Si, en ce doux mois de septembre, vous trouvez que votre existence mérite une plus grande dose d’adrénaline, que vous trépignez à l’idée d’acquérir des bottes noires caoutchouteuses, ou que vous rêvez la nuit d’humer ces douces effluves de crottin, ce sont les signes que le contact du cheval manque à votre vie.
Ça tombe bien, le dimanche 27 septembre, plus de 1000 clubs français ouvriront leurs portes et proposeront des activités découvertes : initiations à poney, à cheval, à pied, en attelages, des promenades, des animations et des spectacles équestres, des visites des installations… L’occasion idéale de découvrir si l’une d’entre elle pourrait vous rapprocher de votre passion, qu’elle soit passée ou naissante.
Alors si vous mettre ou remettre en selle vous tente, voici également trois conseils de Karim Laghouag, champion français de concours complet d’équitation et médaillé d’or en équipe aux Jeux olympiques de 2016.
Conseil pour se remettre en selle : diagnostiquer la raison de l’arrêt de la pratique
Un coup de sabot mal placé, une remarque sur sa culotte de cheval bicolore, ou tout simplement une peur bleue de la bête d’une demie-tonne : nombreuses sont les raisons qui peuvent vous avoir poussée à arrêter l’équitation, ou même à ne jamais l’envisager.
Karim Laghouag recommande de faire ce diagnostic avant de se mettre ou remettre en selle :
Pour se remettre au sport, il faut bien diagnostiquer les raisons pour lesquelles on a arrêté. Est-ce que c’était physique, est-ce que c’est parce qu’on avait peur, ou on avait plus le temps ? Tout ça fait reprendre d’une manière très différente.
Si c’était physique, on peut déjà se remettre le physique d’aplomb, être bien gainée, faire un peu de proprioception, la faculté de se rééquilibrer. Il y a des sports d’équilibre qui sont très bons en complément du cheval, moins sollicitants.
Si on a un peu les jetons, c’est tout à fait normal. Et heureusement d’ailleurs, parce que c’est ce qui sauve beaucoup de gens ! Tous ceux qui affirment qu’ils n’ont pas peur finissent toujours au tas en blâmant le sport. Il vaut mieux être plutôt vigilant.
Ensuite, il faut vaincre cette peur en allant dans les clubs référents de la Fédération [française d’équitation, FFE, ndlr], ne pas hésiter à parler à votre moniteur ou monitrice en disant depuis combien de temps vous avez arrêté, que vous voudriez redémarrer sans tomber évidemment. Il ne faut pas hésiter à dire qu’on veut un cheval plutôt sage, qu’on préfère pousser, qui ne va pas partir tout seul. Il faut s’autoriser à y aller mollo, à prendre soin de soi.
La communication, c’est la clé !
Conseil pour se remettre en selle : savoir appréhender la chute
Bien sûr, Karim Laghouag n’oublie pas de rappeler combien l’équitation est un sport dangereux, et appelle à la prudence face à la chute qui en paralyse plus d’une à remettre pied à l’étrier.
Thaïs Meheust s’est tuée il y a un an, c’était quelqu’un de formidable et j’en suis encore ému aujourd’hui. On s’est tout de suite positionnés avec plein d’acteurs du concours complet pour travailler sur la sécurité.
Et j’ai découvert que la meilleure sécurité, c’est le corps du sportif. Par exemple, si vous foncez dans une mêlée la tête la première en n’étant pas musclée comme il faut, vous êtes poli-fracturée de la nuque.
Vous pouvez prendre toutes les protections que vous voulez, quand vous tombez, si vous êtes bien physiquement, ça donne un vrai atout au cavalier pour éviter de se blesser. Tout ce qui est gymnique, de rouler, de sauter, de faire un peu de trampoline, tout ça fait que vous avez un repère dans l’espace, quand vous tournez. Quand vous tombez du cheval vous tombez de haut, donc si vous n’êtes pas initié, votre corps ne s’habitue que quand vous tombez. Alors que si vous êtes un peu habitué, en une fraction de seconde, vous allez vous rendre compte que là c’est le bas, là c’est le haut, là c’est à droite, là c’est à gauche, et vous allez mettre l’épaule comme il faut.
Dans mon sport étude, quand j’ai commencé, on nous demandait de sauter de cheval. Au pas, au trot et au galop. La voltige m’a beaucoup aidé aussi, c’est pour ça que je me suis très peu blessé, enfin je touche du bois !
Quant à l’injonction de remonter à cheval immédiatement après la chute, Karim appelle à la prudence :
Aujourd’hui, ce n’est plus tellement conseillé, en tout cas immédiatement. On s’est aperçu qu’on pouvait avoir notamment des traumatismes crâniens, le moniteur ne s’en rend pas compte et finalement on remonte et on retombe au bout de quelques mètres. Donc aujourd’hui on se calme par rapport à ça.
