Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Katia* qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Katia*
- Âge : 29 ans
- Profession : Traductrice indépendante
- Revenu avant prélèvement des cotisations : entre 800 € et 2400 €
- Revenu net après prélèvement des cotisations : entre 560 € et 1 680 €
- Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son copain et leurs deux chats
- Lieu de vie : une ville dans le Rhône (60)
La situation et les revenus de Katia
Katia a 29 ans et est traductrice indépendante depuis cinq ans, sous le statut d’autrice. Elle travaille pour des maisons d’édition ou des intermédiaires pour traduire des mangas et animés. Katia a déjà été salariée auparavant, mais jamais dans le domaine de la traduction littéraire.
« Malheureusement, avoir un CDI/CDD avec ce métier, ça relève souvent de la fantaisie. Il y en a quelques-uns de proposés par-ci par-là, mais c’est souvent mal payé et pas dans de superbes conditions. Il y a certaines entreprises qui sont bien, évidemment, mais bon… il faut avoir les contacts pour se faire ouvrir les portes, on va dire. »
Cela dit, elle adore être indépendante pour la liberté que cela lui procure. De manière générale, elle confie beaucoup aimer son travail.
« Mais je n’aime pas le fait que beaucoup de maisons d’édition en profitent pour nous marcher sur les pieds parce qu’il n’y a personne derrière nous pour nous soutenir. »
Néanmoins, son métier la fatigue beaucoup, « surtout mentalement ».
« Les clients pour qui je travaille ne me laissent que peu de temps pour leur rendre un travail de qualité. J’accumule donc souvent des heures en pleine nuit, en soirée ou le week-end. C’est épuisant physiquement et par conséquent, ça demande beaucoup mentalement pour faire des phrases qui se tiennent. »
C’est d’autant plus difficile pour la jeune femme qu’elle a actuellement des troubles de santé mentale, qui impactent sa vie professionnelle, et donc ses finances.
« J’ai été diagnostiquée TDAH l’an dernier, ce qui m’a aidé à comprendre certaines difficultés que j’ai parfois à me concentrer. La dépression ne fait qu’empirer ce problème et parfois, il m’arrive de mettre plusieurs heures voir jours avant de réussir à me mettre sur un projet. »
Katia vit en couple avec son compagnon et leurs deux chats, dans un appartement d’une ville du Rhône, dont ils sont locataires depuis quatre ans.
Pour son job de traductrice en freelance, Katia ne touche pas un revenu fixe, mais qui varie en fonction des projets qui lui sont confiés : entre 800 € et 2 400 € brut selon les mois. La jeune femme n’est pas soumise au prélèvement à la source, mais doit reverser environ 30 % de ces revenus à divers organismes, comme l’URSSAF et l’IRCEC, en guise de cotisations.
Il lui reste donc pour vivre entre 560 € et 1 680 €, une fois ces charges déduites, ce qu’elle estime être bien trop peu au regard du temps que lui demande son activité.
« Comme beaucoup d’autres traducteurs et traductrices, je suis assez mal payée. Beaucoup de maisons d’édition ne veulent pas nous faire signer de contrat ou payer les droits d’auteur, et préfèrent passer par des studios qui nous paient au lance-pierre… On est au bout de la chaîne et ça se sent. »
Le copain de Katia n’a pas de revenu régulier pour le moment, mais il bénéficie de 100 € de prime d’activité.
Le rapport à l’argent de Katia et son organisation financière
Katia a grandi auprès de parents qui étaient « très à cheval sur leurs comptes » :
« Toute ma vie, j’ai vu ma mère faire attention aux prix. Mon père était celui qui rapportait le plus d’argent à la maison car ma mère ne pouvait faire que quelques ménages, elle passait son temps à s’occuper de nous. »
Au quotidien, Katia essaye de privilégier les petits prix et d’économiser au maximum, mais elle avoue que c’est compliqué.
