Katie Jarvis sourit. « On est encore ensemble, et on a eu une petite fille en mai, elle s’appelle Lili May ».
Mai, c’était le Festival de Cannes, qui a consacré le Film Fish Tank. Katie Jarvis n’y était pas (ndlr : sa fille était née 5 jours plus tôt), une absence qui n’a pas manqué de faire parler les curieux : pourquoi n’est-elle pas là ? Veut-elle déjà en finir avec sa carrière ? Un brin énervée, Katie Jarvis se redresse pour évoquer cette rumeur. « Je ne sais pas d’où elle est sortie, je veux continuer dans l’industrie du cinéma, je serais bête de cracher sur une carrière qui commence par un film à Cannes ».
"Accepter un autre Fish Tank ? Trop facile."
Je ne sais pas si c’est ses yeux noirs, mais on sent chez Katie Jarvis une détermination sans faille. Elle ne fera que confirmer cette impression, en déclarant que depuis Fish Tank, elle refuse tous les scripts qui pourraient l’enfermer dans le rôle de Mia, qu’elle a interprété. Et ce pour une raison simple, mais pas évidente pour tout le monde : " Ce serait trop facile. Je ne veux pas m’enfermer dans cette enveloppe, parce qu’il y a déjà beaucoup de monde qui me confondent avec mon personnage. Et puis je veux montrer de quoi je suis capable, et je sais que je suis capable de bien plus". Et d’ajouter que lorsqu’elle se fixe un but, rien ne peut l’en détourner. C’est peut-être pour cette raison que sa prestation est si époustouflante dans Fish Tank : " Le premier jour de tournage, j’ai compris que je ne pouvais pas faire machine arrière. C’était dur, mais j’en ai pris mon parti. Et plus les journées étaient dures, plus j’étais contente, ça voulait dire que j’avais fait du bon boulot".
Le travail a payé, car le film, "son film" en quelque sorte, Katie Jarvis a pris du plaisir à le regarder. Elle évoque avec enthousiasme sa scène préférée, la scène finale, qu’elle considère comme loin d’être une fin de conte de fée mais tant mieux, puisque ça correspond à la vraie vie. "Mia est très seule, elle n’a personne, elle n’aurait pas pu donner aux spectateurs une fin hollywoodienne, ça n’aurait pas été crédible." La volonté de retranscrire uniquement des choses réalistes, Katie Jarvis y tient, c’est d’ailleurs ce qui lui fait préférer le cinéma anglais au cartons américains. "Je ne dis pas que je n’aime pas le cinéma américain, mais les happy endings me saoulent", confie-t-elle avec un froncement de nez.
"Je suis la preuve que tout le monde mérite sa chance."
Quand je lui demade si elle a un message à faire passer aux madmoiZelles, Katie Jarvis prend une seconde pour réfléchir. Et puis elle s’élance : " Je suis la preuve que tout le monde mérite sa chance. Je n’avais pris de cours d’art dramatique avant Fish Tank, et j’ai été prise. Ce que je veux dire aux filles, c’est qu’elles doivent se donner les moyens de leurs rêves. Ca n’est pas en rêvant dans son canapé qu’on arrive à quelque chose. Il faut bouger". Et un éclair de détermination en plus, un !
Et voilà comment une jeune femme de 18 ans scotche son auditoire à chacun de ses passages. Disponible et franche, elle prend le temps d’expliquer qui elle est sans se cacher, d’ailleurs à la fin de l’interview, elle confiera même quelle est la dernière chanson qu’elle a écoutée avant d’arriver (NDLR : Sweet Dreams, de Beyoncé !). Voir Fish Tank sans avoir rencontré Katie Jarvis c’est déjà très bien, mais après avoir discuté avec elle, une seule envie subsiste : aller voir le film ( et prier pour qu’on lui envoie des scripts à la hauteur de son talent pour ses prochains films).
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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