Mais c’est évident, faut surtout pas rester sur une chute. Donc si ça va, faut pas hésiter à remonter, mais pas dans l’esprit dans lequel on montait auparavant. Il faut discuter avec son moniteur, demander quelle est la raison pour laquelle je suis tombée pour ne pas refaire la même erreur. C’est quand il y a des silences qu’on en arrive là je crois.
Conseil pour se remettre en selle : être prête physiquement et mentalement
Combien de fois a-t-on entendu que l’équitation n’était pas un sport, puisque c’est le cheval qui fournit tous les efforts ?
Le coach physique de Karim Laghouag, Guy Bessat, a écrit Le cavalier, ce sportif qui s’ignore tant, au titre particulièrement bien à propos. Depuis quelques années, on redonne sa place de sportif au cavalier :
Quand j’ai vu mon premier coach physique en 2008, il a vu mes bras il m’a dit : « On dirait un vélux. C’est pas bon pour vous ».
On commence seulement à parler depuis quelques années du travail sur le cavalier. Avant ça n’existait pas, on se concentrait que le cheval. Il avait tout : la musculation, la sophrologie, la balnéothérapie, le bien-être, la santé mentale… Mais depuis quelques temps, on dit quand même qu’il faudrait que le cavalier se muscle, qu’il soit préparé mentalement, qu’il soit plus équilibré de partout.
Je me suis aussi beaucoup intéressé au coaching mental, à l’imagerie mentale méditative, à la respiration pour diminuer le stress. On n’y fait pas attention : on respire sans y réfléchir. On n’est pas forcément en phase avec son coeur.
Pour être pile en phase, c’est cinq secondes d’inspiration à fond et cinq secondes d’expiration à fond. Et si vous faites ça déjà, c’est hyper décontractant. Vous avez un petit peu d’apnée à ajouter à ça, et ça met le corps dans une concentration ultime. Bon, il ne faut pas le faire trois secondes, plutôt 25 minutes, et ça ne donne pas les mêmes effets sur tout le monde. Mais moi, rien qu’en faisant ça, je sens tout, je sens même les émotions arriver, mais je les contrôle davantage.
On utilise l’adrénaline, ça c’est positif, et on laisse tomber les émotions qui polluent. Plus on travaille, plus on diminue ce taux de stress.
De quoi garder la paix intérieure et remonter en selle sans souci !
À lire aussi : L’équitation, ce sport très féminin… avec peu de femmes à haut niveau
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Les Commentaires
Si jamais cela te tente je te conseille vraiment d'essayer ! Il y a des abus qu'importe la discipline ou le style de monte, donc il faut rester vigilant.e quant à l'écurie qui te propose des cours mais si tu tombes sur une bonne écurie qui propose des vrais cours westerns (et pas juste la monte classique avec équipement western) ça pourrait vraiment te plaire !
Et même en reining de compet le mental a une très forte influence. Quand on regarde un show de reining on pense qu'on démontre seulement la capacité physique du cheval mais en fait non, c'est également une démonstration de sa capacité à monter dans les tours en un claquement de doigt, sans se précipiter, et à redescendre immédiatement dans le calme et l'écoute du cavalier. Cette capacité on / off est primordiale et il faut que le cheval soit bien dans sa tête pour y parvenir. De même, si le cheval fouille de la queue, ouvre et ferme la bouche, couche les oreilles et donc montre un signe d'inconfort ou qu'il ne s'exécute que de manière réticente, le cavalier perd des points. Le but est de montrer que le cheval s'exécute avec facilité, presque avec plaisir, dans la relaxation et avec une écoute absolue de son cavalier. Donc en vrai il ne s'agit pas simplement de démontrer la vitesse et la force, ou les figures, mais aussi comment elles sont exécutées et sans le mental c'est impossible.
(Maintenant encore une fois, comme dans tout haut niveau il y a des abus et de pratiques que je condamne mais en tous cas c'est le but initial)
Je suis d'accord c'est super intimidant au début et ça blesse un peu le moral de se retrouver si débutant après autant d'années. Maintenant c'est une équitation très bienveillante, personne ne te jugera et au contraire, en monte western on est toujours ravi quand quelqu'un se montre curieux et désireux d'apprendre cette autre discipline. Et honnêtement on apprend très vite car le principe coule assez de source et rejoint la tendance naturelle du cheval, donc même le cheval comprend également plus vite et assez aisément. Mon cheval a été monté en classique 7ans avant que je ne le mette en western et il a été métamorphosé en 3-4 mois