« Ces derniers temps, je suis souvent à découvert parce que j’assume le coût du loyer seule. J’ai beaucoup de mal à travailler également à cause de la dépression, donc ça n’aide pas à remplir le compte en banque. »
Concernant leur organisation financière, Katia et son copain ont chacun un compte courant personnel, mais pas de compte épargne.
« J’ai déjà deux comptes toute seule (un pro et un perso), donc je me vois mal en avoir un autre à gérer. »
Pour le moment, leur gestion des dépenses communes est déséquilibrée, du fait de la situation professionnelle du compagnon de Katia.
« Je paie pratiquement tout car mon copain n’a pas de revenu régulier. C’est assez récent, car avant il s’occupait du loyer et je payais tout le reste (assurances, courses, etc.). »
Les dépenses de Katia
Katia assure actuellement le paiement de l’intégralité du loyer, qui s’élève à 860 € mensuels. Il s’agit de son principal poste de dépenses.
Parmi les autres charges dont elle s’occupe, elle liste 110 € de factures courantes (40 € de gaz, 40 € d’électricité, et le reste de charges) et 50 € d’abonnements (11 € d’abonnement téléphonique, suite Office pour 7 €, deux abonnements Patreon pour 8 €). « Je donne aussi 4 € à une amie pour squatter son compte Netflix. » Elle paye aussi 94 € pour les assurances (18 € d’assurance habitation, 41 € de mutuelle et 35 € d’assurance pour le « plus vieux chat » de Katia), et 12 € de frais bancaires.
Katia se déplaçant principalement à pied, elle n’a pas de frais de transports réguliers et du fait de ses faibles revenus, elle n’est pas sujette à l’impôt sur le revenu.
Concernant ses frais alimentaires, Katia les estime à 350 € par mois pour deux, principalement en grande surface.
« Je privilégie surtout la praticité. Je n’ai pas de voiture et mes poignets sont en mauvais état à cause de mon travail, donc je préfère éviter de porter les courses trop longtemps. »
Outre les achats alimentaires pour elle et son copain, Katia consacre 15 € par mois à leurs chats et 15 € aux dépenses dites « féminines ».
« Je ne me maquille pas, alors je n’achète que des rasoirs et des serviettes hygiéniques. »
Par ailleurs, Katia règle chaque mois une séance chez la psychologue, d’un montant de 55 €.
Les dépenses loisirs de Katia
Pour se détendre et se vider la tête, Katia adore créer « des petites choses ». En tant qu’artiste, elle consacre donc tout son budget « loisirs » à acheter du matériel : 30 € en moyenne.
« Je dépense ce que je peux dedans. Parfois rien, parfois quelques dizaines, voire centaines d’euros. C’est très important pour moi, c’est un peu ce qui me permet de m’épanouir en dehors du travail. »
Son dernier craquage ? Son inscription à une convention pour essayer de vendre ses créations. « J’ai payé un stand à quelques centaines d’euros. »
Pour les vêtements, Katia estime dépenser 15 € par mois environ.
« J’ai lissé la dépense, j’ai plutôt tendance à dépenser 50 ou 60 € quand je peux me le permettre (deux ou trois fois par an, en général). J’essaie de privilégier des vêtements de bonne qualité (j’aimais bien Uniqlo pour ça, mais c’est plus trop le cas…) pour que ça tienne un peu dans le temps, sinon c’est Vinted & co pour tenter de dénicher du moins cher. »
L’épargne de Katia et ses projets d’avenir
Difficile en ce moment pour Katia de mettre de l’argent de côté une fois qu’elle a réglé tous les frais mensuels qu’elle et son copain ont.
« Ces derniers temps, je n’épargne rien du tout. Habituellement, ça tourne dans la centaine d’euros. »
À l’avenir, Katia prévoit de faire un voyage à l’étranger avec ses parents.
« C’est difficile de dire si je suis heureuse au quotidien, mais on fait en sorte de l’être ! »
Merci à Katia* de nous avoir ouvert ses comptes !
* Le prénom a été modifié.
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