Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Karine a accepté d’éplucher ses comptes pour nous.
- Prénom : Karine
- Âge : 48 ans
- Métier : chargée de prévention au sein d’une association de santé
- Salaire net : 1 800 € par mois. Elle n’est pas imposée à la source.
- Personnes (ou animaux) qui vivent avec vous : sa fille de 11 ans, son fils de 20 ans, et leur chat
- Lieu de vie : une grande ville de province
Les revenus de Karine
Karine travaille en CDD au sein d’une association, comme chargée de prévention. Elle a pris une disponibilité de la fonction publique pendant deux ans, pour avoir ce poste et bénéficier d’une nouvelle expérience. Pour ses fonctions, elle est payée 1 800 € net par mois auxquels s’ajoutent 20 € mensuels de primes lissées à l’année.
« Mon salaire est dans la moyenne, mais je ne m’estime pas assez payée au regard de mon niveau d’études (Bac +4) et du métier exercé.
Parfois, en parlant avec des amis ou connaissances qui ont le même niveau d’études que moi et travaillent dans des domaines différents, je m’aperçois qu’il y a un gouffre entre mes revenus et les leurs, sans explication autre que le fait de travailler dans un domaine « qui rapporte » de leur côté. »
Elle est mère de trois enfants, de 11, 21 et 23 ans. Le plus âgé est indépendant financièrement et ne vit pas avec elle. Son fils cadet est étudiant, et vit la moitié du temps avec elle, et l’autre moitié avec son père. Sa fille de 11 ans vit avec elle mis à part un soir par semaine et un week-end sur deux, où elle est chez son père. Pour répondre aux besoins de sa fille, elle reçoit une pension alimentaire de 300 € par mois, et 37 € d’allocation de rentrée scolaire lissée à l’année.
« Je vis seule avec mes enfants au quotidien, car je ne vis pas avec mon partenaire. Cela me confère certains privilèges : nous avons acheté notre logement à deux, et j’ai donc eu accès à un bien immobilier plus grand et plus beau en remboursant seulement une partie du crédit.
Par ailleurs, mes parents m’ont toujours soutenue quand j’en ai eu besoin (par exemple : ils ont pris à leur charge une partie des frais d’études de mon fils cadet, ils achètent des vêtements pour les enfants…). Et le père de ma fille verse pour elle une pension alimentaire très correcte et il trouve ça normal, ce qui est suffisamment rare pour être souligné ! Il paye aussi son abonnement de transports. »
Elle rebondit :
« Je suis très loin de la richesse, mais je ne peux pas me plaindre non plus. J’ai l’essentiel pour les enfants et moi et j’ai la chance de pouvoir partir en vacances. Dans l’idéal, comme la plupart des Français, j’aimerais gagner 300 € à 400 € de plus, je pense que je serais plus sereine (mais peut-être que cela ne ferait que déplacer le problème !) »
« Je suis quasiment tout le temps à découvert »
En tout, Karine gère un budget de 2 157 € par mois. La chargée de prévention explique « ne pas être une grande gestionnaire » :
« Je suis quasiment tout le temps à découvert, de 200 ou 300 € environ chaque mois. Je pense que je traîne un truc chronique, des petits découverts qui deviennent, à force, un grand découvert.
J’ai été bien plus mal en point financièrement dans ma vie, lorsque je gagnais beaucoup moins et que j’ai dû rembourser un crédit à la consommation, donc aujourd’hui ça va, je ne m’inquiète pas plus que ça. Je travaille, et je sais que mon découvert sera renfloué le mois suivant. »
L’argent est rarement une source de stress pour elle, si ce n’est en cas d’imprévu qui peut « plomber son mois ». Elle explique par ailleurs souhaiter réduire sa consommation par conviction écologique :
« J’ai du mal à réduire drastiquement certaines dépenses (vêtements, petits cadeaux, etc.). Cette année, je suis malgré tout fière d’avoir réduit notre facture d’électricité de 30 % environ, en faisant très attention depuis l’hiver dernier (pas de radiateurs allumés dans la partie nuit, box tv éteinte qd on ne la regarde pas, etc.) ! »
Les dépenses de Karine et son organisation financière
Karine est en couple depuis 4 ans, mais ne vit pas avec son partenaire pour des raisons d’éloignement géographique et d’organisation familiale. Ils ne partagent donc pas les frais du quotidien, hormis le crédit et les charges de l’appartement qu’ils ont acheté ensemble, il y a deux ans.
« Nous vivons dans un appartement acheté il y a 2 ans, dans une grande ville, mais pas en centre-ville. Notre quartier est assez récent, et cherche à favoriser la mixité sociale, ce qui me convient très bien ! L’appartement est un rez-de-jardin, il mesure 82 m2 et il y a 3 chambres. Il est très agréable, bien isolé, et il a donc un extérieur dans lequel on peut manger, jouer, etc. »
Chaque mois, ce logement lui coûte 280 € en comptant le remboursement de son crédit et ses charges de copropriété.
« Je suis co-propriétaire avec mon compagnon. Nous remboursons le crédit au prorata de nos ressources, de mon côté j’ai donc un petit remboursement mensuel, ce qui, j’en ai conscience, est un énorme avantage dans ma situation. »
Son plus gros poste de dépense ne se trouve pas dans son loyer, mais plutôt dans les courses. Elle compte pour celles-ci un budget d’environ 660 € par mois :
« C’est la somme maximale de ce que je peux dépenser par mois pour les courses. Dans ces 660 €, je compte l’alimentation, les produits d’hygiène, d’entretien de la maison… J’invite régulièrement des amis à manger chez moi, ce qui peut faire monter très vite cette somme. La plupart du temps, mon fils et moi préparons nos repas à emporter pour le midi, mais parfois, ce n’est pas possible. Dans ce budget, je compte donc aussi les repas pris à l’extérieur (en boulangerie, par exemple) qui ne sont pas des repas plaisir, plutôt des dépenses inévitables. »
Elle explique privilégier le pratique au bon marché :
« J’essaye de ne pas prendre la voiture pour les courses du quotidien : il y a tout ce qu’il faut dans mon quartier, dont un supermarché, je fais donc 90 % de mes courses à pied, ce qui me semble normal. Et en même temps, à 10 minutes en voiture, il y a un supermarché bien moins cher, ce qui me permettrait je pense de réduire d’au moins 20% le poste alimentation, mais je n’y vais jamais. Peut-être qu’il faudrait que je m’y mette, pour faire un gros plein une fois par mois par exemple. »
Karine compte en moyenne 30 € par mois de frais pour la litière de son chat et ses croquettes. Ses déplacements lui coûtent 100 € mensuels pour un abonnement aux transports en commun de sa ville et l’essence de sa voiture.
« Mon fils est très peu dépensier »
Dans ses factures fixes, Karine compte 75 € d’électricité, 100 € d’abonnements pour un accès à internet et à la télévision, deux abonnements téléphoniques (le sien et celui de son fils) et un accès à une plateforme de streaming, 15 € de frais bancaires, et 55 € d’assurances pour son logement et son véhicule.
Elle paie chaque mois 55 € pour sa part de la taxe foncière, et une trentaine d’euros de petits achats pour la maison. Pour sa fille, elle compte 60 € de cantine scolaire.
Son fils cadet, encore étudiant, prend en charge seul la majorité de ses dépenses loisir :
« Il travaille l’été, ce qui lui permet d’avoir son argent de poche pour l’année. Avec ce qu’il gagne, il paie la moitié de ses frais de scolarité et fournitures scolaires, et je gère l’autre moitié, environ 50 € par mois lissés à l’année.
Il est adepte des friperies, et dépense très peu. Je paie ce dont il a besoin quand il est chez moi, et son père prend en charge ce qu’il faut quand il est chez lui. Il m’arrive de lui acheter, comme à son grand frère, des choses qui leur sont nécessaires : des paires de chaussettes, un t-shirt… »
Elle compte en moyenne 60 € de vêtements pour ses enfants chaque mois, et 40 € pour elle-même, une somme qu’elle tente de réduire :
« J’aimerais réduire le poste vêtements d’au moins 30 %, et acheter beaucoup moins de neuf par exemple… Mais je ne trouve pas vraiment ce qu’il me faut en friperie et vide-greniers.
Pour ma fille, je récupère pas mal de choses encore chez des amies qui ont des filles un peu plus grandes, mais elle grandit beaucoup et malgré tout il faut que je rachète régulièrement certains vêtements.
Pour moi, je ne fais pas vraiment de folies, à part m’offrir une paire de boucles d’oreilles pas chères de temps en temps. »
Les loisirs de Karine
Dans son budget loisirs, Karine sépare les dépenses régulières et les plaisirs ponctuels. Elle compte 90 € mensuels pour les cours et le matériel d’équitation de sa fille, ainsi que des cours d’aquagym pour elle. 150 € de loisirs en famille plus occasionnels s’y ajoutent : une sortie sportive, un restaurant ou un film au cinéma…
« J’aime sortir, profiter de la vie, découvrir des choses, et nous nous offrons de temps en temps un beau concert ou spectacle avec mon chéri. J’aime aussi passer du temps en tête à tête avec mes enfants, les inviter au restaurant ou au cinéma. Je fais aussi des choses gratuites, des balades ou des pique-niques. »
Elle y ajoute 150 € mensuels (lissés à l’année) pour les vacances, week-end et cadeaux de Noël ou d’anniversaire.
Enfin, elle compte dans ses frais fixes 50 € de frais divers (médicaments non remboursés, réparation de voiture lissée à l’année, petit matériel…) et 12 € de dons à une association.
Les économies de Karine
Chaque mois, Karine paie 8 € pour une assurance décès au nom de ses enfants. Elle épargne aussi 40 € sur une assurance-vie. À l’heure actuelle, elle estime avoir 950 € de côté.
Elle verse chaque mois 25 € d’épargne sur le compte de chacun de ses trois enfants, et ce, depuis des années. « C’est une manière de préparer l’avenir pour eux, même si ce n’est pas énorme », explique-t-elle.
Dans les années à venir, elle aimerait faire deux beaux voyages en famille.
Merci à Karine d’avoir répondu à nos questions !
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Crédit Photo : Artem Beliaikin sur Unsplash
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